Extrême et sans complexe
Pour ce film, Kim Kyung-Mook a choisi de séparer son histoire en deux parties, totalement inégales. Dans la première, il s'inspire d'une vidéo ayant été diffusée sur internet : une caméra cachée filme la rencontre entre un homme d'âge mur et un jeune lycéen dans un motel. Pour coller au plus près du contexte, il choisit de filmer la scène en plan séquence de 45 minutes. La caméra est placée dans un coin de la pièce (cachée), et on voit tout d'abord entrer un homme plutôt rond. Quelques instants plus tard arrive un jeune garçon. Ils se mettent à discuter et on se rend compte qu'ils ont une liaison régulière et qu'ils se rencontrent toujours dans ce motel. Kim Kyung-Mook aura bien eu du mal pour trouver son lieu de tournage ; une chambre où il peut voir le lit dans le cadre principal, puis la salle de bain ouverte sur la chambre en fond, avec la douche bien visible. De même la porte d'entrée est cachée par un bord de mur, et on entend les personnages avant qu'ils n'entrent, sauf l'employé de l'hotel, à la fin, qui entre sans qu'on soit prévenu, et qui se dirige directement vers la caméra. Toute la première partie est ainsi une scène homosexuelle et limite pédophile, dans laquelle l'adulte montre clairement sa supériorité sur le jeune lycéen, et joue de ses sentiments pour assouvir ses fantasmes, car finalement, on se rend compte qu'il n'est pas spécialement homosexuel. Il est même particulièrement homophobe, et son seul rôle est de baiser le lycéen qui subit tout du début à la fin ; il subit même les critiques homophobes de son amant. Les scènes de sexe dans cette partie sont simulées, mais les dialogues sont percutants et le message passe. Le plan séquence fixe est employé à bon escient, et les acteurs sont bons, rien à redire là dessus. À la fin du plan, lorsque l'employé vient chercher sa caméra, il s'attarde pour regarder l'enregistrement, et on voit la vidéo en question.
La deuxième partie coupe complètement avec ce qu'on a déjà vu. Elle est volontairement choquante et provocante, et difficilement soutenable, surtout quand on ne s'y attend vraiment pas. Un homme est allongé sur un lit avec un sac sur la tête, avec un seul trou au niveau de la bouche. Là, un homme s'accroupit au dessus de lui et essaie de lui déféquer dessus. L'homme accroupi est l'employé de l'hôtel dans la séquence précedente, c'est d'ailleurs lui qui manipule la caméra lorsqu'ils doivent changer de position. Au final, il arrivera à faire son affaire sur l'homme masqué, qui se masturbera en s'étalant la merde de l'autre sur son torse. Et cette fois, ce n'est pas simulé. À tel point que dans les crédits, le nom de l'homme masqué ne figure pas. Il restera inconnu, et c'est peut-être mieux ; personne ne voudrait voir figurer son nom dans un tel rôle, et Kim Kyung-Mook respecte cela dans sa volonté de montrer des images provocante. C'est lui qui provoque, et non l'acteur.
Au final, ce film vaut pour son coté provocateur, et son désir de montrer quelque chose qui existe, sans complexe ni hypocrisie. Il montre ce qu'il veut, et il gagne sa réputation de réalisateur barré et sado-maso.
26 décembre 2008
par
Elise