Plus épuré que le premier
Cette suite est plus réussie que l'opus original. L'histoire est moins embrouillée, le montage resserré, le propos limpide, encore plus politique et actuel. Johnnie To fait de Jimmy le symbole des businessman sans scrupules à qui le gouvernement fait confiance pour maintenir le bon équilibre pour les affaires. Mais la deuxième partie montre en quoi ce pacte est intenable. Le film explose complêtement, Jimmy verse dans une violence tellement inouïe, une véritable boucherie, que Johnnie To prend une distance admirable avec ses scènes. Election 2 rame enfin tout seul à contre courant de la surenchère en vogue à HK. La musique devient carrément expérimentale, quelques variations pour une guitare et un tambour là où la moindre série B du moment tartine 48 pistes d'instruments déchainés.
A noter que Harmony is a virtue semble être avant tout le titre chinois, mais le film sera plus connu dans le monde comme Election 2. La version de HK a quelques scènes supplémentaires.
Le sacre de Johnnie To's band!
Qu'est-ce que ça fait du bien de temps en temps de voir un métrage de ce calibre. Johnnie To est définitivement arrivé à maturité depuis quelques temps et cela se sent. Cela se sent dans la structure de ses polars à des années lumières des pourtant très efficaces The Mission ou Fulltime Killer, tous deux radicalement différents de ses dernières réalisations. Les aficionados du To 80' et 90' seront peut-être déçus par la nouvelle tournure que prend les oeuvres du cinéaste, bien plus dark dans le fond, mais n'est-ce pas la grande qualité d'un cinéaste que de se renouveler?
Si ce nouveau style peut dérouter, on ne peut que s'incliner devant cette fresque sur les Triades, rondement menée et rappelant que le genre même si ultra utilisé et manié à toutes les sauces, peut paraître encore innovant et surtout plaisant à suivre. Il y a des séquences qui font mal et qui nous rappellent qu'une masse peut faire très mal. N'oublions pas aussi sa classification Catégorie III guère volée, cet Election II fait mal, va loin et ne s'embête de quelconque retenue (passages à tabac, hachage de membres, etc...). Un programme particulièrement saignant évitant de tomber dans les abysses du cliché, les surprises étant plutôt légions.
L'action se situe juste après les évènements du premier opus et l'on retrouve pour ainsi dire le même cast. Un cast qui impose que ce soit devant ou derrière la caméra. Alors pourquoi Election II fonctionne si bien? Grâce à des prétentions revues à la baisse peut-être? Ne nous leurrons pas, ce métrage est dans le fond classique (la montée en puissance d'une Triade) et ne casse pas les codes du genre pour se vautrer par la suite, non, Election II fait simplement son boulot de polar enlevé, remplit son cahier de charges comme il faut (règlements de compte, rebondissements à la pelle) et gâte généreusement son spectateur via une esthétique d'excellente facture bien qu'entachée par moment de quelques tics visuels. Le scope est toujours aussi classe, l'éclairage tout bonnement fabuleux et les rictus nerveux reviennent lorsque le thème à la gratte acoustique de Tayu Lo ressurgit de plus belle.
Pour ma part, la "saga" Election est la vraie bonne surprise venu de HongKong, bien plus intéressante à suivre que les esbroufes Infernal Affairs (dont seul le second opus est à sauver) ou dernièrement du désespérant SPL. Heureusement que le polar HK a encore des ressources, en espérant que Johnnie To ne soit pas le seul à en tirer ses forces. Le genre n'est pas mort, mais tout de même attention.
Esthétique : 4.25/5 - Peu de lumière, quelques spots, des silhouettes...
Musique : 3.5/5 - Inférieure au premier opus. Mais le thème principal revient souvent.
Interprétation : 4.25/5 - Cast 4 étoiles, dans la grande lignée de son prédécesseur.
Scénario : 4.25/5 - La montée des Triades sous ses beaux et mauvais jours. Sombre et guère amusant.
