Un film à Oscar... Agréable à regarder mais mineur : de l'humour ok, mais pas de prise de risque, traitement consensuel, mélo facile, portraits superficiels...
Ok je vais versé une larme, mais ce n'est pas une raison pour perdre tout esprit critique.
À voir le réalisateur laisser passer tant d'occasions de développer une véritable réflexion autour de la situation de personnages qui se prétaient pourtant si bien à l'adoption d'un point de vue critique, on finit par se résigner et enfin accepter de prendre ce Departures pour ce qu'il est : un drama japonais original et soigné qui cède certes à la facilité lors de deux ou trois plans d'égarement mais fait finalement preuve d'une véritable exigence dans le fond comme dans la forme. Mention spéciale à une HIROSUE Ryoko qui parvient à être bouleversante en un simple regard.
NB : film représentant le Japon pour les Oscars en 2009.
Calibré pour les festivals et quelques rares salles de ciné qui osent diffuser de la production étrangère autre qu'hollywoodienne, Departures reste ultra conventionnel et ne sort jamais d'un schéma classique très bien établi. Le sujet est relativement bien trouvé, même si l'analogie avec la musique est un peu pataude, mais au moins peut-on saluer la tentative d'aborder un thème difficile, à défaut d'être inédit. Sinon, j'ai apprécié la prestation de Ryoko Hirosue, même si elle ne force pas non plus.
Je m'attendais à une fin plus audacieuse, déception là aussi. C'est très (trop?) guimauve, un bon petit drame des familles.
Bien partir, c'est important. Departures sait le faire, presque trop bien. En ouvrant le film sur une scène de préparation de corps, le film captive immédiament par la beauté de cette cérémonie, et marque des points en faisant preuve d'un humour qui contraste habilement avec la gravité de la scène. Le développement de l'histoire est ensuite d'un grand classicisme, voir même académisme, mais l'ensemble reste d'une efficacité redoutable, notamment grâce à cet humour qui évite de sombrer dans le drame et d'une technique fort efficace. On y croit donc jusqu'au deux tiers du film, avant que Departures ne sache s'arrêter et sombre complètement dans le mélo tape à l'oeil. Le film atteint son summum dramatique avec la scène de préparation du corps de la propriétaire du sauna. Il aurait été alors intelligent de savoir s'arrêter là et d'en rester sur une histoire finalement simple mais d'une rare efficacité. Au lieu de ça, on embraille sur du mélodrame à l'américaine bien loin de la retenue habituelle des films japonais, ce qui est d'autant plus décevant. On perd alors tout humour, on accumule les monologues lourdingues avec une intrigue bâteau inutile sur le père du personnage principal, et on répète alors une fois de trop ce qui faisait la beauté du film, la fameuse cérémonie. L'effet de surprise n'est plus là, la surenchère de scènes voulues très émotionnelles conduit à l'overdose, et le film se tire une balle dans le pied. On ne s'étonnera finalement pas qu'il ait décroché l'Oscar tellement il semble calibré pour ce genre de film. Ce conformisme peu flatteur contraste alors tellement avec une premier tiers très séduisant qu'il met franchement en colère.
Equarisseur, tanneur, boucher, bourreau, croque-mort,… Ces métiers au contact du sang et de la mort sont considérés comme impurs par le shintoïsme, la religion principale au Japon. Ils sont réservés à des castes considérées comme inférieures, telles les burakumin, et largement discriminées dans le pays, encore aujourd’hui.
On ne peut saisir la portée sociale et libératrice de Departures si l’on n’a pas ces faits en tête, à commencer par les réflexions appuyées du meilleur ami et de la femme de Daigo lui conseillant ardemment de changer de métier s’il ne veut pas s’attirer des ennuis. En cela, le film de Takita porte un message occidental, un message chrétien : l’individu doit parvenir à s’extirper de sa communauté pour accomplir son destin, il ne doit pas renier ses talents et ses passions à cause d’une quelconque pression extérieure.
