James Newton Howard (King Kong de P. Jackson) apporte quelques nuances sur la composition musicale, trop souvent balayées par le rouleau compresseur de Hans Zimmer, une zic qui, en plus d’être abrutissante, n’est pas toujours intégrée correctement aux bons passages. A sa décharge, l'abondance de plans cut n'a pas dû aider à l'instauration de longues plages thématiques, ils sont trop nombreux sur un métrage de 2h30 ayant tant et tant de rebondissements qu'on croit parfois assister aux 4 derniers épisodes d'une série Batman saison 2 version 2008. Ca fuse et ça use. Dans le dernier Mad Movies en date, on peut lire dans la bonne preview de Stéphane Moïssakis que Christopher Nolan partait sur un film de près de 3h. La production n'a pas du l'entendre de cette oreille en nous balançant seulement nos "petites" 2h30. Il faut dire que si elle entend de l’oreille qui écoute du Zimmer, on comprend mieux qu’elle veuille faire court la prod. Paf : du coup on s’est mangé les 2h30, donc nous manquent 30 bonnes minutes de narration plus que nécessaires. Avec un Edison Chen humilié en tant qu'étrange figurant d'à peine 5 secondes, on est autorisé à penser qu'il a peut-être sauté au montage. Avec une soirée mondaine à l'issue incertaine, on est autorisé à penser qu'il manque un truc. Avec, avec, avec... Peut-être. Le scénario est franchement bon, la tirade finale rien de moins que son aboutissement et l’ensemble monstrueusement puissant. Mais ces 30 minutes fantasmées fluidifieraient sans nul doute le tout, car sans être un grand génie de la mise en scène Christopher Nolan a pour lui de savoir très bien raconter une histoire et comme là il réussit qui plus est - enfin - à filmer plus que correctement ses scènes d’action, on peut penser qu’une Director's cut plus longue ferait beaucoup de bien à tout le monde. Comme celle d’un 13ième guerrier ou autre Seven Swords tiens, au hasard.
Le joker ? Il est bluffant mais n’est pas totalement fou, il vante les joies du hasard (re) tout en nous sortant des plans machiavéliques étudiés au poil près. On a affaire à une formidable raclure de bidet, qui nous sort sa folie comme un joueur de poker le ferait pour brouiller les... cartes. On peut voir dans ce Batman une excellente réflexion sur le bien et le mal, qui arrive à être pertinente en mélangeant un concept polar / film de super héros pouvant s’avérer facilement casse-gueule pour le sieur déguisé. Le bonhomme peut très vite sombrer dans le ridicule dès lors qu’on lui remet un tant soit peu les pieds sur terre, sans gros spot flashy ou autre contre-plongée valorisante. Gros tour de force en l'occurrence : ça passe.
Rarement on aura autant senti une ville exister, respirer, vivre. On voit bien qu'ici il s'agit de montrer qu'il est difficile de dissocier le bien du mal dans un endroit restreint, plein de cachettes et de secrets, un dédale dans lequel autant d'êtres humains tentent tant bien que mal de coexister. On pense aux quelques autres qui ont réussi cette description : Mickael Mann, l'inspiration avouée de Nolan, et John Sayles avec son formidable City of Hope, par exemple. Et cet enchaînement rapide des évènements, parfois à la limite de la crédibilité, rend bien compte de la difficulté qu’on aurait de faire le bon choix si l’on se retrouvait soudain au milieu de ce bordel avec un détonateur dans les mains et le droit de vie ou de mort sur X personnes. Comme ça. D’un coup d’un seul. Hop. Z'avez 10 secondes. Que feriez vous à leur place, abrutis que vous êtes par une abondance de Zimmer, de plans trop cut et de redondissements à n'en plus finir ? Que pourriez-vous donc bien faire ? Fait amusant, si l’on peut dire, car ces tares ne font que schématiser votre travail acharné sans vacances, la télé qui vous zigouille les neurones quand vous rentrez chez vous, vos jeux vidéos HD qui vous grillent la cervelle… Avec tout ce speed abêtissant, la télécommande d’une bombe n'en devient ni plus ni moins que votre vote dans l’isoloir. Paf.