Business is business.
Après un Election qui finissait par décevoir sur la longueur, Johnnie To remet le couvert avec cet Election 2 en forme de suite le surpassant. Le début du film reprend les choses là où Election les avait laissées, au moment où To tentait d'offrir une vision ambitieuse thématiquement du monde des Triades. Essai alors raté mais transformé cette fois.
En ouverture, un des acteurs s'adresse ainsi directement au public sur fond de photos historiques afin de poser les règles traditionnelles des triades et Hong Kong comme un El Dorado potentiel pour ses membres. Et l'on apprend vite que si Jimmy cotoie le monde des triades c'est d'abord for the business et pas par vocation. Il incarne d'abord un sens affairiste synchrone d'un capitalisme chinois en plein boom. Pas étonnant qu'il cherche à faire sa place en Chine continentale, ce territoire dont l'étendue et les potentialités économiques ne sont pas sans rappeler l'Amérique d'antan. Pas étonnant non plus que le pouvoir chinois cherche par son intermédiaire à contrôler les Triades afin que les affaires tournent sans faire de vagues de sang.
Le scénario adapte ainsi très vite quelques-uns des thèmes récurrents de la saga mafieuse made in Hollywood -la mafia comme lieu éminemment politique, les rapports entre monde gangstérien et monde des affaires...- à la réalité chinoise contemporaine. Et ce y compris lorsque To bifurque ensuite vers les routes déjà balisées par le volet précédent. Guerre de succession, rivalités où tout est permis, récit privilégiant les discussions stratégiques au gunfight, charme des microintrigues, travail sur les codes de la saga mafieuse: tout ce qui faisait le sel narratif du premier volet soutient un scénario bien plus consistant cette fois. Avec une lutte Jimmy/Lok moins prévisible que la lutte Lok/Big D car plus équilibrée dans la ruse, l'art de la dissimulation.
Avant qu'une fin des plus saisissantes ne porte l'estocade d'une vision désabusée du rapport du pouvoir chinois actuel aux Triades. Spoiler Le sang a coulé, la tradition a été transgressée. Tout ça pour que soit nommé au sommet un Jimmy condamné à être le jouet de la Chine continentale et à tenter de régner sur la durée parce qu'on veut de la stabilité, du maintien de la tradition des Triades admirée par les tenants de l'ordre établi. Alors qu'il souhaitait raccrocher et ne pas s'engager à long terme dans le monde des triades... Et le film de s'achever comme le tableau d'un individu au destin prisonnier des enjeux politiques et économiques de son temps. Et comme le constat d'une alliance entre nouveau capitalisme chinois et univers mafieux ne pouvant qu'aboutir à un conflit d'intérêts... Fin Spoilers Tout cela ne donne certes pas au film une densité romanesque comparable à un Godfather ou un Goodfellas mais est suffisamment profond pour faire du film un digne héritier des B movies américains avec valeur ajoutée de commentaire social sur leur temps des années 70/80.
Election 2 trouve une de ses limites dans une utilisation de tubes sixties de Scorsese du pauvre: le score convainc plus dans le bon pastiche de score hollywoodien classique ou la reprise du thème du premier volet. Et aussi dans quelques effets de mise en scène clinquants faisant tache au milieu d'une stylisation moins voyante que celle du premier volet. Mais ces défauts semblent négligeables au regard de ce qui représente le To le plus abouti depuis PTU.
une mise en garde saisissante
Election 2 témoigne de manière évidente d’un gain de maturité de monsieur To. Plus de forme, plus de fond, la question n’est pas vraiment là, mais To semble avoir enfin compris que son cinéma travaille et est travaillé par un événement crucial : la rétrocession.
Le film commence sur une séquence qui présente les règles de la mafia. Simon Yam, filmé dans un espace sombre, de face comme pour un monologue théâtral s’adresse aux futurs membres du groupe. Se faisant et du fait de la frontalité distante du dispositif, il fait du spectateur un de ses orateurs. A ce moment déjà, le rituel se déroule à la perfection. Alors que les gangsters franchissent chacune des étapes qui vont faire d’eux des membres de l’organisation, les spectateurs franchissent de même chacune des étapes qui vont faire d’eux des membres du publics.
