Dommage
Même avec l'indulgence requise face à la qualité des effets digitaux (le cinéma asiatique, quel qu'il soit n'a jamais été à la hauteur de ce point de vue que les meilleurs provenant des USA - il s'agit ici d'un métrage épique), le résultat global reste des plus bancal.
Le récit ne parvient pas vraiment à tenir ses promesses en sabotant la seule bonne idée, à savoir le lien avec la nature et humains partagés entre empathie et haine de son prochain.
L'évolution de ce thème dans le scénario est entravé par une écriture franchement peu organique entre les personnages ainsi qu'un manque de charisme du casting.
Le final et certains aspects de la direction artistique rattrapent trop peu l'ensemble.Vu sur Amazon prime vidéo sous le titre "Pirates" (vf ou vostfr).
21 octobre 2020
par
A-b-a
L'homme et la mer
Pour faire la critique, il faut impérativement remettre le film dans son contexte. Il s'agit d'un film thaïlandais, à la production certes confortable pour le pays du sourire, mais 1000 fois inférieur à n'importe quel "Pirates des Caraïbes" ou "Iron Man" américain et sans le même savoir-faire non plus des équipes techniques et réalisateurs des effets spéciaux. De ce point de vue, "Queen…" en impose et devrait servir d'exemple à bien de tâcherons amerlocs dans un même domaine.
Ensuite, il faut vraiment saluer l'unique talent et volonté du réalsiateur Nonzee Nimibutr de toujours repousser les limites du cinéma thaï plus loin. C'est à lui, que l'on doit le renouveau du cinéma thaï en 1997 et son très bon "Dang Bireley"; c'est encore lui, qui a su signer la plus merveilleuse des adaptations de la célèbre légende de Nak avec son merveilleux "Nang Nak". Il a su repousser les limites de la censure de l'érotisme sur grand écran avec "Jan Dara" et – enfin – a très certainement signé son film le plus magnifique et personnel avec son dernier (et moins connu) "OK Baytong". C'est d'ailleurs lors des repérages de ce dernier, qu'il "découvre" la région du Sud de la Thaïlande, au-delà des zones touristiques surpeuplées, du côté des terribles affrontements, que l'Etat cherche tout le temps à étouffer dans la presse internationale. Une région magnifique, laissant libre cours à l'imagination si fertile des mythes et des légendes; mais si la Thaïlande regorge de ces histoires, c'est du côté malais, qu'il faudra chercher les origines de "Queen…". La légende d'un royaume gouverné par trois sœurs reines, qui n'ont su résister aux nombreux assauts de leurs adversaires jaloux que par leur bonté et leur capacité de vivre en harmonie avec les forces de la Nature.
Première critique à faire au film: le démarrage en trombe sans se donner la peine de détailler les différents partis (trois en début du film); ce qui vaut d'assister à des nombreuses scènes dramatiques et de bataille, de vie et de mort de personnages sans que jamais le spectateur se sente impliqué ne sachant pas qui est qui.
Il faudra par conséquent attendre une seconde partie (un brin longuette) bien plus explicative, où tous les éléments de la première partie se mettent finalement en place et durant laquelle Nimibutr s'accorde du répit pour s'attacher aux personnages. Malheureusement écrasé par le poids de son budget, jamais il ne réussira à leur donner corps ou à faire sonner les sentiments justes; alors même que le réalisateur possède d'un talent indéniable à donner vie et humanisme à tous ses personnages de ses précédents films ! Un comble. L'amourette entre le héros et la princesse sonne horriblement creuse et les motivations du grand méchant ridicules tout au mieux. Dommage également d'avoir évacué à ce point l'entraînement du héros; mais le budget imparti aux effets spéciaux ne permettait sans doute pas de montrer davantage de séquences sous-marines. A rassurer le présent lecteur: l'entier métrage fourmille tout de même de 1001 d'images de synthèse merveilleuses.
Le film finit par trouver son rythme de croisière au cours de la somptueuse dernière partie. La bataille finale tant attendue est parcourue par un souffle épique assez grandiose, la flotte navale de l'ennemi est juste grandiose et l'assaut donné incroyable. Sur grand écran, l'assaut final devient épique, que ce soit par l'air, sur mer ou sous l'eau. Là encore, le budget n'aura sans aucun doute pas permis de traduire l'entière vision de Nonzee, mais l'arrivée des baleines et l'utilisation du fameux canon sont tout simplement somptueuses et en mettent plein les mirettes et les oreilles.
Un film, auquel il faudra savoir pardonner certaines petites imperfections pour pouvoir pleinement le savourer; mais il le mérite…et il mériterait d'autant plus un succès (local) à grande échelle pour décider ses producteurs à investir dans les deux autres épisodes d'ores et déjà prévus par Nonzee pour donner une parfaite conclusion à cette légende.
A NOTER, que la version présentée à cannes 2008 n'est pas la version finale, mais sera légèrement modifiée et re-montée.