Elise | 4 | Copie conforme du manga |
MLF | 5 | La pomme : Le fruit du savoir divin |
L'anime adaptée du manga Death Note est en tout point conforme, tant dans les événements que dans les dialogues. Rien de particulier à ajouter. Pour avoir un avis précis, autant se reporter à ce que je dis sur le manga :
"Death Note est en tout point un excellent manga, qui montre une enquête impossible sur un ennemi surnaturel. Des meurtres ont lieu, sans que personne ne sache comment le meurtrier a opéré. Toutes sont des crises cardiaques, mais le meurtrier n'a pas pu rencontrer ces personnes, ni même leur parler de près ou de loin. De plus, ces morts s'étalent sur tout le globe, à n'importe quelle heure, défiant toute logique. Pourtant un détective, L, se lance à sa poursuite, mais tout en cherchant à connaitre le modus operandi, si intriguant, il ne se base pas dessus pour faire évoluer son enquête. Il dresse un portrait psychologique du tueur, bluffe, et utilise des indices alternatifs pour réduire petit à petit le cercle de son enquête. Raito, ou Kira, comme il est baptisé par la population, étant spectateur de l'enquête, est témoin de ce phénomène et doit faire preuve de plus en plus d'imagination pour échapper aux griffes d'un détective près à sacrifier des vies pour retrouver le plus grand meurtrier de tous les temps.
On assiste donc à un combat psychologique formidable. On suit les deux personnages dans leurs pensées, ce qu'il savent de l'autre, comment ils réagissent à chaque événement... tout est magnifiquement réfléchi et tellement logique que c'en est même effrayant de voir jusqu'où ils sont près à aller pour trouver l'autre. C'est encore plus vrai dès lors qu'ils sont côte à côte, car faute des moyens d'attaques, ils se livrent une bataille d'une grande tension et bien jouissive.
Quelques points sont cependant un peu décevant. Par exemple, il fallait des boulets, alors ils ont mis des policiers. Pas que les policiers doivent par définition être des boulets dans les livres ou les films, mais ici, c'est toute l'équipe d'enquête qui sert strictement à rien, ce qui est exacerbé dès lors qu'ils ne sont plus que 6 ou 7, et qu'il y en a pas un pour relever l'autre. Et pire, le commissaire (père de Raito), n'en rate pas une pour faire fouarer l'enquête. Cela dit, s'il était pas là, L aurait gagné depuis longtemps, mais autant le commissaire est utile pour rappeler à L qu'on ne peut pas faire n'importe quoi avec la loi, autant des fois il est carrément gênant ; mention spéciale au tome 9, ou il est carrément responsable de la mort de plusieurs policiers parce qu'il se chie dessus en sortant son pistolet (et ca se dit policier).
Autrement, l'histoire change totalement de perspective à partir de ce tome, après un événement particulier que je ne révèlerai pas, mais je ne sais pas si je dois aimer ou non la nouvelle façon d'aborder le sujet. C'est tout de même digne d'intérêt pour ceux qui ont le temps d'aller plus loin. Sinon pour les autres, il n'est pas nécessaire de continuer après le tome 8, l'histoire y trouvant une chute relativement convenable."
J'ajouterai en outre qu'on se lasse un peu plus vite de l'anime que du manga. Peut-être est-ce parce que j'ai déjà lu le manga, mais à partir de l'épisode 18, ça commence à me gonfler. En tout cas, très bonne série.
L’histoire d’un jeune garçon, Yagami Light, surdoué, qui arrive à sa dernière année de lycée, et trouve la vie d’un ennuie certain. Il trouve un cahier, le death note, possédant un immense pouvoir. Si on y note le nom d’une personne dont on connait le visage, celle-ci mourra d’une crise cardiaque dans les 40 secondes. Après quelques expérimentations, Yagami Light décide d’utiliser le carnet pour exterminer la vermine humaine. S’en suit une vague de mort par crise cardiaque dans les prisons. Le phénomène est planétaire et est suffisamment important pour que la police s’interroge. Elle fait alors appel à un homme mystérieux « L », dont nul ne connait ni le nom, ni le visage. « L », d’une intelligence remarquable, parvient aisément à cibler la zone géographique où se cache le criminel que la population a déjà surnommé « Kira ». De là, commence un affrontement entre celui qu’on nomme « L » et celui qu’on nomme « Kira » dans une sorte de partie d’échec où chacun avance ses pions pour découvrir l’identité de l’autre.
Death Note est d’une telle densité, que je ne vois pas comment l’aborder autrement qu’en commençant par son propre commencement. Pas de panique, ceci n’est que le pitch de départ d’une aventure de 37 épisodes qui a de quoi tenir en haleine. Tout dans cet animé frise la perfection, à la fois point par point, qu’il s’agisse de la qualité des « graphismes », du scénario, de la dramaturgie ou de la composition, mais aussi dans l’interconnexion de ces éléments, à savoir la mise en scène.
Le scénario, c'est-à-dire l’histoire, est en soit passionnant. Une idée simple, dont l’intelligence me semble reposer en premier lieu sur deux faits majeurs. Le premier est l’ambigüité du « mal ». Kira, Yagami Light, est-il mauvais ? En un sens, il ne fait que tuer des criminels. Mais dans un autre, il tue des gens emporté dans un sentiment de toute puissance. L’enjeu de savoir qui de Kira ou de L gagnera est d’autant plus prenant que les personnages ne sont pas enfermés dans une image éthique caricaturale ; ce n’est pas le bien contre le mal, nous ne sommes pas dans un dispositif où « le monde sera détruit si le mal l’emporte ». Et d’ailleurs où se trouve le mal ? Le mal c’est avant tout cette cellule humaine que Kira tente d’exterminé… Bref, ce n’est pas un débat éthique mais idéologique.
Le rythme de la série est très impressionnant. Rapide, fougueux, emporté, il ne faiblit jamais. Death Note est très loin de ces usages qui consistent à poser une situation et à la maintenir dans un équilibre parfait jusqu’au dénouement final. L’enjeu de vie ou de mort est là, pressant et il y a urgence au point qu’à chaque épisode on se demande comment le scénario va pouvoir tenir… et pourtant il tient, sans jamais perdre de son intensité. Dès qu’un rapport est posé, qu’un enjeu est présenté, qu’un personnage est introduit il est consumé tel un combustible par et pour l’affrontement. Cette dramaturgie frénétique est d’ailleurs appuyée par des thèmes musicaux à la fois somptueux, participant de l’atmosphère et rythmant l’ensemble des épisodes et de la série, suspendant le temps, accélérant les événements et constituant un plaisir en soit.
Death Note est pour moi la grande surprise de l’année et je ne vois qu’un motif de le boudé : la peur qu’après, tout le reste semble fade, sans saveur. Et s’il est vrai qu’au sortir d’une telle aventure, le reste du paysage audiovisuel semble désespérément médiocre, Death Note est aussi l’occasion de reprendre confiance dans l’inventivité humaine. D’ailleurs, je me demande toujours si les scénaristes Takeshi Obata et Tsugumi Ooba sont de vrais génies ou des fous complets, la frontière entre les deux paraissant plus que jamais incertaine.