Gosha's Way
Une actu
Hideo Gosha reloaded +
Bunta Sugawara qui nous quitte = allons-y découvrir, enfin, ce
Quartier violent. Qui l'est assurément. Ca n'est pas tout jeune mais à mes yeux précède de nombreux films de gangsters qui me plaisent énormément. Le vieux yakuza repenti rattrapé par son destin renvoie au Carlo Brigante de
L'impasse (
Carlito's Way) de
De Palma ; l'exercice de style dans la violence préfigure à donf le
Only God Forgives de
NWR ; quant à ces gangsters romantiques balladés par des politicards, ils furent joliment repris dans le
A Hero Nevers Dies de
Johnnie To - qui, de fait, lui doit beaucoup en plus de cette même photo tournoyant autour du rouge, couleur qui caractérise bien Gosha par delà la patine 70's - pas autant toutefois que
Seijun Suzuki - stop.
Alors oui, ça sent l'exploit' à plein nez avec ces scènes qui "tétonnent" un max et un cabotinage muy macho respectant un cahier des charges évident. Mais ça fait sacrément du bien, parce que outre cette forme rutilante qui m'a d'un coup permis de respirer un peu, de bouffer sans gêne de mon média préféré, même si la distance ciné-réalité est déjà là le delta s'avère moins important que maintenant. Les couches de virtuel s'amoncèlent depuis. Autant dire que je suis remonté de 4 étages d'un coup avec ça ! Pas de fausse voix grave à la Batman en boucle - mode générale US qui fera vieillir le jeu des acteurs, donc le ciné contemporain à vitesse grand V -, une armada de gueules qui défilent comme dans un
Melville (pas de geek moche dans l'oeil de la caméra : on est là pour rêver, merci), plusieurs scènes fortes chargées en métaphores qui se succèdent : un flingage autour de mannequins en plastique, une baston homérique dans un poulailler, ces chiens qui ouvrent et ferment le film. Merci - MERCI ! -, tout ceci prend sens, comme le soulignait d'ailleurs très bien Ordell (en 2005, 'suis à la bourre). Les gangster ne sont donc que des animaux, des jouets que l'on sacrifie aisément. Pourtant, une mode de rappeurs les en a fait se réclamer, nos chers gangsta', via cet anagramme dog (chien ) / god (dieu). Fiers de bouffer dans leur gamelle ?
Reste que le rôle de Sugawara frôle le clin d'oeil appuyé à son personnage populaire des
Yakuza Papers de
Fukasaku. Il passe là comme un
Chow Yun-fat, cousin hongkongais qui s'impose grâce au
Syndicat du crime, fait coucou à son public dans une prod'
Wong Jing ou sur un show de Noël. S'il menace de peu de casser les enjeux louables de ce polar mémorable de sa tronche aussi frivole que charismatique, avec le contexte de sa mort on tient là un bel au-revoir, celui d'un fantôme passé filer un dernier coup de main à un pote avant de s'en aller aux cieux, clope au bec et fusil fumant. Un très bon film.
A l'ancienne.
Il y a l'ambiance, le sens du cadre, les acteurs, le score qui va du swing au jazz en passant par la guitare langoureuse typique, allant même jusqu'au flamenco avec les deux danseuses qui apportent au bar "Madrid" toute sa chaleur. Il y a la sensualité, le sexe, discret mais sous tendant, la femme que l'on aime et celle dont on hérite un peu par hasard, héritage d'une fin de parcours assagie mais difficile. Il y a les montées de violence 70's un brin vieillottes mais tellement énervées, toujours accompagnées de touches créatives pour laisser son petit effet (les masques, les mannequins, les poules, la contre plongée de l'empoignade, la flaque d'eau imprégnée de sang et ce zoom vers le visage de l'assassin travesti (transexuel ?), etc). Il y a donc beaucoup de petits gourmets pour le pur cinéphile amateur de polar/Yakuza-eiga 70's stylé mais on ne peut pas dire que le scénario porte bien plus loin l'ensemble comme souvent. Il se révèle tout à fait classique dans sa construction et semble même très longtemps avoir du mal à décoller en dépit de ces petites envolées régulières plus ou moins transgressives et créatives qui savent mettre du goût mais ne suffisent pas à en faire un chef d'oeuvre, tout comme ces visages de rebelles impassibles qui fleurent bon l'exploit' ne sortent pas vraiment le film des rails bien connus.
Oui mais voilà, il y a ces 5 dernières minutes, capitales. La fin parfaite qui, sans s'envoler d'avantage dans le visuel, parvient très simplement à cerner le propos de Gosha. ***spoiler aussi*** Ce passage d'une ère à l'autre, ce moment où les vieux rebelles burinés qui ne savent jeter l'éponge passent malgré tout la main à une puissance plus discrète faite d'hommes d'affaires sournois, pour ne pas dire de couilles molles, qui s'emparent du pouvoir en laissant les vieux chiens enragés de la rue se terminer entre eux. ***fin de spoiler***
Cinq minutes capitales et limpides où Gosha montre très clairement son affection pour les vieux bagarreurs à l'ancienne, au visage plein de vécu, des hommes qui connaissaient l'honneur et savaient rentrer dans le tas comme personne. Mention à Bunta Sugawara qui fait son petit passage à la cool, aide son pote à grands coups de fusils à pompe en écoutant sa radio, et repart tranquillement le job terminé.
