Ghost Dog | 1.75 | Bon sentiment, quand tu nous tiens… |
Pour le premier film de Tony BUI, un jeune vietnamien qui vit depuis l’âge de 2 ans aux USA, Harvey Keitel a été sympa : c’est lui qui l’a produit, c’est lui qui y joue un petit rôle de GI, c’est donc lui qui suscite l’intérêt dans les chaumières du monde entier, et c’est sûrement lui qui l’a fait présenter au Festival de Berlin 1999 ainsi qu’à Sundance. De la à dire que sans lui, ce portrait du Viêt-Nam d’aujourd’hui serait passé totalement inaperçu, il n’y a qu’un pas, franchissable sans trop de remords. A l’opposé du ton très dur et très pessimiste qu’avait adopté Tran Anh Hung dans Cyclo, Trois Saisons propose une vision du Viêt-Nam plutôt édulcorée et optimiste, en évitant soigneusement tous les sujets qui fâchent (prostitution enfantine, misère) à travers plusieurs personnages dont les destins se croisent : un GI qui n’a pas guéri de la guerre et qui cherche sa fille, une cueilleuse de lotus blanc qui se prend d’affection pour un vieux poète lépreux, un petit mendiant qui se fait voler sa boîte, ou encore un tireur de pousse-pousse qui tombe amoureux d’une prostituée adepte du luxe.
Tout cela est bien gentil, mais on n’apprend strictement rien pendant 90 minutes, rien qu’on ne savait déjà. Outre le fait que l’on doit attendre une demi-heure pour commencer à entrer dans le film et son ambiance, l’ennui se fait pesant au fur et à mesure que l’on découvre que les personnages sont assez superficiels et que leurs destins sont loin d’être palpitants… Trois Saisons se veut être une réflexion sur l’identité des habitants de Saigon, alors que leurs traditions se perdent doucement et que leurs habitudes muent irrémédiablement. C’est surtout une occasion unique pour les américains de découvrir les facettes d’un pays qu’ils méconnaissent finalement beaucoup, du point de vue d'un de leurs compatriotes. On retiendra quelques images attachantes (ce magnifique champ de fleurs de lotus), mais on restera probalement comme moi sur sa faim…