Car Daigo, violoncelliste de formation, découvre tout à fait par hasard un métier dont il ne soupçonnait même pas l’existence : celui de préparateur de cadavre avant l’incinération. Poussé par la nécessité économique bien que profondément écoeuré par ce qu’il fait, il va rapidement se rendre compte à quel point il est utile aux autres : en redonnant vie un dernier instant à un proche décédé, en l’habillant avec soin, en le maquillant devant la famille, il constate à quel point il émeut les membres de la famille du disparu, qui semblent en avoir besoin pour faire leur deuil et accepter de continuer à vivre.
Tout le reste du film suivra cette veine : au fil du temps, Daigo se convaint qu’il a fait le bon choix, jusqu’à expérimenter lui-même cette émotion en s’occupant de son père dans une scène finale déchirante, tout en emportant l’adhésion de ses proches. En élevant son métier au rang d’Art éphémère tels l’ikebana ou l’origami, il semble également renouer avec les traditions enfouies de son pays.
Bouleversant par ses thèmes, son humour subtil et sa bonne dose d’espérance en l’Homme bien qu’il puisse être ressenti comme trop académique sur la forme, Departures a cependant largement mérité son Oscar 2009 du meilleur film étranger.
Ce qui est assez merveilleux avec le cinéma japonais depuis les années 80, et son avalanche de comédies mélo/dramatiques pour adolescents, c’est son pouvoir de constamment raconter quelque chose. Le matériau de base n’est pourtant pas des plus folichons, tournant très souvent autour d’un amour inavoué, d’une passion honteuse, d’une crise au sein d’un couple, des évènements et des scènes déjà vus depuis des années qui arrivent à être intéressants lorsque mis entre de bonnes mains : ce n’est plus une surprise maintenant, Takita Yojiro a eu l’oscar. Qu’est-ce qui a pu faire la différence aux yeux des jurés occidentaux, face à d’autres films sûrement plus « accessibles » ? Sa sincérité absolue, sa douceur, sa chaleur, sa gaieté également. Trop c’est trop ? Certes Departures accumule les séquences les plus déchirantes avec une petite frénésie, il est d’ailleurs étonnant de constater que chaque mise en bière se distingue d’une autre, et si la grande majorité tire les larmes du spectateur avec une belle souplesse, grâce en partie à leur mise en scène et l’utilisation du score inoubliable de Hisaishi Joe, la lourdeur du deuil est parfois désamorcé par de franches séances de rire : première mise en bière, premier gag. Le spectateur est prévenu. Dernier tiers, une grand-mère s’en va, la famille l’embrasse tour à tour à coup de gros rouge à lèvres, on pleure et l’on rigole entre nanas. C’est la fête malgré le deuil. La mise en bière étant le dernier moment qu’une famille peut vivre avec le ou la défunt(e), les moments de recueillement sont intenses et le spectateur y participe également. Rien de bien étonnant de voir son voisin sortir les mouchoirs au rythme des plans récurrents sur le visage –pourtant- rayonnant du défunt, au rythme des notes de piano et de violon d’un compositeur en très grande forme. La mise en scène sait aussi se faire discrète, peut-être trop pour un film récompensé à peu près partout où il concourrait, on craint même au syndrome qui touche tant de dramas nippons, celui qui consiste à filmer simplement pour mettre en scène ce qui a été écrit en amont.
Pourtant, chaque séquence de mise en bière propose son détail : un portrait, une couleur, un flou artistique, une zizanie, un silence. La variété évite ainsi que l’on tombe dans la répétition un peu involontaire, mais attendue avec un pitch pareil. Mais à quoi assiste-t-on à côté de cela ? A la renaissance d’un joueur de violoncelle mis sur le carreau suite à la dissolution de son orchestre, de sa nouvelle vie dans son village natal où il neige et où les cerisiers en fleurs, de son combat contre les préjugés : « trouve un métier plus honorable » lui disait son vieil ami, le rejetant sous prétexte qu’il « accompagne » les morts vers l’au-delà, homme à présent impure aux yeux de son épouse qui ne savait rien de son nouveau métier lorsque tous les deux ont déménagé voilà quelques jours. Brave type pourtant que ce Daigo, un peu gauche, un peu précieux (frôle l’infarctus en voyant son sang après une coupure au visage), attachant à l’image de l’ensemble du casting : Mika son épouse, un regard de fou furieux, Sasaki-san son patron, imperturbable et plus humain qu’on ne pense. Belle performance des anciens également, de la patronne des bains publics au gardien des lieux, la chaleur humaine est bien là. Pourtant à y regarder de plus près, Departures est classique, mais presque parfait dans ce qu’il entreprend : la solidité du couple Daigo/Mika fragilisée par la profession du mari, un père qu’il n’a vu que jusqu’à ses six ans, une ancienne qui souhaite que son fils poursuive ce qu’elle entreprend depuis des années, etc. Rien de bien nouveau certes, mais le film est d’une telle sensibilité, d'un tel respect face à cette profession qui "touche" un sujet tabou au Japon, qu’il pourrait tirer les larmes même des plus endurcis, à condition d’avoir un certain recul sur un cinéma un peu foutraque où les personnages peuvent faire des têtes pas possibles (théâtralisation, manga-isation poussée parfois à l’extrême) et chouiner une bonne partie du film.