Un peu trop balisé et classique sur les bords donc si je dois donner mon avis de simple amateur, mais un sympathique moment malgré tout qui offre une seconde partie plus motivante.
La Cité de la violence
De l'importance d'une fin de film... Car sans ses 5 dernières minutes Quartier Violent ne serait qu'un plaisir cinéphile coupable et gratuit. Rien de plus que l'Eden inavoué de l'amateur de polar HK eighties, c'est à dire un alliage acteurs de charisme/brutalité gratuite/brio formel hautement explosif.
Trois ans après avoir offert avec Les Loups un sommet à un ninkyo eiga en voie d'extinction, il déroule ici une maestria formelle pas oublieuse du classicisme mais pas totalement à contre-courant du style sec des jitsurokus d'époque non plus. Caméras à l'épaule et gros coups de zooms sont ici au rendez-vous et la photo naturaliste ajoute au parfum seventies de ce yakuza eiga. Mais Gosha sait aussi parfois user brillamment du hors champ, faire ressentir à coup de plan distant l'étouffement lors d'une bagarre dans une zone étroite, user lors d'un meurtre d'une combinaison ralenti/décadrage. Il sait parfois aussi user du montage et de la mise en scène afin de créer du suspense comme par Spoilers ce montage alterné anticipant le lieu où les personnages vont exécuter leur contrat. Ou encore ce plan ne montrant pas que si Sugawara Bunta transpire la coolitude sur le siège arrière pendant un gunfight c'est parce qu'il a une arme prete à l'usage. Fin Spoilers
Hors des scènes de genre, Gosha se montre tout aussi brillant. En usant parfois de la durée pour laisser se révéler un regard qui en dit long ou en utilisant bien une certaine grammaire formelle classique (grand angles distants, caméra s'approchant des personnages avec ampleur). Mais aussi lors des spectacles dansés où Gosha révèle un vrai sens du corps en mouvement. C'est particulièrement évident lors de la première scène de spectacle de flamenco où Gosha capte la sensualité du flamenco avec assurance, sans trop en faire. Ou lors de cet usage du montage alterné faisant se succéder scène de sexe et scène de danse. A cette maestria s'ajoute un casting all stars charismatiques (Ando, Kobayashi, Bunta, Tanba) et quelques petits "détails" attachants. Comme Bunta accompagnant un tueur à l'arrière de la voiture lors d'un canardage, ce travesti tueur très sasorien ou ces yakuzas contemplant un spectacle scénique évoquant les ninkyos sixties, soit cet univers de code d'honneur totalement absent du monde yakuza à l'écran. Tout ceci réussit à compenser un scénario mille fois vu de conquete territoriale, de guerre des clans où des personnages peu fouillés ne font pas dans la dentelle dès qu'il s'agit de cogner ou torturer.
Les 5 dernières minutes donc... Spoilers Ce moment où se révèle que tout ce bain de sang n'était qu'un moyen de mettre en place un ordre gangstérien nouveau plus propre, plus discret. Ce moment où le Japon tout entier est sous la mainmise d'un seul gang. Et où lorsqu'un des passagers de l'avion demande comment régler le compte d'un yakuza incontrolable l'autre lui répond: laissons les rebuts s'entretuer. On se met alors à penser au plan d'ouverture montrant un chien en cage et se dit que l'univers yakuza dépeint n'est qu'un monde où les chiens s'entretuent. Chose que confirmera la dernière séquence. Le monde décrit était finalement celui de ces rebelles si chers à Gosha, ces rebelles tentant de faire face aux grandes forces collectives mais se retrouvant écrasés par elles. Fin Spoilers Cinq minutes donnant tout leur sens à ce qu'on avait vu précédemment. Le cinéma tient à peu de choses parfois...
Un bon polar.
Bon polar sur la pègre au Japon. Un film sur l'honneur des Yakuzas et leur combat entre leurs différents clans.
La réalisation magnifique d'Hideo Gosha fait la différence, la violence qui en ressort s'avère par moment franchement impressionante (fracassage de crâne, entailles au rasoir, egorgement, fusillade, etc...) et d'une noirceur redoutable. Le film ressemble d'ailleurs par moment à un pur giallo à la Argento (tueuse à la lame de rasoir, sang rouge vif, musique jazzy), on pense à Profondo Rosso, son chef d'oeuvre.
Histoire tragique, mêlée d'érotisme et d'action pure, chaque paysage ressemble à un véritable cimetière (la casse des poupées, enorme!) attendant d'acceuillir le moindre corps tombant sous les balles.
Un polar n'ayant rien à envier aux films de Fukasaku, étalant des personnages violents et sans peur, mais on lui préferera Le sang du damné, avec un Nakadai impérial.