Le grain de l’image et les filtres de couleurs instaurent un enjeu du passé, de la mémoire. Cela se fait sans nostalgie, comme pour dire, vous qui êtes ici, vous l’êtes avec toute votre identité, tout ce temps contenu dans votre mémoire et qui vous structure, qui vous fait. D’ailleurs, l’instauration de ces règles montre bien l’individualité, l’identité spécifique et l’indépendance de cette mafia qui s’organise par elle-même : nous assistons au fondement du groupe.
La ville de Hongkong est très bien montrée par la mise en scène. Les plans sont souvent larges, voir d’ensemble, les raccords sont d’une grande précision et la ville se déplie sous nos yeux comme une maquette fourmillant de détails. Sans même être hongkongais, sans même être jamais allé à Hongkong, il possible de reconnaître certains lieux qui hantent notre imaginaire peuplé de mille et un films, au milieu d’autres lieux que l’on découvre –ou semble découvrir- pour la première fois. En effet, si certains plans exhibent des lieux devenus classique dans le cinéma d’extérieur comme les escaliers que l’on peut aussi voir dans Dumplings de Fruit Chan (par exemple), d’autres lieux sont plus inédits soit pour eux-mêmes, soit dans la façon dont il sont filmés. Il est évident que To a pris ici un soin tout particulier à filmer la ville, à filmer sa ville. Mais cette ville que l’on connaît grouillante, agitée, toujours en pleine d’effervescence et devenue une ville fantôme. Les rues sont désertes, les cafés aussi. Dans chaque scène (ou presque) on ne voit que des personnages ayant directement affaire avec l’histoire. Il n’y a plus de contexte, Hongkong la cité des miroirs n’est plus qu’une ombre fantomatique dont l’identité a disparu.
D’ailleurs, dés le début la frontière qui sépare Hongkong de la Chine est effacée. Jimmy dans sa volonté de développement passe plusieurs fois de la Chine à Hongkong, de Hongkong à la Chine. La frontière symbolique mais également la frontière physique du bras de mer qui séparent l’île du continent ont disparues. Seule distinction, l’architecture. On passe d’une Chine plutôt rurale à un Hongkong de béton. Le stéréotype ainsi posé permet de manière simple et évident d’articuler clairement ces deux espaces sous l’angle de leurs dichotomies. Au portes de la ville siège un ennemi d’envergure. Calme et posé, il attend paisiblement de toute sa stature. Dans la plus part des plans de la Chine, le regard se perd jusqu’à l’horizon sans que rien ne puisse retenir le regard. Mais l’ennemi, comme les personnages principaux du film, joue de ruse et de stratagèmes pour infiltrer cette belle forteresse défendue par son identité singulière et son goût pour la démocratie (cf. les propos tenus au début de Chinese Box de Wayne Wang : « John ! You were talking about democraty. Don’t forget that Hongkong never had democraty, and Hongkong never asked democraty and didn’t get it until 1984(1). But having been given it as a present, it might miss it if it’s taken away again »).
Tandis que nos hommes s’affèrent à s’entretuer pour acquérir le pouvoir, la Chine domine et impose sa loi. Les victoires individuelles ne sont que des leurres et Jimmy finira par se rendre compte que, trop centré sur son objectif de court terme, il n’a pas vue le coup venir. Il n’est qu’un pion qui, voulant investir le marché chinois, y a perdu son indépendance et son âme de hongkongais. La mise en garde est saisissante pour tout ceux qui, a Hongkong, ont décidé de se tourner vers le marché chinois.