Au final et via cette fameuse ultime tirade qui en aura fait ricaner plus d’un avec son p'tit côté David Hasselhoff is back en chevalier des temps modernes (K2000) là où d'autres préfèreront la rapprocher de celle, superbe, de Mad Max 2, Batman transcende son statut de "simple" super héros pour devenir un être moral magnifique, un citoyen modèle à part entière glorifié ici par le choix qu'a – spoilers à la pelle en vue - la femme convoitée de vivre avec le chevalier blanc plutôt que le vengeur noir, anonyme. Au bout du compte, l’homme chauve-souris réussira à devenir grand, malgré tout. Il deviendra le DARK KNIGHT ! Le vrai ! Il sera Dieu parce qu'il ne sera plus juste lui avec ses p'tits intérêts persos minables, il pourra désormais mourir dignement et tout et tout. Il ne se cachera plus, seul, égoiste, derrière un masque et emportera avec lui les noirceurs de la ville, certains secrets qui, s'ils sont révélés, empêcheront l'espoir de refaire surface. Il incarne le chevalier noir en cela que son armure renferme des horreurs, la part sombre d'une ville, des paradoxes gênants, au nom d'une seule chose : un avenir meilleur, a better tomorrow même, histoire de coller un peu plus au site. Encore que les quelques plans de Hong Kong qui nous sont offerts là sont à ce point superbes qu'ils justifient à eux seuls la fichounette chez nous. Hong Kong... Une scène fut interrompue là-bas en raison d'un raz de marée d'une foule qui cherchait à voir Batman d'un peu plus près. Plus de 100 policiers furent alors été dépêchés sur place en urgence, ce qui eut pour effet de provoquer la colère de Johnnie To qui accusa le gouvernement de HK d'aider davantage les productions étrangères que les locales. HK et ses flingues, HK et sa pollution... Combattre la pollution ? Pas encore, mais ça viendra pour notre Batman qui n'a toujours pas adhéré au projet de développement durable de Gotham City. Chaque chose en son temps. D'abord les ninjas, ensuite le joker et après seulement la pollution. Plus sérieusement, là c'est un sacrifice qu'il fait, une lourde responsabilité qu'il endosse, un poids qui n'a plus rien à voir avec l'égocentrisme de beaucoup de nos super-héros tant aimés. Batman devient l'un des plus justifiés, par-delà l'assimilation du concept à un simple fantasme d'adolescent. Il n'y a plus de gloire, il n'y a plus de ces applaudissements de la foule qui érige usuellement tous nos super héros américains, de Spiderman à Hancock en passant par SOS Fantômes et consorts. Qui voudrait devenir Batman après ça ? Qui ? Il ne se paye pas la meuf qu'il aime, il n'est pas adulé... Ok, ok, y'a la batmobile, y'a la moto, trop d'la balle sans déc'.
Bref. Pour résumer plus légèrement : si Hans ‘y meurt, c’est pô bien grave. Jeu de mot douteux s'il en est. Et il en est puisque, je l'avoue, je l'adore cette B.O.
S’il souffre de raccourcis scénaristiques aberrants et d’une mise en scène encore bien trop inégale pour convaincre pleinement, ce Dark Knight n’est pas pour autant dénué de qualités et brille notamment par quelques passages d’une sensibilité singulière, donnant à certains personnages une profondeur dépassant les espérences.
Ce nouvel opus de la saga n'est pas exempt de tout défaut, mais on peut dire qu'après tout ce qu'on a vu avant l'intervention de Nolan en matière de chevalier noir, c'est la meilleure adaptation depuis des lustres. Et même bien meilleur que Batman Begins qui donnait un avant goût de quelque chose de neuf tout en étant un peu nul. Le point fort du Chevalier Noir, c'est d'avoir su combiner un scénario très poussé (pas exempt d'anomalies) à une ambiance vraiment noire. Ensuite, le réalisateur n'en a pas que pour Batman, ni que pour le Joker. Les personnages secondaires sont aussi très bien écrits et très profonds, et joués par des acteurs charismatiques. tels Gary Oldman, Aaron Eckhart, Morgan Freeman, Michael Caine. Du lourd. Évidemment, la palme est à décerner à Heath Ledger qui, comme on s'y attendait finalement, est monumental. Il joue son personnage à la perfection, dans la voix, les grimaces, et bien sûr, le rire ; au point où on se surprend à attendre qu'il réapparaisse à chaque fois qu'on ne le voit pas à l'écran.