Décalage
Sympathique yakuza eiga sans grande originalité vis-à-vis des centaines de produits similaires à envahir les écrans nippons dans les années '70s, mais jouissant d'une totale maîtrise, d'un excellent casting et d'une réflexion plus profonde que d'habitude.
Comme souvent, le personnage principal est en décalage avec son temps - mais cette fois, ce n'est pas parce qu'il a purgé une peine de prison, mais parce qu'il s'est enfermé lui-même dans une sorte de rêve (le Madrid), où le temps serait suspendu.
Ayant perdu prestige (il a dû dissoudre son ancien clan pour servir des responsables plus hautement placés que lui) et femme (elle s'est mariée avec son "supérieur" le temps qu'il soit en prison), le personnage principal passe donc son temps au comptoir de son bar, veillant au bon ordre des choses et que al fin de ses jours arrivent.
Il sera obligé de sortir de sa retraite forcée...ou - faudrait-il dire plutôt - il retrouve une étincelle de vie pour retrouver des sentiments depuis longtemps perdus ET le moyen de se venger de son ancien commanditaire devenu son ennemi juré.
Il retrouvera très vite ses marques, tuant sans remords toute personne entravant son chemin. En route, il croisera les fantômes d'anciens comparses, qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, mais dont un SUGAWARA prend un malin plaisir de venir participer à une nouvelle virée meurtrière.
Il ne pourra pourtant éviter à ce que la page de sa génération soit tournée par de vils hommes d'affaires - et de croire en la terrifiante représentation, que le Japon ne serait désormais gérée que par des anciens yakuzas reconvertis...Curieuse affirmation, qui n'est finalement pas trop loin de la réalité, quand on connaît les moyens des politiciens pour arriver à leurs fins et les nombreuses affaires scandaleuses secouant régulièrement tous les partis politiques mondiaux.
Effectivement, la fin est de toute beauté et impressionne par sa réflexion engagée.
Bon petit film, violent efficace,...
Dans ce film, très seventies dans l'esprit car assez désabusé, la truanderie a l'air de débecqueter tout le monde, que ce soit les truands eux-mêmes (qui veulent se lancer dans la légalité et laissent, comme il est dit à la fin: "les vermines s'entre-tuer") ou encore la femme de Ando Noburo qui préfère un minable honnête à un truand glorieux,... bref tout le monde a l'air fatigué mais, comme chacun sait, on ne se refait pas et le naturel revient par la fenêtre qu'on avait chassé par la porte. La crudité de la violence renforce encore cet aspect un peu nauséeux du métrage.
Noburu Ando est parfait dans le rôle du vieux truand usé, Bunta Sugawara offre une belle prestation en décalage avec la tonalité du film par sa désinvolture et Tetsuro Tamba fait un petit cameo en chef de gang omnipotent et méprisant.
On a vu plus original, on a vu plus fameux mais toutes les qualités du film compilées ca donne un bon petit film, violent, apre et désenchanté, parfaitement dirigé par Gosha et parfaitement interprété par le casting dans sa totalité.
ANDO NOBORU ON FIRE
Si il est de coutume de dire que hideo gosha est un réalisateur de chambara, il ne faut pas occulter le fait qu'il a affirmé également dans quelques yakuza eiga, (à ce titre voir et revoir CASH CALLS HELL pour s'en convaincre) et ce QUARTIER VIOLENT datant des 70's.
Le reproche de ce film pour beaucoup est qu'il ressemble à du FUKUSAKU(le grand spécialiste des polars des 70's). Est ce cela l'important? Non, car on retrouve la maitrise du scope, les personnages tortueux, les complots, les trahisons, la violence exacerbé et froide , tout cela, tout ce qui fait la marque du grand HIDEO. Alors si comme quoi vous êtes fans de yakuza eiga et que vous voulez voir un immense réalisateur dans ce genre, vous savez ce qui reste à faire...
un polar un vrai
Un polar brut et sans concessions ( rho putain cte fin bien nihiliste comme y faut ), une fois de plus avec Gosha y a une sacrée galerie de perso secondaire : un tueur au perroquet, un tueur travesti ( au debut je croyais vraiment que c'etait une femme apres y a une drole de scene de cul dont on comprend pas trop l'interet tout de suite, et paf la révélation arrive :mrgreen: ), des mechants yakusas ( plein ), des jolies geisha merveilleusement mis en valeur, mention tout de même au perso joué par SUGAWARA Bunta qui vient aider son pote a grand coup de fusil a pompe avec son walkman et son gros casque sur les oreilles et repart la scene qui suit, la demarche toujours aussi cool.
Le debut avec la scene de flamenco nous fait tout de suite rentré dans le film avec une bande son vraiment prenante. Et une fois de plus l'intrigue est plus complexe qu'il n'y parait avec un enlevement qui tourne mal dont le but est de foutre la merde entre les 2 gros clan de la ville, mais finalement l'issue finale sera totale differente et au milieu de tout ça se trouve le perso joué par un tres charismatique ANDO Noboru, qui veut juste vivre tranquillement dans son bar.
Y a quelques exces de violence bienvenue avec du bon gros sang bien rouge et quelques combats bien violent.
Un polar urbain, un vrai.
04 décembre 2008
par
Scalp