Johnnie To livre ici un film d’une grande clairvoyance quant à la situation de Hongkong et se révèle sous un jour nouveau. Alors que son cinéma depuis Lifeline (1997) était hanté par un événement à la fois fondateur et clôturant mis dans une discussion sans fin, To donne un discours et un regard à son cinéma qui le propulse vers de nouveaux horizons : il voit enfin ce qu’il y a après l’événement.
1- Date de l’annonce de la rétrocession.
Un film de gangster très maîtrisé
Johnnie To n’a pas choisi pour ses Election le style baroque d’un Scarface, mais plutôt la distanciation d’un Parrain avec de multiples personnages qui se croisent, et des scènes brutales, quasi bestiales, filmées avec beaucoup de recul. Le second opus est encore plus dur que le premier, et aussi plus simple à suivre, ne serait-ce que parce qu’on connaît les protagonistes, leurs magouilles et leurs ambitions. C’est une radiographie des relations business/mafia qui fait froid dans le dos tant elle parait réaliste, presque naturelle. Un des passages les plus marquants restera la chute dans l’escalier du vieux parrain de 80 ans, avec un trucage vraiment bluffant.
To a semble-t-il compris qu’il doit maintenant soigner et maîtriser ses films s’il veut une consécration internationale plus conséquente. Il était temps.
Johnnie To réélu à l'unanimité
La carrière de Johnnie To a pris un virage avec Running on Karma. Premièrement car il a ensuite arrêté de produire des comédies à la chaîne pour financer ses projets personnels, et a ainsi économisé une précieuse énergie qui lui manquait tout de même. Ensuite et surtout car ce délirant blockbuster philosophique a introduit un peu de fond dans une filmographie qui jusque là était bien plus dédiée à la forme.
The Mission est un sacré morceau de cinéma, mais il n'y a rien à en retirer, sinon le pur plaisir de cinéphile qu'il procure. On pourrait continuer avec
Hero Never Dies qui est finalement un pur film de déconstruction de genre, donc pur film de cinéma sur le cinéma, ou encore
The Longest Nite, qui vaut par son scénario très joueur pour le spectateur.
Johnnie To l'avoue lui-même, il cherche à ajouter un peu de fond là où la forme prévalait auparavant.
Throwndown jouait encore sur les deux tableaux,
Election premier du nom donnait l'avantage au fond malgré plusieurs scènes chocs. On pouvait se demander ce que Johnnie To aurait à ajouter sur les triades en reprenant le même concept (celui de l'élection du chef des triades à Hong-Kong). Bien heureux de nous faire mentir, il livre ici ce qui reste sûrement son meilleur film depuis The Mission, mais dans un autre genre. Car cet
Election 2 est sûrement son film le moins puissant cinématrographiquement parlant depuis quelques années. Il reste toujours quelques scènes chocs qui renvoie la concurrence jouer au Mahjong, mais là n'est pas la force principal de cet Election.
L'intérêt vient à nouveau de l'analyse de l'évolution des triades, et de la société Hong Kongaise toute entière au passage. Ceux qui ne s'intéressent pas à la culture Hong-Kongaise en seront pour leur frais, à l'image du premier film, même si la construction du récit est ici bien mieux maîtrisée que dans le précédent opus. On peut toujours regarder cet Election 2 pour profiter des pures scènes de cinéma qu'il délivre, mais il prend définitivement toute sa force dans son cynisme permanent. Johnnie To délivre ici en effet un portrait encore plus critique de la société des triades, et dénonce ici le pouvoir de l'argent (sur la personne de Louis Koo) après celui du pouvoir (sur la personne de Simon Yam dans le premier film). Et c'est surtout dans son final qu'il fait preuve d'un rare pessimisme en jetant Hong Kong au pied de la Chine comme un vulgaire pantin.