Toujours dans la mise en garde, bien que la musique soit juste admirable, apportant l’ampleur mélodramatique et contenant son nombre de morceaux marquants juste ce qu’il faut, certains violons sont à la limite de faire basculer le film dans le too much. Mais selon la sensibilité de chacun, on peut y prendre goût. Dernier reproche, certaines figures sont parfois trop appuyées, comme l’envol des cygnes symbolisant le voyage des morts vers l’au-delà où bien les saumons qui se battent pour passer le courant et qui échouent à la limite, une scène non sans rappeler le parcours de Daigo. Philosophie un peu simplette, pourrait-on dire. Mais que diable, rarement un film n’aura aussi bien passé du rire aux larmes que Departures, rarement la musique n’aura aussi bien rempli son rôle, sorte de procédé à part entière délivrant de formidables choses, la belle alchimie entre les acteurs fonctionne également à plein régime, Takita Yojiro nous finit au sol en revenant sur l’enfance de Daigo et le père qu’il n’a jamais connu par l’intermédiaire d’un épilogue bref mais touchant. Ce mec a tout compris à la comédie dramatique. Les gros bras sont prévenus, ils ne feront pas les malins devant Departures, bouffée d’air frais 100% qui fait du bien à l’organisme (ou comment finir sur une touche bio, pas plus mal par les temps qui courent).
...une bonne grosse entreprise de promo d'un secteur en pleine expansion (on ne rigole pas, le syndicat en question est crédité au générique).
Très mal joué (Hirosue Ryoko dans un film "sérieux" = non) et surlignant constamment les émotions qu'il cherche à susciter chez le spectateur, comme trop souvent dans le cinéma japonais contemporain, ce Nième film de "propagande" sociale conformiste et consolatoire est, comme ses prédecesseurs, interminable sans pour autant parvenir à instaurer une atmosphère un tant soit peu cohérente, multipliant scènes édifiantes et coups de théâtre aussi gros qu'attendus.
Heureusement, il reste encore Kore-eda, mais pour le reste, le cinéma japonais file un mauvais coton: Imamura, reviens; ils sont devenus c0ns!!!
Il est tout e même sacrément curieux de voir décrocher un film comme "Departures" la prestigieuse statuette en or, qu'est l'Oscar du meilleur film étranger.
Il décroche l'Oscar après des mois et des mois d'intenses efforts de la part des japonais à promouvoir à nouveau leur cinéma sur une échelle internationale. Jamasi encore n'avait-on vu autant de producteurs et distributeurs se déplacer à la plupart des Marchés du Film internationaux (et notamment au Festival de Cannes en 2008), tandis que le Festival de Tokyo a tenté de faire peau neuve en donnant un coup de jeune à l'équipe, la sélection et son habillage médiatique (avec un tapis "vert" pour célébrer "l'écologique [sic]).
C'est que le marché nippon s'est toujours suffi en lui-même et que les producteurs et distributeurs n'ont jamais vu le besoin, ni la nécessité de s'exporter…Une constante depuis els débuts du cinéma, qui s'est perpétué tout au long de son Histoire…LE coup d'éclat de l'Oscar de Kurosawa n'était dû, qu'à la hargne d'un producteur occidental à sortir le film du pays pour le présenter à de Festivals internationaux; tandis que l'important coproduction franco-nipponne de "l'Empire des sens" est encore perçu jusqu'à ce jour comme une haute trahison par les instances nipponnes, qui n'ont jamais su digérer que le film a été produit (et développé) dans leur dos à l'étranger.