Évidemment, il n'est pas sans reproche. Les scènes se succèdent trop rapidement. Comme dit sur le forum (par mlf), cela crée des basculement étranges entre le jour et la nuit, occultant de nombreux événements, mais comme le montage est ultra-rapide, le spectateur n'a pas le temps de se faire à l'idée qu'on l'a un peu arnaqué sur certains détails. Autrement, la musique de Hans Zimmer s'accroche toujours à de gros morceaux pompeux, qui vont malheureusement crescendo jusqu'à la tirade finale d'un ridicule qui devrait tuer. Mais autrement, le résultat est vraiment très bon et il est regrettable que le joker ne revienne pas la prochaine fois sous les même traits.
(Et pour info, Edison Chen apparaît en effet 3 secondes, dont 2 de dos.)
SPOILER (ou pas, ça dépend)
Sinon, petit détail, mais je ne comprend pas pourquoi tout le monde dit avant le film que Aaron Eckhart est double face. J'y suis allé sans le savoir, et j'ai pu apprécier la métamorphose sans m'en douter un instant ni me demander "mais à quel moment il va devenir double face". Par contre je lis partout sur la toile maintenant que "Aaron Eckhart est super en double face", et comme les gens le disent sans penser le moins du monde que c'est du spoiler, c'est que je devais être le seul à ne pas le savoir. Étrange.
Il est toujours plaisant de voir que le terme "blockbuster" n'est pas forcément à associer à "gros film commercial convenu". Lorsque Nolan a repris la franchise Batman mise à mal par Schumacher et ses deux opus plus proches de la comédie (plus ou moins involontaire qu'autre chose), il l'a évidemment remis sur des rails plus sombres. Et plutôt que de continuer sur les acquis des quatre films précédents, il décide de reprendre du début, comme Burton l'avait fait avec son premier film. Batman Begins narrait donc la génèse du personnage, et The Dark Knight est finalement le juste pendant de Batman Returns, un film plus complexe, plus riche, avec plus de personnages, un "blockbuster d'auteur", à la Burton ou Michael Mann, un film qui ne cède finalement pas aux schémas classiques et aux compromis des machines de guerre US.
Car si cela pourrait paraître évident à dire, Dark Knight est un film qui tourne tout entier autour de son scénario. Combien de blockbusters suivent un simple fil conducteur et des schémas éculés pour se concentrer sur ce qui réjouit le spectateur moyen de blockbusters, à savoir la surenchère de scènes d'action et d'effets spéciaux. Dark Knight est finalement assez avare en grosses scènes d'action. Ok, on fait péter un bâtiment, mais sorti de là, les scènes d'action ne jouent jamais la surenchère pyrotechnique. Le film s'intéresse tout simplement plus à ses personnages qu'à épater la galerie. Et après un premier film qui suivait presque exclusivement Batman/Bruce Wayne, Nolan passe en mode multi-personnage et équilibre remarquablement son film autour d'un trio. Plutôt que de simplement reproduire le schéma "nouveau méchant menace le monde - gentil pète la gueule au méchant", Nolan utilise le Joker comme catalyseur de l'évolution de deux personnages complémentaires, Batman/Bruce Wayne et Harvey Dent/Double Face. 2h40 est assurément long pour un film de ce genre, mais à y regarder de près, impossible de couper ce récit. On pourrait imaginer en faire deux films, mais donner un film à chaque personnage casserait l'interaction entre les trois et surtout la symétrie parfaite Batman|Joker|DoubleFace. Couper le film au milieu en gardant cette interaction aurait fait perdre la montée progressive en tension du plan du Joker et donné naissance à deux films trop similaires. Nolan choisit au contraire d'aller au bout de son idée, de rebuter sûrement le fan d'action et de surenchère pour rester honnête et intègre face au fond de l'histoire.
Et s'il est toujours mieux de rester mesuré sur la dernière performance d'un acteur tragiquement disparu avant la sortie du film, difficile ici de ne pas comprendre les premiers echos sur la performance d'Heath Ledger. On le savait capable de vrais rôles de composition, il récidive ici en se réappropriant le personnage du Joker de manière bien moins "Cirque Barnum" que Jack Nicholson en 1989. Non pas que Nicholson ait été moins bon, il était simplement plus dans le ton "monstre de foire" de Burton. Disparaissant ici derrière un maquillage beaucoup plus sale, travaillant une nouvelle fois de manière remarquable sa voix, Ledger vole littéralement le show sans en faire non plus des tonnes. Pourtant le rôle était casse gueule, car véritable pivot du film. Mais il réussit ici à se le réapproprier de manière tout à fait cohérente avec le ton du film. Chapeau bas.