Cette suite laissant la porte ouverte à un éventuel troisième film annonce-t-elle la fameuse trilogie du "Parrain made in HK" que Johnnie To voulait réaliser depuis plusieurs années? Un chose est sûre, la vision des triades se démarque clairement de celles des deux plus fameuses séries HK en la matière: les
Young and Dangerous et
Infernal Affairs. Là où Andrew Lau ne racontait finalement pas grand chose sur les triades et se contentait de faire du cinéma, dans le bon et le mauvais sens du terme à la fois, Johnnie To se démarque du style Parrain de Coppola pour délivrer ce qui reste peut-être comme le plus intéressant témoignane sur l'évolution de la société Hong Kongaise depuis la trilogie de Fruit Chan, rien de moins. On attend la conclusion avec impatience, si conclusion il y a.
Une bonne réussite dans la même veine
Election vient nous rappeler que le bon vieux monde de la triade est bien violent et surtout sans scrupules. 2 ans plus tard, nos bons vieux mafieux viennent à nouveau en découdre pour prendre la tête du groupe, mais tout cela dans la plus pure tradition démocratique évidemment. C'est à dire par un vote. Chacun veut sa période de gloire, mais ceux qui l'ont ne veulent pas la lâcher. Le premier élection donnait lieu à des efforts pacifiques entre les deux parties pour trouver un compromis, même si cela s'avérait parfois sanglant, mais pour tout ceux qui ont vu le film jusqu'au bout, on se rend bien compte que cette fois, Simon Yam ne lâchera pas une mienne et ne prendra pas le risque de se faire piquer son poste. Ainsi, exit la diplomatie, et nous revoilà partis dans une bonne petite guerre, sans qu'il n'y ait cependant de gros débordements. On peut se demander en voyant le film, si tout le monde sera encore assez en vie au moment de l'élection tant attendue. En tout cas, chaque personnage a une motivation bien claire pour le poste et il n'est pas question de lâcher une miette. Celui de Louis Koo, qui prend plus d'ampleur dans ce nouvel opus, est bien approfondi et ne souffre d'aucune lacune dans son but et dans son interprétation. La dimension politique entre HK et la Chine qui vient se développer au delà de l'intrigue est également très intéressante et apporte un plus à ce deuxième opus réussi.
17 janvier 2007
par
Elise
Second tour...
Election 2, comme le 1 et Breaking News ou nombre d'autres films du réalisateur, est un TO consistant plein d'inconsistances. Mise en forme brillante pour une mise en scène linéaire, rythmes pas toujours maitrisés mais quand même beaucoup plus que dans le 1, discours sociétale critique - toujours -finalement plutôt convenu vu d'ici mais qui confère par ailleurs à TO, aux yeux d'une certaine critique, un statut d'auteur à part entière. De ce point de vue, dans sa posture discursive (on n'ira pas jusqu'à dire "critique"), le dyptique Election 1 & 2, c'est un peu les articles du Parisien avec la mise en page du Monde Diplômatique... Reste que ce second volet est au final un polar qui se regarde avec encore plus de plaisir que le 1er.
18 janvier 2007
par
Astec
Triade long
La passion de Johnnie To pour le nickel-chrome se dévoile dans cette élection deuxième du nom d’où aucun poil de cul ne dépasse. Le tailleur a fait du bon boulot, l’ambiance et le costard sont tendus et ça taille dans le vif à coup d’gros canif... mais pas suffisamment à la table de montage.