Impossible de négocier également des prix raisonnables pour certains films pendant des années, le yen ayant été une monnaie particulièrement forte et les japonais ne démordant pas de tarifs absolument prohibitives pour tenter de vendre leurs œuvres – sous peine d'accuser l'acheteur potentiel de dénigrer l'œuvre, de ne pas le percevoir à sa "juste valeur" et donc de déshonorer producteur et équipe réalisatrice du film…L'un des nombreux désavantages du puissant système des studios du cinéma japonais.
Avec le temps els mœurs changent. Arrivés à une nouvelle apogée de leur cinéma avec une productivité repassée au-dessus de celui du début du déclin au cours des années 1970 (le Japon se classe à nouveau comme second pays producteur du monde avec plus de 600 films produits annuellement, dont 418 sortis au cinéma en 2008), les producteurs sont cette fois attentifs à tenter de rester à niveau et à multiplier les entrées d'argent…D'où l'ouverture au monde et la volonté appuyée de renouer liens avec des acheteurs internationaux potentiels.
Quelle meilleure vitrine de ce renouveau qu'une récompense ultime, un signal envoyé à la Terre entière: le décrochage d'un OSCAR hollywoodien. Et PAF, ça arrive, dis donc…De quoi laisser un profond arrière-goût prononcé, tant ce film ne le méritait pas face à des concurrents comme "Valse avec Bachir" par exemple (quant à mettre le film face aux trois précédents Oscars gagnés, dont le fameux "Rashomon" de Kurosawa, il n'y a plus photo)…De quoi également se rappeler des sérieuses accusations portées par certains membres des votants en 2008, qui dénonçaient les Oscars comme une immense machine à fric, où pots de vin et écrasantes campagnes marketing étaient légion pour promouvoir telle ou telle œuvre.
"Departures" est un film mignon; un projet de longue haleine porté à bout de bras par son interprète principal Masahiro Motoki, qui en avait vendu l'idée il y a plus de 7 ans aux producteurs Toshiaki Nakazawa et Yasuhiro Mase. Un projet assez couillu, surtout par un studio pépère, comme la Shochiku, peu enclin à prendre des risques inconsidérés comme le fait de filmer un scénario sans grandes vedettes et dont le scénario original ne soit ni adapté d'un roman à succès, ni d'une série TV populaire, ni même d'un manga…Le curieux choix deYojiro Takita ("Ashura") à la réalisation semble d'ailleurs indiquer, que le studio cherchait à s'assurer de al complicité d'un parfait yes-man pour ne surtout pas risquer à s'écarter de formules éprouvées…Surtotu que l'art du "nokanshi" aurait pu rapidement s'entourer d'un certain parfum de scandale dans un pays largement athéiste (beaucoup de japonais changent de "saint" en fonction de leurs besoins et des époques sans vraiment croire en une seule entité divine et le fait de travailler sur des cadavres est vu avec scepticisme).
Cette méfiance envers les "laveurs des corps" est d'ailleurs l'un des thèmes forts du film: une nouvelle fois, il transparait l'incroyable capacité à préjuger certaines choses au Japon et d'exclure rapidement une personne en raison de sa "différence". Thème phare du bouleversant "Bashing", où une jeune femme est dans l'impossibilité de mener une vie normale après s'être enrôlée comme infirmière bénévole en Irak et avori été prise en otage; thème également abordé dans la récente comédie dramatique "One million yen girl", où Yuu Aoi est rejetée par tous pour avoir purgé une peine de prison de rien du tout.
Cette fois, c'est l'ancien violoncelliste Daigo, reconverti en "nokanshi", qui va en faire les frais, jusqu'à ne plus se faire adresser la parole par les concitoyens de son petit village et même voir sa (jeune) femme le quitter. Œuvre familiale oblige, tout le monde va surmonter cette stigmatisation au cours d'une scène particulièrement émouvante. Ouf, l'honneur est sauf et la morale bien présente.