On passera sur l'apparition anecdotique d'Edison Chen pour s'amuser un peu plus du court passage à Hong Kong où la nouvelle vedette est assurément la tour IFC qui après Tomb Raider 2 se retrouve à nouveau comme décor principal le temps d'une scène. Reste quelques défauts qu'on pardonnera facilement, comme certaines facilités du scénario (le plan du Joker est beaucoup trop "facile" pour être crédible), un Christian Bale héritant d'un rôle finalement bien moins intéressant que lors du premier film, une interprète principale relativement fade face au casting qui l'entoure, et la musique du duo Zimmer/Newton Howard est clairement en deçà des attentes.
Après un premier opus qui ne se distinguait pas de la masse des blockbusters estivaux, Christopher Nolan poursuit sa réappropriation de la mythologie du Dark Knight avec une suite qui restera clairement dans les anales. Formellement maîtrisé, le film vaut surtout pour son suspense haletant et son effet compte à rebours, un climat d'alerte imposé par un des terroristes les plus dingues du cinéma : Heath Lodger campe le rôle du Joker avec une énergie et une volonté admirables, l'acteur est habité par un personnage qui impose son rythme et ses codes à une ville en pleine insécurité. Si Nolan a su tirer parti de la profondeur des personnages de DC avec une roublardise évidente (magnifique composition et préparation du personnage de Double Face), on ne peut pas en dire autant de la ville de Gotham City, ici presque désuète, n'atteignant que très rarement l'aspect surréaliste et extrêmement noire des épisodes précédents, même les plus mauvais. Pourtant, félicitons Nolan d'avoir osé incorporer à tous les ingrédients qui font que The Dark Knight est un gros blockbuster, une psychologie travaillée, remettant en cause même les ambitions du justicier : doute, réflexion mais finalement action. Et là où Batman Begins remodelait la mythologie du justicier avec trop de superflus (interminable partie entre la Chine et le Tibet), The Dark Knight brasse les thématiques avec un vrai souffle et une vraie rigueur : terrorisme, corruption, sort scellé sur un pile ou face, et lorsqu'il ne castagne pas, il enchaîne les fausses pistes grâce à un montage très efficace (le court épisode tragique de Gordon). Et parce que la mise en scène de Nolan sait s'adapter aux situations, comme ce rapide mouvement à 360° autour de Rachel et du Joker pour imager la folie de ce dernier, elle fait preuve d'une belle densité, privilégiant aussi les émotions au détriment d'une surenchère, celle perceptible dans Batman Begins, le rendant ainsi impersonnel. En revanche, certaines facilités dans la narration ou les apparitions de Batman qui arrivent comme un cheveux dans la soupe auront plus de mal à passer chez certains.
Quelques scènes resteront dans les mémoires (toutes celles du Joker, comme ça c'est fait), en particulier celle où le joker s'amuse à distance à jouer avec les choix des passagers de deux ferry où chacun peut faire exploser l'autre simplement par "choix". Le dernier quart d'heure mêle d'ailleurs habillement ingrédients du blockbuster moderne presque calqué sur le jeu vidéo (Batman devant sauver les faux terroristes et accéder au dernier étage où l'attend le Joker et ses trois rottweilers) et tension créée par une prise d'otage. L'empathie est d'ailleurs possible quand on sait pourquoi Harvey Dent est devenu Double Face. Au final, The Dark Knight est une grande réussite du divertissement, largement au-dessus du lot de tout ce que l'on a vu cette année : du gros calibre bien fait et bien mis en musique par la composition éreintante de Hans Zimmer (malgré l'absence du thème principal qui passerait presque ici inaperçu) et le travail d'interprétation extraordinaire de Heath Ledger faisant du Joker l'un des vilains les plus passionnants du cinéma (et joli compromis avec celui de Burton, plus classe et perfide). Pas un film pour gosses. Et pour info, Edison Chen apparaît trois secondes chrono montre en main.
Batman really begins…ou comment le justicier gagne FINALEMENT ses galons de vrai héros. Non pas un super-héros, qui vole de partout, survole toits et adversaires et décoche ses gadgets partout autour de lui…non, Batman devient martyr pour lentement, mais sûrement ancrer son image de vrai héros, prêt à se sacrifier pour l'humanité pour être reconnu à sa juste valeur…après sa mort ?!! Seule la suite de la série pourra apporter la réponse.
