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In our Time
les avis de Cinemasie
2 critiques: 2.88/5
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3 critiques: 2.92/5
Le temps du changement
Avec The Sandwich man tourné un an plus tard, In our time est l’acte de naissance de la Nouvelle Vague taïwanaise des années 80. S’il ne réalise aucun des sketches du film, Hou Hsiao Hsien a pris une part active à son tournage, incarnant pour tous ces jeunes cinéastes débutant un véritable «grand frère» et un guide dans le milieu du cinéma. Et le sketch Zhi Wang est lui réalisé par un Edward Yang appelé à devenir l’autre figure de proue du mouvement.
Si son sketch se détache nettement du lot, l’ensemble du film n’est pas indigne d’intérêt comme témoignage d’une scène cinématographique naissante et pour en cerner les grandes lignes de force. Meme s’ils sont censés se passer à des époques différentes, tous les segments traitent le quotidien dans ce qu’il a de plus prosaique et anodin et sont d’obédience naturaliste. L’économie de moyens se sent globalement aussi bien en terme budgétaire que du point de vue de parti pris esthétiques à l’opposé de la stylisation. Seul un usage convenu très eighties du ralenti commun à une partie des segments fait tache. Et tous les sketches cherchent à atteindre une forme de spontanéité assez proche du muet comme du néoréalisme italien. Le ton est d’ailleurs dans l’ensemble léger et à l’opposé de toute tentative de dramatisation des situations.
Le titre évoque qui plus est une question qui sera au centre des préoccupations futures des grands de Taïwan : le temps. Les sketchs ont ainsi dans l’ordre comme personnages respectifs un écolier, une étudiante, un étudiant et un couple, dans une logique chronologique croissante. Il s’agit de montrer le temps qui passe avec ses joies (grandir) et ses cotés noirs (le sentiment d’impuissance). Les quatres cinéastes s’essaient à l’exercice avec des fortunes diverses. Xiao long to vaut pour sa mise en scène de facture correcte quoique limite académique mais son score tire certains passages vers la mièvrerie. Ecueil évité par Edward Yang dans Zhi Wang, sketch offrant quelques moments de cinéma touchants de spontanéité et de naïveté. Edward Yang a su trouver le ton juste pour évoquer cette tranche de vie d’une jeune fille et la sobriété d’une mise en scène trouvant la distance juste à ses personnages évite l’écueil de la banalité ou de l’académisme dans lequel tombent les autres segments. Tiao wa souffre d’un usage peu inspiré de la voix off et d’un traitement formel plat. Bao zhang ming lai vaut pour les quiproquos aménagés par son script mais sa réalisation est plate et son comique de situation est trop facile pour faire rire.
Trop inégal pour convaincre le film a néanmoins le mérite de montrer que le cinéma taiwanais de l’époque ne se limitait pas à deux cinéastes s’étant fait depuis un nom en Occident.
Une anthologie de courts/moyen métrages Taïwan 1983 : ça ne court pas les rues
"LA TETE DE PETIT DRAGON" (réalisé par Tao T-chen) (4/5) : le petit Hsiao Mao est comme son dinosaure (un T-rex) : muet, la bouche ouverte mais qui ne produit aucun son. Du moins, est-ce le cas jusqu'aux dernières minutes...Ses parents ne cessent de l'abaisser au lieu de chercher à le comprendre, à l'instar de son frère et des garçons qu'il côtoie seulement afin d'éviter la solitude totale. Le réalisateur enfonce le clou avec une séquence évocatrice du désintérêt profond que lui porte les adultes : Hsiao Mao dessine son dragon sur une feuille de papier. Sa copine prend le dessin et le montre à tous les adultes présents, les parents de Mao y compris. La qualité du dinosaure illustré sera unanime mais personne (et encore moins les parents du gamin) n'en désignera le véritable auteur. La mère félicitera la fillette et le père se montrera indiffèrent. Et à Hsia Mao d'assister, dépité, à la scène. "La Tête de Petit Dragon" est un joli drame doux/amère sur la difficulté d'un enfant mutique qui paye cette "spécificité" au prix fort. Hsiao trouvera refuge auprès de la petite fille et de son imaginaire à défaut de la réalité d'ainés plus préoccuper à regarder la télé ou écouter la radio (qu'on imagine fraichement arrivés sur le territoire) pour les hommes ou trop accaparé par le travail du quotidien pour sa mère. "DESIRS" (réalisé par Edward Yang) (4/5) : ce court-métrage conte les premiers émois amoureux et sensuels de Hsiao Fen, adolescente calme et studieuse. Sa mère (célibataire apparemment) loue une chambre vacante de la demeure familiale. Un garçon étudiant à l'université arrive alors et l'occupe. Hsiao à une sœur ainée, préférant l’oisivetée plutôt que l'entrée dans un établissement universitaire ou travailler. L'intérêt de cette réalisation, en ce qui me concerne, réside dans son élégance générale à traiter son sujet. Edward Yang instaure un parallèle assez judicieux entre son apprentissage de la vie et les préoccupations d'un ami plus jeune qu'elle qui lui fera prendre conscience que l'on peut relativiser les évènements. Les passages illustrant son rapport au(x) corps sont d'une élégante pudeur et ses rapports difficiles avec sa grande sœur sans excès de pathos. Une mignonne petite tranche de vie. "LA GRENOUILLE SAUTEUSE" (réalisé par Ko I-chen) (3,25/5) : ce moyen-métrage ne m'a pas vraiment captivé. Il me manque peut-être des éléments historiques ou/et sociaux pour l'apprécier à sa juste valeur. Cependant, la métaphore "batraciène" de l'œuvre et l'obstination du jeune homme, faisant face à la pression paternel, afin d'atteindre son honorable but sont clairs. "DITES-MOI VOTRE NOM" (réalisé par Chang Yi) (3,75/5) : une chose est certaine, la journée que va vivre le couple en question est aussi bordélique que leur nouveau petit nid pas vraiment douillet ! Heureusement (enfin pour nous !), le ton est celui de la comédie. Les "tourtereaux" sont campés avec convictions et les péripéties assez amusantes pour passer un moment agréable durant les vingt minutes que dures le court-métrage. Vous pouvez retrouver ces métrages sur le dvd français de Spectrum Films.