D'ailleurs, l'ombre du studio plane comme une menace autour de toute l'entreprise et chaque situation un peu ambiguë sea résolue avant la fin du film pour en faire une œuvre toute proprette…Cela donne malheureusement lieu à une déferlante de bons sentiments et de dénouements heureux durant la très, très, très longue dernière partie lacrymale. Je partage totalement le point de vue de François en trouvant totalement vaine et superficielle l'ultime rebondissement, qui en sert qu'à soutirer les chaudes larmes de son audience. S'arrêter sur la mort de la gérante des bains publics aura largement suffi et déjà dénoué le gros des "problématiques" du film.
Dommage, car il y a des vrais morceaux (de fruits de choix (à commencer par l'extraordinaire séquence d'ouverture entre rires et larmes) à retirer du film; malheureusement ces morceaux se noient dans une bouillasse fade et insipide parfaitement façonné au grand public (décidemment mondial, vu les nombreux prix glanés un peu partout).
A souhaiter, que les gros studios prennent courage à financer d'autres projets indépendants comme celui de "Departures" à la base; mais je crains, qu'on assistera davantage à une ribambelle de pâles copies de "Departures" pour tenter de surfer sur le succès de ce dernier, qu'à une déferlante de créations personnelles et artistiques…
L'air de ne pas y toucher, Departures nous invite à considérer, pêle-mêle, la Grande Question de la Vie et de la Mort (leur essence et les quelques moments qui séparent la fin de l'une et le début de l'autre), la filiation (dans ses aspects relatifs à la transmission des valeurs d'une génération à l'autre, ou la responsabilité qu'elle implique) ou, si je ne m'abuse, la discrimination envers les métiers considérés comme "souillés" (les burakumin). Le tout habilement dissimulé dans un scénario finement ciselé (limite un chouille trop, d'ailleurs).
Il ménage en tout cas le public occidental, comme, par exemple, avec cette magnifique astuce scénaristique qui nous aide à comprendre un peu mieux le rite funéraire japonais avant d'aller plus loin dans le film (ce délicieux tournage de vidéo "professionnelle").
Quoi qu'il en soit, ce récit lacrymogène (preuve à l'appui, nettement audible sur le public de la salle, moi inclus... à moins qu'il ne s'agisse du résultat de la pandémie grippale ?) sait ménager les moments de respirations, les bouffées de gaîté, en portant sur ses personnages le même regard doux et tendre (chacun ayant l'occasion de montrer ses failles et ses beautés) que celui porté par nos croque-morts sur les dépouilles de leurs "clients".
Le beau visage de Masahiro Motoki, concentré sur ce rite émouvant, le tout orchestré par Joe Hisaishi (impossible de contredire tout ceux qui, ici ou ailleurs, mentionnent sa réussite) font de ce film une très belle surprise et de Yojio Takita une découverte.
PS : un seul (tout petit) bémol, le prêchi-prêcha de l'employé du crématorium, maladroite tache de gras dans toute cette subtilité.
Une histoire simple mais originale toute en émotion et pudeur; un métier considéré au Japon lcomme impur lorsque l'on n'y a pas recours pour ses proches mais qui devient un réconfort car il magnifie le defunt avant son dernier voyage.
Et puis une bande son MAGNIQUE.
Daigo, jeune violoncelliste, perd son emploi lorsque son orchestre doit fermer boutique. Il se résoud à retourner dans sa petite ville du centre du Japon et prend, sans oser le dire à son épouse, un emploi dans une entreprise un peu spéciale : le voilà désormais croque-mort. Mais au Japon, le métier est doublement original : plus qu'ailleurs, il est mal considéré (et de fait réservé à la basse caste des burakumin) ; et au pays de la cérémonie de thé, de l'ikebana et des arts martiaux, il est pleinement ritualisé et obéit aux règles du kata (la forme).
Le film a rencontré un grand succès partout (sauf, bizarrement, en France où le distributeur mériterait d'être pendu à un croc de boucher) car, comme d'autre films auxquels il peut se comparer (La Vie des autres ou Une séparation), le film est à la fois très inscrit dans son contexte national, brillamment mis en scène mais sans virtuosité et touche à des sujets universels (le deuil, la famille, la mort). Bref, le langage et le message font corps dans ce film intime, qui passe aisément et avec élégance de l'humour au mélodrame, et qui sait faire pleurer - sans recourir trop ostensiblement aux recettes du genre.
On pardonnera donc quelques plans malheureux et très cliché.