Une chose est sûre: ce "Dark Knight" met la barre très, très haute dans le film de super-héros. Personnellement, j'ai toujours eu un peu de mal à accrocher avec un univers trop graphique, où les super-héros dominaient clairement le sujet, connaissaient un coup de mou en milieu de métrage avant de rassembler leur force mentale et physique pour tout faire péter à coups de gadgets.
Après les adaptations cartoonesques de la série "Batman" des années 1980 / 1990, un premier pallier a été franchi par la série des "X-Men", qui rapprochait enfin les super-héros des humains en leur trouvant des points communs; "Spider-Man", enfin, développait cette idée en attribuant le rôle principal à un parfait individu quelconque (Tobey Maguire dans le rôle de Peter Parker, fallait oser) et en lui insufflant les premiers DOUTES par rapport à son super statut.
"Batman – The Dark Knight" rassemble tous ses ingrédients pour donner une version extrêmement pessimiste d'un homme torturé, et de conjuguer l'histoire aux racines même de la mythologie du héros (merci David S. Goyer, très certainement à l'origine de l'idée).
L'autre réussite de ce film, ce n'est pas de bêtement mettre en scène de titanesques affrontements entre super-héros dans les rues de Gotham City à faire péter le moindre pavé de trottoir, mais d'amener le combat sur un terrain beaucoup plus dangereux: celui du psychisme et du mental. L'entier film tourne autour du "Joker" – c'est LUI le véritable héros de ce film…et aux scénaristes d'emmener le spectateur jusque dans la tête du clown meurtrier, comme signifié par ce magnifique plan vers la fin du film où le "monde bascule" dans la tête du Joker, en décrivant un 180 C° pour remettre la tête de Joker (accroché la tête à l'envers) à l'endroit et de littéralement symboliser l'extraordinaire état d'apesanteur de sa folie (tel que décrit par le Joker lui-même). La terrible guerre que se livrent donc le Joker et Batman n'est pas tant les incroyables course-poursuites sur route ou dans les couloirs d'un immeuble, mais davantage la manipulation de leurs esprits respectifs et de celui de la perception humaine. Le Joker n'arrête pas d'utiliser les médias (envois de cassettes vidéo amateurs pour terrifier les masses) pour faire passer ses messages et de faire de Batman un véritable meurtrier; Batman, lui aussi, utilisera les moyens de communication (les portables), mais pour ESPIONNER ses prochains et trouver le coupable sans qu'ils s'en rendent compte. Dans ce cas précis, Batman devient une sorte "d'ETAT SUPPREME", de "Dieu maléfique", qui veille sur ses sujets et frappe quand bon lui semble, au dépens des vies humaines – et voilà justement l'argument que Joker utilisera CONTRE lui: Batman n'est finalement pas pire, que les méchants qu'il traque, puisque rien que par son existence, il condamne des âmes humaines à mourir (soit par les dégâts causés en poursuivant ses adversaires; soit en "créant" de toujours nouveaux adversaires voulant se mesurer à lui).
Jamais ce magnifique jeu au chat et à la souris ne sera d'ailleurs plus trépidant, que dans les merveilleux pièges machiavéliques imaginés par le Joker; la séquence des deux ferries ménage bien plus de suspense et d'adrénaline, que la folle course-poursuite sur route.
Le film n'est pas exempt de défauts; il y a pas mal de raccourcis et d'incohérences scénaristiques, des scènes inutiles et inutilement mélodramatiques et la mise en scène de Nolan brille davantage dans les moments de calme, que dans des scènes d'action pas toujours très lisibles. Il y a également comme un goût d'inachevé dans son ensemble et dans quelques parties plus "plates", lorsqu'on aura goûté à cette extraordinaire séquence d'introduction de braquage de banque, qui impose un univers à la Michael Mann assez froid et aseptisé, que l'on espère être l'entier métrage. L'humour grinçant (l'incroyable Joker, mais aussi l'arrogant Bruce Wayne) contrebalance une violence très sèche (les sourires à la "Ichi the Killer" qu'inflige le Joker à ses victimes; l'interrogatoire du revenant Eric Roberts; l'odyssée sanglant de "Pile ou Face").
