Ordell Robbie | 2.5 | Vague usée |
Adapté d'une pièce de théâtre très populaire au Japon, Buraikan montre un Shinoda déjà dans une impasse artistique après ses réussites des années 60. Cet admirateur de Mizoguchi a toujours cherché à utiliser le cinéma pour faire émerger quelque chose de supérieur à la réalité. D'où des parti pris formels faits d'une stylisation virant à l'abstraction. Parti pris fonctionnant parfaitement lorsqu'il s'agissait de montrer le monde des yauzas comme un univers ritualisé (Pale Flower), distiller un certain fatalisme à travers Chikalmatsu (Double Suicide à Amijima), le yakuza eiga (Pale Flower encore) et le jidaigeki (Assasination Samurai Spy). Ou encore montrer l'évènement historique dans sa complexité ses ambiguïtés (Assasination, Samurai Spy). Ces thèmes-là, on ne les retrouve pas dans le scénario signé TERAYAMA Shuji. Il est ici question de multiplication quasi-sérialesque de personnages et de rebondissements, de vie de personnages de divers milieux sociaux dans un quartier des plaisirs à l'aube de tumultes historiques, le tout traité avec un ton plus léger que celui des scripts des Shinoda précédemment mentionnés. Légèreté qu'on retrouve dans un score entre jazz et tradition nipponne de Sato Masaru dans la lignée de son travail sur Yojimbo. Les partis pris formels de Shinoda ressemblent du coup à de la griffe de cinéaste artificiellement plaquée sur son sujet et la déclinaison de ces derniers sombre cette fois dans l'esthétisant. Plus "conservateur" que ses collègues de la Nouvelle Vague, Shinoda est déjà sur la route d'une certaine Qualité Japon.