(Dé)Mission
Le casting de l'année pour le plus gros ratage de l'année, rien de moins.
Mob Sister est un énorme ratage, un gachis de talents comme on en voit rarement. Pourtant avouez que ça avait de la gueule sur le papier: Eric Tsang, Anthony Wong, Simon Yam, Alex Fong, on ajoute une touche d'ancienneté avec Yuen Wah, et de jeunesse avec Karena Lam et Liu Ye. Dans le genre, on surpasse The Mission tout de même. Justement, the Mission. Pourquoi une référence au film culte de Johnnie To? Même durée très courte, même histoire de triade avec un groupe ressemblant étrangement à celui du polar de la milkyway (Anthony Wong et ses lunettes noires entouré de "all star"), même envie de faire un film dont le style marquera. Sauf que Wong Ching Po n'est pas Johnnie To.
Lancé un peu trop fort par Anytime Picture avec son sympathique mais limité
Jiang Hu, le soit-disant grand espoir du cinéma HK se prend les pieds dans le tapis de la sur-stylisation. Vous trouviez
Jiang Hu poseur?
Mob Sister le ferait passer pour du Chabrol. Ce n'est pas compliqué, TOUS les plans du film sont chiadés à mort. Et alors me direz-vous, c'est une bonne chose non? Sauf qu'il faut aussi penser à raconter une histoire, et pas seulement à choisir le bon cadrage pour avoir un plan qui déchire. En se regardant filmer, Wong Ching Po oublie tout simplement de raconter son histoire. Certains pourront trouver ça bandant comme ils ont pu prendre du plaisir devant
Casshern, mais personnellement je ne me souviens pas avoir aussi souvent regardé l'horloge pour attendre la fin du supplice.
Et si au moins la stylisation visuelle valait le déplacement. Mais au contraire d'un film d'action où elle peut se suffire à elle-même pour divertir (voir du côté de chez Kitamura), dans un film à vocation "fresque mafieuse" comme celle-ci, il faut que l'ambiance et les enjeux dramatiques prennent. Hors ici, c'est le zéro pointé. On démarre dans un gros clip, sans aucune possibilité de s'attacher à des personnages trop vite brossés, sacrifiés sur l'autel de la frime. Plus le film avance, plus on s'en fout. Reste deux trois passages sympathiques, mais à quoi bon? Le scénario d'un Szeto Kam Yuen qu'on a connu bien plus inspiré n'est pas si mauvais en lui-même, mais il aurait nécessité une bonne demi-heure de plus pour prendre vu le nombre de personnages et le côté saga qui nécessite plus d'ampleur. Et bien sûr, la photographie est propre maintenant à HK, les images sont belles, on empile des voitures, il est joli mon temple, il est cool Anthong Wong avec ses lunettes. Sauf que ne s'appelle par Tsui Hark, John Woo ou Johnnie To qui veut. Wong Ching Po vient de nous montrer à ses dépens. Il n'a probablement pas ni l'expérience ni les épaules pour gérer ce genre de projet. Et il ne faut pas voir en lui le seul coupable, mais aussi ceux qui l'ont lancé un peu trop haut un peu trop vite et lui brûle les ailes.
Alors
Mob Sister nul? Allez, on peut le dire, et prétentieux en plus, à fuir comme la peste, le gros coup de gueule de l'année.
Il y a des films comme çà…
… Absolument nuls de bout en bout, du rythme à l’interprétation, du scénario aux rebondissements, des cascades aux dialogues, des films où rien ne fonctionne, où chaque gag tombe à plat, où chaque scène est navrante ; des films tellement au raz des pâquerettes que les producteurs se sentent obligés de montrer que, quand même, ils y ont investi du pognon dans cette daube à défaut d’autre chose, hein, vous avez vu toutes les voitures neuves qui se castagnent ? Oui, on a vu, mais on avait également vu çà chez les Charlots il y a bien longtemps. Mob Sister, ou la réincarnation des Charlots en Hong-Kongais. Il faut aimer…
(Ré)Mission
Difficile de nier l'échec de l'entreprise, alors que
Jiang Hu était un bel exemple de maîtrise esthétique qui parvenait à créer un climat et par là même rendre le film intéressant, Wong Ching Po part ici dans tous les sens avec une réalisation qui semble le submerger et une technique dans laquelle il se noie. A coté de quelques plans réussis (la réunion des gardes du corps dans la salle du temple, la montée de l'escalator), se trouvent pêle-mèle toutes les idées qu'il a du un jour griffonner sur un coin de table en se disant que ça ferait bien dans son prochain film. Tout cela déstabilise trop le spectateur et semble même toucher les acteurs: on a rarement vu un tel casting aussi mal utilisé. Qu'Alex Fong soit un peu transparent, c'est assez habituel; par contre la même chose de la part de Simon Yam et d'Anthony Wong, il y a de quoi être déboussolé. Même les admirateurs de Karena Lam devraient être déçus de sa performance. A priori, aucun d'eux n'a compris où Wong Chi Po voulait en venir, pas plus que nous d'ailleurs ni probablement le principal interéssé lui-même. Alors faut-il garder espoir en Wong Chi Po après avoir vu ce film? Oui sans aucun doute, car du talent il en a, sa maîtrise des plans, son sens de la dynamique et une certaine propension à oser devraient lui permettre de renouer rapidement avec le succès. La meilleure chose avec Mob Sister, c'est que son échec l'incitera surement à refaire le point sur ses capacités et lui donnera l'occasion de réfléchir sur son métier.