Mention spéciale à la belle brochette d'acteurs, dont Christopher Bale, Morgan Freeman, Heath Ledger (magnifique et magnifié !!!), Gary Oldman, Michale Caine, Aaron Eckhart et Eric Roberts. Quant à Edison Chen (!!), il a droit à un quart de seconde, en tout petit petit à l'écran ; p
J'ai hâte de voir la suite – mais je doute qu'un tel niveau puisse être maintenu dans une production mainstream à l'avenir…
Nolan réalise un film qui marque, qui rend ses lettres de noblesse au genre et au personnage, et qui sera dur à surpasser, même pour la même équipe. Monumental.
Un monument du cinéma hollywoodien moderne. Nolan transcende un premier volet réussi mais du niveau d'un bon essai transformé pour nous livrer un film d'une maîtrise absolue, dont l'écriture extrêmement habile et intelligente va bien au-delà des codes classiques du genre (action, polar, fantastique ou autre). Il s'agit là d'un authentique film d'auteur, dans lequel le papa de Memento et Insomnia insuffle une personnalité tangible à des séquences spectaculaires qui s'enchaînent par ailleurs avec la plus grande efficacité. La mise en scène est virtuose tout en restant constamment au service du propos et le casting oscille entre le bon (Christian Bale, Maggie Gyllenhaal, Aaron Eckhart) et l'excellent (Gary Oldman, Eric Roberts, Morgan Freeman, Michael Caine), avec une mention spéciale pour Heath Ledger dont l'interprétation du Joker vous traumatisera pour un bon bout de temps. À la revoyure, The Dark Knight apparaît encore plus dense, plus tendu et plus fiévreux que lors du premier visionnage. Un chef-d'œuvre, tout simplement.
The Dark Knight est une claque. L'ambiance tend vers encore plus de réalisme (Gotham est désormais Chicago de façon avouée visuellement) et Nolan emprunte beaucoup à Michael Mann, sans forcément en avoir le génie mais ce n'est pas du tout un défaut. L'interprétation est de haute volée (Heath Ledger est exceptionnel et son personnage vampirise le film, on a forcément une pensée pour l'acteur à la fin de la séance) et le scénario est passionnant. Nombreuses scènes sont très réussies dans leurs dialogues et leur tension générale.
Ce qui m'a également marqué est la très haute tenue des scènes pyrothechniques dont une mémorable scène de poursuite à vous faire oublier les plus gros morceaux d'un Terminator. Les combats au "corps à corps" sont également plus lisibles que dans Batman Begins grâce un montage plus judicieux mais il y en aura toujours pour trouver que c'est mal filmé et mal monté.
Difficile d'imaginer comment Nolan va gérer son troisième opus.
Tout a déjà été dit sur " the Dark Knight", qui dépasse le simple statut de blockbuster-film de divertissement de super héros, pour s'imposer comme l'une des plus massive, l'une des plus dense et monumentale, oeuvre cinématographique produite par l'industrie du ciné US, de ces disons 20 dernières années. Carrément. En imposant sa vision d'un batman qui évolue, non plus dans l'univers baroque et fantasmagorique, iréeel et délicieusement candide, dépeint dans les films de Tim Burton, mais dans notre propre réalité, Christopher Nolan nous livre, via les obsessions et psychoses du héros solitaire Bruce Wayne sur le fil ténu entre noblesse d'esprit et folie vengeresse, celle d'une Amérique désenchantée et paranoiaque post 11/09. Le patriot act des années Bush avec ces mensonges d'Etat, pratiques liberticides, tortures des prisonniers de guantanamo, semblent être une allégorie de la lutte impitoyable contre le crime menée par Batman, mystérieux justicier hors la loi, au delà de toute juridiction, qui n'agit qu'avec ses propres codes moraux. Quelle réponse donner à la folie meurtrière, sadique, qui se nourrit du chaos et de l'anarchie, juste pour répandre la mort et la peur, sans logique? Quelle est la frontière entre le bien et le mal lorsqu'il faut combattre la terreur par la terreur? Une ambiance noire nihiliste et un monde au bord de l'apocalypse, les interprétations fiévreuses et flamboyantes de Christian Bale, Gary Oldman, Morgan Freeman, Aaron Eckhart, Heath Ledger... et une intrigue aux allures d'étourdissante tragédie shakespearienne, font atteindre au " Dark Knight" de Christopher Nolan, le rang des chefs d'oeuvre maudits.