Ce que montre l'article n'est pas encore du top classe. A Jakarta, ce type de salle est juste du moyenne classe, le haut de gamme propose des couchettes et des tables à côté. Oublions l'euros et la France une seconde, je vous donne une exemple concret que je vis au quotidien. Voir un film dans ces conditions tourne entre 150 et 250.000 rp selon le moment (heure d'affluence ou non), tandis qu'une salle comme dans l'article reste dans les 100.000 rp. Voir un film dans une salle normale de bonne qualité (meilleur que le standard en France) coûte 50.000 rp. Le standard français représente une entrée à 25.000 rp. Enfin, la salle de base coûte 10.000 rp.
Le salaire moyen d'un habitant de Jakarta est 1.000.000 de rp (avec un loyer de 4 ou 500.000 rp en moyenne. Je peux donc vous assurer que les indonésiens moyens ne vont pas souvent dans les salles qui coûtent 50.000 rp (faut un film qui arrache) et jamais dans les plus chères (pour les riches et les étrangers). Donc en effet, tout le monde peut trouver sont compte et voir un film avec ses moyens. Mais pour ceux qui sont limités aux salles à 10.000 rp, les décharges municipales en France sont tout aussi propre (j'exagère à peine), tu ne sais pas si c'est un ami qui te tape dans le dos ou un cafard gros comme trois doigts qui fait un pique nique. On trouve de la bouffe de dix jours un peu partout et il faut espérer que personne n'ait vomis dans les deux ou trois semaines passés (l'odeur persiste assez longtemps). Les projecteurs ont fait la guerre et il n'est pas rare que la pellicule se déchire (ce qui est balèze car maintenant la pellicule est en polyester (très solide)... les conditions sont horribles. Bref, le constat me semble assez simple (même si pas universel, pas la peine de chercher à me coincer la dessus Ghostdog, ce n’est pas mon propos), les exploitants vont creuser la qualité en entretenant mieux les lieux très chers et de moins en moins, de moins en moins les salles pour ceux qui ont moins d’argent. C’est déjà une spécialité française de ne pas faire un service de qualité, avec ces nouvelles salles on aura l’argument ultime pour justifier du non entretien : »tu veux mieux, payes plus cher et va dans la salle d’à côté ». Vivement qu'il y ait la même chose en France. Ces salles chics vont aussi porter atteinte à une certaine mixité qui existe en France, un pays où les classes moyennes sont très importantes ce qui offre un espace intermédiaire pour toute les couches de la société (c’est encore plus flagrant quand on vit dans un pays sans classe moyenne.)
Je comprends de moins en moins l'argument de l'uniformisation... c'est comme ça partout alors ça doit être pareil ici... qu'est ce qu'il y a de mal à avoir ses singularités ! C'est bien qu'il y ait un endroit dans le monde qui soit un peu différent du reste et pour ceux qui veulent comme partout ailleurs, pourquoi ne pas aller partout ailleurs et laisser ce petit pays faire son petit bonhomme de chemin. Les gens ont critiqué les multiplexes (avec un ton bien moins ridicule que ne le formule Ghostdog qui à force de caricaturer sarcastiquement les idées qui ne lui plaisent pas devient lui même une caricature) et pour tout ceux qui voient le cinéma comme autre chose qu'un paquet de pop-corn, ils avaient raison. En effet, si on est un mangeur de cinéma, pour ceux qui vont au cinéma plutôt que d'aller voir un film, les détracteurs des multiplexes et autres évolutions qui vont aller avec doivent être des martiens et ils semblent avoir du mal à comprendre qu’il y a une perte sèche pour beaucoup dans ces évolutions, mais peu importe le reste, les autres ne sont pas leur affaire. C’est terrible que même un espace collectif comme le cinéma soit rongé par l’individualisme comme ça, c’est tellement contradictoire. Je suis entièrement d’accords avec Epkit qui pose très bien certains des enjeux de ces évolutions. Il y a juste deux petits détails sur lesquels je serais plus modéré… le cinéma est un art populaire et les bruits d’une salle font pour moi parti intégrante du dispositif. Evidement il faut une certaine retenu. Ici, les gens téléphonent pendant les films et tentent parfois de parler plus fort que le film pour être sûr que leur correspondant les entende et il ne leurs vient pas à l’idée de ne pas répondre ou de sortir (y aune belle pétarade dans The Dark Night et ma voisine criée comme une malade au téléphone au même moment, j’ai même cru qu’elle allait demander au film de faire moins de bruit). Mais j’aime quand dans un film un peu dure, quelqu’un éclate de rire (par exemple), ça en dit long sur ce qu’il est entrain de vivre et est parfois l’expression de ce qu’une partie du publique ressent. Le Japon est encore plus religieux que la France sur ce point, j’avoue que c’est agréable de voir un film dans un silence total pendant deux heures de prières, mais ça manque un peu de vie. Enfin, le système de production français est loin d’être parfait, mais il permet à tellement de gens et de cinéma d’exister que je ne souhaite en rien sa disparition. C’est grâce au dispositif global de production que le Fond-Sud existe par exemple et sans lui le cinéma indépendant de beaucoup de pays d’Asie n’existerait pas… allez vous-même voir les soutiens financiers des réalisateurs indépendants que vous appréciez, et des cinématographies naissantes dans certains pays, vous verrez que la France et souvent partenaire (exemple locale Nan Acnas qui à réalisé grâce au Fond Sud et au service de coopération de l’ambassade de France Ashes of Sands et Le Photographe ou le film bien moins artistique Lost in Love tourné à Paris).
je ne vais pas l'empêcher avec mes petits bras muscler, simplement ce que je vois ici me laisse envisager beaucoup de problèmes, de complications et d'inégalité engendré par cette diversification par le luxe du parc d'exploitation.
La situation du Japon est très différente de celle de la France (mode de vie, pouvoir d'achat, etc...) et le sens de la qualité dans ce pays permet de proposer des espaces plus luxueux sans que cela baisse le niveau des salles déjà existante. La France est loin d'être de cette trempe, la notion de service est catastrophique dans notre pays (on le constate tous, tous les jours) et la disparition des classes moyennes me fait penser que (toutes proportions gardées), nous allons plus tendre dans un sens similaire à l'Indonésie qu'au Japon. Je n'empêcherais rien, je me navre simplement de la nouvelle qui signifie clairement une baisse de qualité pour la population normale et je vois dans ce projet un pas de plus dans la détérioration du lien social.
Raison ou tords dans mon appréhension des choses, seul l'avenir nous le dira car en effet ni moi ni un autre ne va changer quoi que ce soit. Sincèrement j'espère me tromper.....
et désolé pour le " Avec un ton bien moins ridicule que ne le formule Ghostdog qui à force de caricaturer sarcastiquement les idées qui ne lui plaisent pas devient lui même une caricature" nous n'en sommes pas notre première discussion de ce type et tu as cette petite tendance des fois, mais je n'aurais pas du mettre ça :p