| Elise | 3.5 | Ambitieux dans la mise en scène d'un sujet plutôt banal |
| jeffy | 3.5 | Il ne manquait pas grand'chose pour faire un grand film |
| Yann K | 3 | Ambitieux, complexe... raté |
| Ordell Robbie | 2 | Lettre terne |
Pas vraiment original de voir un film parler d'un homme ayant une relation extra-conjugale qui finit évidemment par troubler sa vie de famille. En outre le film raconte une histoire policière en parallèle qui vient recroiser le sujet principal du film sur certains points ; mais le film est loin de se transformer en polar et reste dans le cadre des relations hommes/femmes si complexes. Quelque part cela change des mélodrames d'ados habituels pour passer enfin dans un monde plus adulte ; ce qui entre nous ne change pas grand chose au sujet, a part que l'on voit aisément que les conséquences en sont bien plus lourdes. L'avantage de ce film est de développer l'univers du personnage principal dans des détails assez poussés, ce qui permet de se sentir moins arnaqué quand on voit comment la chute est nase, ce qui est le gros défaut du film ; et comme on sait, un fin fouareuse, ca a tendance a gâcher même de bons films (qui a dit "Collateral" ?).
Comme je n'ai pas envie de gâcher le plaisir de voire une mauvaise fin, je vais parler de ce qui est bien dans le film ; donc comme dit précédemment, le développement va loin et reste très clair ; d'un coté le personnage enquête sur un meurtre en interrogeant la femme sur ses activités extra-conjugale, et de l'autre il poursuit sa relation avec une chanteuse de piano-bar qui est en même temps la meilleure amie de sa femme ; le problème est que la maîtresse tombe enceinte et qu'elle en a assez d'être la deuxième. Au final le film prend une tournure psychologique assez bien menée et la scène dans la voiture est tout simplement géniale ; vraiment prenante et triste a la fois, elle a également l'avantage de proclamer encore une fois le talent dramatique exceptionnel de Lee Eun-Ju, déjà excellente dans Lover's Concerto ; dommage que ce soit cette scène qui serve a lâcher la révélation finale psychologiquement et scénaristiquement inutile a mon goût ; on dirait qu'elle n'a été ajoutée au scénario que pour essayer de mettre sur le cul le spectateur, alors que celui ci est déjà déposé par la profondeur psychologique de la scène en elle même.
En gros, excellent film dramatique qui développe une tension psychologique évoluant crescendo tout au long du film, admirablement menée par le réalisateur et sublimement interprétée par les acteur, mais qui malheureusement se termine sur une chute franchement inutile qui aurait gagné a être supprimée au montage.
Ce film est fait de drôles de croisements, d'ailleurs l'histoire est en elle-même la réunion de deux trames. Mais au lieu d'être un ensemble fécond et ouvrant sur de multiples pistes, The Scarlet Letter est un imbroglio raté qui cumule les défauts. On arrive toujours pas à cerner Daniel H. Byun, vu tous les genres qu'il essaie d'aborder ici, après un Interview cliché et maladroit. Une chose est sûre, il a pris du galon : l'image est luxueuse, les acteurs beaux, les décors opulents. Justement, cette impossibilité de sortir le film des lofts, des mercedes (ou l'équivalent coréen), des club de jazz ou galeries d'art au top de la mode Seoulite, cet embourgeoisement, on le croyait réservé aux films français du 16ème arrondissement. Le film n'est pas plus modeste dans sa narration, ampoulée sans être virtuose, mais là on décèle quelques éléments positifs. Une séquence nous réveille à la fin du film : deux amants sont coincés dans le coffre d'une voiture isolée, avec un pistolet chargé, mais comme le coffre est blindé il ne peut leur servir à se dégager. La situation va durer jusqu'à la folie furieuse, jusqu'au bord du ridicule, mais au moins a ce moment le film déraille. Le reste du temps, il semble toujours manquer quelque chose : pas assez de passion, de folie ou d'angoisse, trop de détours, de retournements, d'envie de faire du scandale qui ne nous émeuvent pas. Reste, tout au long, une interprétation savoureuse, notemment de Lee Eun-Joo et Sung Hyun-ah, toutes deux révélées par Hong Sang-soo, qui s'amusent ici avec des rôles de composition sophistiqués.
Plus réussi qu'Interview jusqu'à sa dernière demi-heure, ce second film de Daniel Byun Hyeok ne convainc pas pour autant. Pour tout dire, il s'agit d'un film d'un niveau cinématographique d'ensemble médiocre maintenu à flots par un casting trois étoiles. On avait en effet pu apprécier tout le talent d'Han Seok Kyu chez Lee Chang Dong et celui de Lee Eun Joo et Sung Hyeon Ah chez Hong Sang Soo. De ce point de vue, aucune déception à l'horizon et leur présence leur permet de surnager au milieu de cet océan de platitude. On ne saurait être aussi élogieux concernant le reste. Techniquement au point, le film n'en est pas pour autant vraiment mis en scène. Daniel Byun Hyeok ne fait ici rien de plus que de dérouler de jolis cadrages, des mouvements de caméra pas mauvais mais terriblement anonymes sur des images photographiées de façon léchée. Un peu comme cette version chantée de Only when i sleep des Corrs dans un club chic de Séoul réalisée comme un MTV Unplugged. A l'image d’un script ne s'aventurant presque jamais hors du Séoul chic et branché, la mise en scène de The Scarlet Letter est du années 80 avec 20 ans de retard. Cherchant à courir plusieurs lièvres à la fois, la narration n'aide pas non plus le film à sortir du ventre mou. En tant que thriller, le film se laisse regarder sans être particulièrement captivant. En tant que film de trio amoureux, le scénario ne réussit jamais à trouver d'idées qui rendraient fascinants les rapports entre Ki-hoon, Soo-hyun et Ga-hee. Et l'assemblage des deux récits ne débouche pas sur une structure narrative cohérente. Et il y a surtout cette scène des amants enfermés dans le coffre à la durée étirée de façon très poussive, à la réalisation incapable de créer de la tension. Et dans laquelle les acteurs finissent par faire dans la surdose de pathos. La mécanique trop bien huilée du film se dérègle certes alors mais c'est pour précipiter le film dans le ridicule. D'où au final un film ni aimable ni détestable en forme de coup d'épée dans l'eau.


