Enterrement indigeste
Si Festival est un Im Kwon-Taek mineur, c'est qu'il est d'abord plombé par son dispositif narratif. Le film tente en effet de jongler entre trois niveaux de narration: une narration au présent où un enterrement est décrit dans ses détails, ses rites avec autant de précision que les évènements familiaux l'entourant, des flash backs montrant la démence progressive de la mère de l'écrivain Joon-Sup et enfin des séquences mettant en images le premier livre pour enfants de Joon-Sup. Ces dernières sont racontées du point de vue de la fille Un-Ji de Joon-Sup où l'agonie de la mère de l'écrivain est montrée comme un passage de témoin de la sagesse à sa petite-fille.
Outre de montrer une jeune fille comprend progressivement les changements d'état de sa grand-mère, ces passages imaginaires reflètent les regrets de Joon-Sup de ne pas avoir emmené sa mère chez lui lorsqu'elle était malade. Et l'artificialité du décor distingue cette partie des autres niveaux narratifs du film. Sauf que tous ces niveaux n'arrivent jamais vraiment à dialoguer entre eux, le film ressemblant plus à la juxtaposition indigeste de trois films qu'à un vrai portrait de femme. Qui plus est, Spoilers la réconciliation avec la mal aimée de la famille Yong-sun en fin de film ressemble à de l'artifice narratif. Fin Spoilers Le personnage de Joon-Sup se retrouve finalement un peu trop avec le beau rôle dans le récit, comme si Im Kwon-Taek manquait de distance critique à son égard.
Malgré quelques beaux moments de cinéma et une mise en scène inspirée, Im Kwon-Taek finit par gâcher le potentiel de son postulat de départ.