Le ton est plus froid et distant que celui d’un Infernal Affairs 2, clairement en ligne de mire avec ses magouilles et rebondissements à gogo. Election 2 ne se hisse pas à ce niveau à cause d'un scénario prévisible du début jusqu'à la presque fin, des errances du chien fou joué par Nick Cheung à la scène gore pseudo-culte snifable à cent lieues à la ronde. La faute aussi à une BO limitée illustrant plus les rouages cyniques du way of life mafieux que les ressorts sentimentaux, aux abonnés absents. C’est un genre. Il faut aimer. To s’en fout complètement, et les quelques passages dramatiques du métrage sont très « poncificaux » pour reprendre l’expression du Pape découvrant pour la énième fois une parodie de crucifixion dans un film. Là, tel n’est pas le cas, nous ne sommes pas dans une bondieuserie ferrarienne - c’est déjà ça de pris - mais la relation entre Lok (Simon Yam) et son fils est cousue du fil blanc d’un linceul familial, quant à celle entre Jimmy (Louis Koo) et sa femme, elle n’est qu’effleurée si tant est que sa lady soit autre chose qu’une garantie de respectabilité. Jimmy fait partie de ces nouveaux méchants à la mode, des businessmen, beaux gosses, arrivistes, sans scrupules et un brin - bruns aussi - psychopathes, qui, pour avoir l’état d’esprit adéquat dans le mondain mondialiste, pètent joyeusement un câble dans le privé. Confère en cela les plurinationaux American Psycho (US), Public Enemy (Corée), Le couperet (France) et le p'tit dernier Arrivederci amore ciao (Italie). Notre bad guy est d’actualité donc - et toujours brun -, il préfèrera laisser les autres se salir les mains à sa place, mais, malgré tout, devra un beau jour en mettre une à la pâte pour fignoler quelques détails. Sanglants les détails, cela va sans dire.
Comme sur le premier volet, la position de Johnnie To n’est pas claire, presque Druckerienne diront certains. Les flics sont compétents – « Bravo la police, vous faites du bon boulot ! » -, les mafieux sont des survivants volontaires dans un monde cynique – « bravo les gras, z’êtes des sacrés ouineurs » ! -, quant à la Chine, fière, elle reste la grande maîtresse du jeu – « Bravo la Chine, on t’la fait pas à toi ! » -, n’en déplaise aux zozos nationalistes scandalisés par l’évocation d'un lien entre les triades et la Chine. To est un réalisateur clairvoyant mais certainement pas virulent. [Spoiler] Dans Election 2 la Chine ne pactise pas, elle manipule puis impose pour enfin dominer [end spoiler]. Autres bémols, les quelques bisseries violentes ne sont pas toujours les bienvenues, leur gratuité n’apporte pas grand-chose de plus au métrage, et enfin certaines longueurs inutiles finissent par plomber l’ensemble. Reste cette fin, forte, mais qui ne suffit pas pour autant à élever ce deuxième tour et son débat politique au-dessus d’une conversation de comptoir. Même si ce dernier est celui d’un bar huppé où l’on y porte le costard en fumant un cigare avec une ‘tite flûte de champagne en guise d’accompagnement. Ce qui n’empêche pas de joliment brasser du vent entre deux gobages de cacahuètes.
Excellent
Le premier était déjà une bombe. Le second beaucoup plus sobre (même s'il reprend la trame du premier) est bien mieux maitrisé de la part de Johnnie To qui reussit une fois de plus à rendre son film d'une noirceur implacable. De plus les acteurs sont tous excellents.
Un film comme on aimerait en voir plus souvent à HK. Bravo.
nouvelle élcetion dans la triade
Une bonne suite aux 1 er opus , et je dirais m^me plus qui le surpasse en tout point avec une réalisation efficace et une histoire moins brouillon que le 1 er. Avec un Simon Yan ne voulant laisser ça place pour rien au monde, et l'introduction au 1 er plan du jeune business joué par Louis Koo ayant ses propres motivations, de vouloir prendre la place du boss. Attention ça va saigner.
Mouais...
Contrairement à pas mal de monde, j'ai préféré le premier opus pour ma part. Le deuxième "Election" étant tout simplement une refonte du premier scénario ; la reprise des bonnes idées du 1er (la course au sceptre, le conseil des éléphants de la mafia, la lutte fratricide inévitable) sans ajouter la moindre originalité dans le 2ème. Pire, toute la matière électrique qui donnait du punch dans le 1er a été remplacé par de la guimauve, d'où une perte de rythme qui ressert fatalement un film de triades. L'intrigue n'en est que réduite, et du coup dans "Election 2" seul le suspens tournant autour du futur patron empêche le spectateur de décrocher.
