Tanuki | 2.75 | Pour les nostalgiques |
Première constatation : le noir et blanc est un avantage incontestable. L'idée de la coloration saugrenue des cheveux de nos rockeurs est suggérée plutôt que montrée et ça agresse beaucoup moins les yeux. Hormis les couvertures scintillantes de paillettes 100% cul-cul la praline, les "beaux" éphèbes ont juste les cheveux longs et frisés sur le papier ce qui est déjà bien assez. Après, il reste le problème du chara-design qui en lui-même est parfois assez violent, surtout chez les personnages masculins. Les visages sont très anguleux et rarement harmonieux, souvent déformés par faute de maîtrise des profondeurs et de la perspective, les mains ont aussi droit à un traitement...spécial ; Shella décroche d'ailleurs la palme du personnage le plus terrifiant de ce manga. Le côté ambigu et séducteur passe à la trappe dare-dare (et ça n'est pas une frange mal taillée qui changera les choses). D'ailleurs c'est un peu le cas pour l'ensemble des hommes qui peinent vraiment à attraper l'oeil de la lectrice fleur-bleue en quête de beaux Apollon auxquels s'attacher. Ou alors c'est une question de goût. A côté de ça les demoiselles s'en sortent mieux et Yakko est vraiment mignonne. Là où l'auteur excelle par contre, c'est pour dessiner les enfants qui sont tous d'adorables petites boules à la bouille ronde qu'on dirait tout droit sortis de Inai Inai Baa, l'émission matinale pour enfants de la NHK. Roméo... pardon ! Giuliano est égal à lui-même, un gros chat rondouillard comme dans la série. Visuellement les planches sont assez surchargées, avec un gros travail de découpage et de remplissage des arrières plans (cœurs, étoiles, triangles, fleurs...) et énormément de dialogues donc de bulles mais rien de plus normal pour un shôjo après tout. La digestion est juste un peu difficile par moment.
Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, on sait rapidement qui est l'élu du cœur de Yakko (surtout si on a vu la série) mais comme toujours dans les romances, les choses ne sont pas simples et le futur couple va devoir tâtonner pendant 4 tomes très épais avant qu'arrive le Happy End. La chose curieuse, c'est que de mémoire l'histoire avec Satomi/Tristan semblait occuper le plus gros de l'intrigue et il y avait un vrai triangle amoureux qui durait, durait, durait... Hors dans le manga, c'est expédié beaucoup plus rapidement pour laisser place à d'autres rebondissements somme toute assez classiques mais qui permettent d'avancer logiquement vers le dénouement. Il s'en passe des choses d'ailleurs, pas au point de trépigner dans son siège pour savoir comment tout cela va se terminer mais ça suffit à soutenir de manière correcte une histoire qui est loin d'être la plus passionnante des romances. Quoique le jeune punk de la fin ne s'en sort pas si mal. C'est néanmoins difficile de vraiment vibrer avec les personnages et ce manga s'en sort finalement mieux avec sa composante humour ; les rebondissements dramatiques n'étant jamais vraiment à la hauteur. Car oui, il y a quelques scènes qui font vraiment rire, volontairement ou pas. Le pauvre Hashizo/Benjamin est souvent au cœur de ces passages d'ailleurs. Entre sa totale innocence, ses grandes remarques philosophiques du haut de ses...5 ans et sa grande liberté de mouvement tout à fait improbable, il passe plus pour l'amuseur de service avec son gros chat qui doit peser autant que lui dans les bras. Il parait assez clair que ce manga n'est pas un grand manga, que ce soit au niveau du dessin que de l'histoire. Difficile même d'imaginer que la jeune génération puisse y trouver beaucoup d'intérêt. Par contre, les trentenaires qui ont grandi avec Lucille ne peuvent pas ne pas se jeter dessus tellement l'effet madeleine de Proust est puissant. Car oui, à 8-10 ans, l'histoire tumultueuse de Lucille, Matthias et Tristan faisait pleurer dans les chaumières et le rock avec des cheveux jaunes et roses ou violets c'était le top du romantisme. Heureusement, on a grandi et ce manga est là pour nous le rappeler.