Dommage que nous ne puissions découvrir ce long métrage d'animation, le troisième film de Takahata si l'on considère Gauche le Violoncelliste comme un long, sur grand écran. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de le découvrir aux Festival Nouvelles Images du Japon (projeté en 2001 et 2003) il y aura toujours la possibilité de se rattraper avec le DVD que doit éditer Wild Side...
Adapté d’un manga de HARUKI Etsumi le film Chie connaîtra également une version TV que se chargera aussi de réaliser Takahata aidé de Kotabe. L’année de la sortie de Chie au Japon est aussi celle de Gauche et on ne peut s’empêcher de rapprocher ces deux œuvres en tant que véritable acte de naissance du style de leur auteur. Si Horus est le premier film de Takahata ces deux derniers, sans la présence de Miyazaki, illustrent la démarche qui sera la sienne dans les années à venir : une animation marquée par la diversité des styles –des formes- au service d’histoires ramenant au monde réel même si elles ne s’interdisent pas une dimension fantastique. Chie connût un bon succès à Osaka (lieu où l'action se déroule) lors de sa sortie en 1981 mais son accueil fût plus mitigé dans le reste du pays en raison du dialecte local utilisé dans le film.
Histoire d'apprécier au mieux le travail d'adaptation graphique pour l'animation des dessins du manga original voici quelques cases issues de ce dernier. Pour les amateurs voici même -bonus !- un lien vers un site proposant plus d'une dizaine de pages de l'oeuvre originale dans la version japonaise et dans une traduction anglaise ! Si un éditeur français passe dans le coin qu'il daîgne donc jeter un coup d'oeil à cette preview, à vue de nez il y a là un manga de qualité... : preview manga de Chie
Une interview passionnante de TAKAHATA Isao est en ligne sur le site ghibliworld.com consacré à devinez quoi. Effectuée dans le cadre du festival Anima 2006 à Bruxelles, Belgique, elle est en anglais dans le texte et complémentaire à celle disponible en français sur buta-connection.net, site français dédié à ces mêmes studios pour un dialogue cette fois entre l'artiste et des collégiens. Voici ce qu'on peut en retenir :
Lorsqu’on lui parle de son statut d’artiste oeuvrant dans le réel, Isao Takahata démonte la fantasy et ce qu’il appelle même la « fanatasy », selon lui un univers chimérique où les jeunes se complaisent à passer leur temps. Il affirme surtout détester les créations fantastiques aux designs réalistes réduisant d’après lui les limites entre monde réel et (final ?) fantasy, les jeunes abusant de la chose étant enclins à trouver la réalité déprimante. Dans cette continuité il conteste l’aspect pessimiste que certains voient dans son œuvre et cite le final de Pompoko, insistant sur l’assimilation d’une réalité non manichéenne pour mieux encourager la vie et l’espoir qui l’accompagne.
Généreux, Isao Takahata dévoile également dans ces interviews ses travaux en cours sans toutefois promettre d’aboutissement. Il parle d’une histoire épique sur la guerre des seigneurs de clans au 12ème siècle, d’un projet sur les « ainus », une minorité ethnique du nord du Japon parait-il à l’origine du peuple japonais, et après l’avoir déjà fait avec Goshu le violoncelliste il aimerait une nouvelle fois adapter une œuvre de MIYAZAWA Keniji, écrivain décidemment d’actualité puisqu’il est aussi à l’origine du court métrage Night of Taneyamagahara de OGA Kazuo dont nous avons discuté dans d'autres dépêches un peu plus bas. Ces projets étant tous très alléchants, il n'y a plus qu'à espérer...
Interview intégrale et en anglais sur Ghibliworld.com (news du 22/03/06).