Une suite à la hauteur du 1er.
Magistral chef d'oeuvre d'une grande noirceur.
Plus linéaire et moins complexe dans sa narration que le premier film,
Election 2 impressionne. Comme on connais déjà les personnages, cette suite prend tout de suite une autre dimension, et To assure. Réalisation, bande son, on est sur le cul tout le long. La noirceur du film est phénoménale. To n'aime pas les triades et la corruption, et on le sens bien. La violence est encore plus forte, et c'est de la vraie violence, c'est à dire que To n'est jamais complaisant avec elle, on le sent et ça fait mal. L'un des thèmes du film, la main-mise de la Chine sur les triades, est effrayant. Un très grand film et un dypitique qui fera date dans le cinéma de Hong Kong.
Solide et prenant. Meilleur que le premier.
Entrant sans problème dans la catégorie des poids lourds de la filmographie de Johnnie To,
Election 2 réconforte assurément après un premier volet à la réalisation chiadée mais au concept scénaristique en deçà de son potentiel. Cette fois-ci, le script limite les scènes de traditions et de cérémonies et se concentre sur le duel implacable que se livrent le « président » en fin de mandat (Simon Yam, toujours aussi brillant) et le nouvel espoir de cette sorte de politique de cuisine à laquelle les triades vouent une grande importance, interprété par un très sobre Louis Koo. Le premier souhaite bien conserver son prestigieux titre lors de la prochaine élection, quant au second, jeune homme d'affaires ambitieux d'abord sceptique à l'idée de porter la couronne, il prend bien vite goût aux sombres rouages de toutes ces magouilles et propose surtout sa candidature par appât du gain. En dépit d'un démarrage quelque peu laborieux,
Election 2 se fait captivant après une petite vingtaine de minutes et présente deux avantages de taille qui le distinguent de son prédécesseur: une intrigue plus dense et fluide ainsi qu'un bien meilleur sens du rythme. Johnnie To semble de surcroît saisir qu'il avait placé la barre trop haut avec
Election, voulant atteindre le souffle dramatique des modèles américains mais ratant au final sa cible. Il n'est dans cette suite plus que question d'une course contre la perte d'influence et l'échec doublée d'un jouissif jeu de massacre. À ce titre, la violence du film ne fait de loin pas dans la dentelle: tabassage à grands coups de masse, démembrements, meurtre à coups de crosse de revolver, éventrations à la machette, etc. Le premier opus avait déjà surpris par son degré de brutalité, cette séquelle ne fait que le confirmer. Par ailleurs, la mise en scène est toujours aussi limpide, élégante et raffinée. To paraît décidément se désintéresser des effets stylistiques propres à ses polars d'autrefois et privilégier l'exactitude des cadres, la beauté épurée de la photographie. Prise de tournure qui risque de diviser les inconditionnels du cinéaste, et pourquoi pas ? Une évolution en laquelle l'on voue d'autant plus de confiance que dans son approche intrinsèque, cet
Election 2 fait montre d'une maestria égale à celle d'un
The Mission ou d'un
PTU sur le plan formel et narratif. Nous sommes donc rassurés, tout en gardant une petite pincée de regret en nous-mêmes rien qu'à l'idée de repenser à ces magnifiques thrillers à tendance arty que l'on aimait tant. Belle surprise qu'
Election 2, polar tranchant et mené à cent à l'heure aussitôt délesté de ses quelques longueurs de départ, dans lequel To pratique l'épurement esthétique pour mieux en valoriser les qualités dramatiques – toutes proportions gardées. Difficile de ne pas trouver son bonheur dans ce séduisant mariage d'acteurs au top de leur forme et d'affrontements imaginatifs à la violence crue, dont le final très abrupt laisse cependant présager avec un peu d'amertume la réalisation d'un troisième volet, lequel sera sans doute de trop.
A very particular hand-over
Une bombe - ne serait-ce que pour la fin !
Critique (complète) à paraître prochainement.