Inégal mais avec des fulgurances formelles
Des lièvres, l’Homme aux trois cercueils tente d’en courir beaucoup à la fois. Le film se veut un road movie contemplatif, un film sur le souvenir à la fois personnel et historique et une œuvre faisant écho d'un point de vue formel comme thématique et narratif aux modernités littéraires et cinématographiques européennes. Beaucoup devient alors parfois synonyme de beaucoup trop. D’abord parce qu’à force de jouer sur les allers-retours temporels le scénario finit par être embrouillé, faisant ainsi perdre au récit un vrai fil conducteur. Et s’il évite souvent le symbolisme à gros sabots le film de Lee Jang Ho a tendance à parfois trop se reposer sur sa lenteur, surtout dans les scènes d'intérieur. Qui plus est, le film est loin d’avoir en permanence les moyens sonores de ses ambitions sensorielles. Reste que la façon dont certaines séquences téléscopent passé et présent par un montage saccadé ou par l’usage du ralenti fonctionne très bien. De même que la combinaison d’un score parfois hypnotique, parfois raté et de travellings donnant à voir un paysage en désolation offre d’autres beaux moments de cinéma. Et il y a enfin la façon dont la dernière scène téléscope réactions imprévisibles des personnages, passé, présent, mouvements de caméra brusques et montage parfois saccadé pour donner un moment visuellement prenant. Avec surtout cette idée de la main envahissant l’horizon qui est une autre belle idée visuelle. Mais entre tout cela le temps est parfois long. Dommage que Lee Jang Ho n’ait pas su faire le tri dans ses idées…