21 septembre 2005
par
jeffy
Le petit chaperon rouge
Dans la parfaite continuation de son oeuvre, WONG Ching-Po continue d'animer le débat. Toujours soutenu par l'intelligentsia hongkongaise, par les vedettes de l'archipel, comme par quelques critiques à l'étranger, il poursuit son bonhomme de chemin pour asseoir son savoir-faire certain; car il faut avouer, qu'il est effectivement l'un des rares réalisateurs actuels à dégager son propre style et à inclure des accents auteurisants au sein même d'une cinématographie HK purement commerciale.
De ses deux premiers moyen-métrages "Bamboo Doors" et "The Dogs", il reprend les thématiques favorites de son ancien comparse scénariste Simon Lai, à savoir explorer les structures même d'une cellule familiale. De son premier "Fubo", il poursuit son attachement au développement des caractères, donnant la part belle à ses acteurs - fait unique dans le cinéma HK actuel, qui privilégie généralement de l'action au détriment d'un quelconque approfondissement psychologique. Enfin, de "Jiang Hu", il reprend le monde des triades et la difficile question de l'individu propre au sein même de castes sans visage. Eric Tsang aimerait raccrocher - tout comme Andy Lau dans son précédent - du "dur métier" de parrain des triades. Il aimerait se consacrer corps et âme à son unique enfant (adoptif) et de rattraper le temps perdu en assumant sa tâche de père; bref, le personnage d'Eric Tsang est dans la parfaite continuation de celui d'Andy Lau de "Jiang Hu".
Tout le style de WONG Ching-Po s'y retrouve : seul l'intéresse le destin des différentes individualités au sein de la communauté. Les scènes d'action sont rares et éparses, même si plus présentes que dans "Jiang Hu" avec une étonnante scène de carambolage en fin de film, presque surajouté comme à contrecœur par le réalisateur et ne ressemblant définitivement pas à son style.
Le seul véritable défaut de WONG est son approche sur-stylisée. Il est un unique faiseur d'images, mais un piètre conteur d'histoires. Du papier glacé, auquel il manquerait la touche personnelle pour réussir à émouvoir son public. Du coup, ces films ressemblent la plupart du temps à de coquilles vides.
Il a étonnamment bien assimilé la mise en scène à adopter pour illustrer tel ou tel sentiment. Ses images rendent parfaitement douleur, tristesse et nostalgie à coups de flash-back bien sentis, envoi de violons aux moments appropriés et regards appuyés quand il le faudrait; mais il manque d'âme pour insuffler une véritable émotion à ses personnages. Tout n'est que posé et fait creux et faux.
En revanche, sa maîtrise personnelle de la mise en scène s'affine au fur et à mesure de ses films. Du clippeur branché, il réussit désormais à passer à une véritable mise en scène; aucun doute qu'il réussira un jour à dépasser sa propre timidité et retenue (vérifiée au quotidien en passant quelques jours en sa compagnie) pour oser aborder franchement l'émotion de ses personnages.
En l'état, on peut effectivement déplorer le "gâchis" relatif de son énorme casting et le ratage stylisé du manque de l'émotion de ses protagonistes; mais nul doute, que sa présence au milieu d'une cinématographie HK autrement figée dans le spectaculaire et purement commercial finira par avoir un effet bénéfique et à WONG Ching-po de réaliser un vrai film réussi.
Laissez-lui encore du temps...
Quant à mon titre, il se réfère à la franche référence de WONG à la légende du petit chaperon rouge, incarnée par la fille du parrain, habillée en rouge et perdue dans l'immense forêt constituée des triades et peuplé de 1001 loups.
gros ratage esthétisant et frimeur
oh le gâchis!! un casting au poil, un budget semble - t- il confortable, un soucis du rendu visuel très prononcé et tout ça pour un scénar bidon (pourtant le scénariste a fait ses preuves), une mise en scène et des effets discutables, une direction d'acteur inexistante...
ça commence déjà mal avec un thème musical pompé sur KIKUJIRO, non mais y a des claques qui se perdent! ensuite la première moitié du film tient un peu près la route, sans être palpitante, ce n'est pas éliminatoire. mais ensuite (SPOILER à partir de la mort de Gent.fin SPOILER) on sombre dans le n'importe quoi, essai non transformé de faire évoluer l'histoire de façon convenable.
ce qui décridibilise le film c'est une somme d'effets de mise en scène et de faiblesses scénaristiques (c'est surement voulu mais ça ne passe pas; on a juste l'impression d'incohérences temporelles ou géographique, voire psychologiques).
bref le long du film j'ai commencé à interpeler le scénariste et le réalisateur intérieurement: "nan mais tu veux nous faire avaler ça?!!!"
j'avais bien aimé JIANG HU, et WONG ching po a une sens du cadre pas mauvais du tout (bon c'est l'école du clip mais les scènes dans les temples sont fort jolies), mais là ce n'est pas possible! meme les récents et moyens COLOUR OF THE LOYALTY ou SET TO KILL s'en sortent bien mieux. là le minimum n'est pas assuré, à savoir une histoire prenante, deux trois scènes d'actions potables et un final nerveux, ce n'est pas la lune quand même?
verdict: o crédibilité , esthétique sympa, tout le reste bidon.
Après le mauvais "Jiang-Hu", le réalisateur se rattrape quelque peu avec ce métrage réunissant le plus beau casting de 2005 à savoir Karena Lam, Eric Tsang, Simon Yam, Anthony Wong et Alex Fong. Cette histoire de succession au sein des Triades est relativement plaisante à regarder mais est trop froid pour emporter l'adhesion. A force de soigner ses images, Wong oublie de soigner son récit et de diriger ses acteurs, mention spéciale à l"ami Anthony qui arbore, tout au long du film, une tronche hallucinée qui ne sied pas du tout à son personnage. Le film est donc une deception par rapport à son potentiel mais devrait plaire au fan du réalisateur. Je n'en fais malheureusement pas parti.