Tenebres83 | 3.5 | |
Arno Ching-wan | 3.25 | Printemps, été, tout ça... |
Nos yeux d'occidentaux étant peu habitués aux dessins animés chinois, il est bon de s'y intéresser lorsque l'occasion nous est donnée d'en découvrir quelques uns. Il est même permis de laisser nos impressions, sans pour autant en faire une montagne afin de ne pas trop se mouiller !
L'Epouvantail (1985) et La Mante religieuse (1988) de Hu Jinging.
Ces deux courts métrages sont gentiment divertissants bien qu'assez anecdotiques. Ils reprennent des vieux proverbes et préceptes chinois de plus de 2000 ans, propres à l'art de la guerre et à son inhérente fourberie, plus communément appelée "stratégie". Chez nous on parlerait plutôt des fables de Lafontaine, avec ces animaux et personnages qui interagissent jusqu'à la conclusion moraliste classique. La trame de "La mante religieuse" fait écho à celle de "l'aigrette et l'huître"*, un autre court du même auteur effectué cinq ans plus tôt.
Les singes qui veulent attraper la lune (1981) de Zhou Keqin.
Ce court métrage mérite vraiment le détour et sort assez facilement du lot. Il bénéficie de couleurs chaleureuses, d'une musique joyeusement rythmée et nous ballade sans temps mort du début à la fin. On éprouve du plaisir à suivre ces singes qui essaient vainement de chopper la lune comme ils le feraient d'une banane sur un bananier. La blague vire ensuite au délire décalé lorsqu'ils se mettent à vouloir la saisir dans le reflet de l'eau. La fable est locace, l'eau casse la lune, personne n'habite la lune et l'habit ne fait pas le moine.
La technique du papier découpé* est cette fois modifiée, on ne découpe plus, on déchire. Non pas que l'auteur soit saoul ou n'ait pas de ciseau à portée de main (encore que...), c'est plutôt une question de choix, car comme nous l'expliquent les "filmsduparadoxe.com": "les fibres imbibés de couleur donnent un aspect duveteux aux singes qui semblent ainsi couverts d'une épaisse fourrure". Ca fonctionne en effet très bien et ajoute à la réussite de cette valse des couleurs propres à une jungle tropicale.
Impression de montagne et d’eau - de Te Wei - 1988 - 19mn
Devant ce court métrage, on a l'impression de voir des montagnes et de l'eau, mais pas trop une histoire ni même un divertissement. Vous avez un gamin? Vous voulez lui pourrir la vie avec un: "Ca sera mieux que tes pokemons, regarde plutôt ça, tu seras plus culturé..."? Mouais, ben va y avoir du boulot pour qu'il ne gigote pas devant ça le bonhomme. C'est assez lourd, imbuvable puissance 10 pour un gamin... mais véritablement fascinant pour un érudit en culture chinoise et en animation. C'est parait-il LE chef d'oeuvre de Te Wei. Ce film utilise la technique du lavis animé*, il a apparemment nécessité plus de 20 000 clichés et environ 12 000 peintures. Etonnamment, l'oeuvre phare de cette série de court métrage est la moins passionnante. Le lien entre un vieux musicien et son apprenti aurait pu donner quelque chose de sensible et de poétique, mais tel n'est pas le cas, à cause d'une musique fade peu sujette à l'évasion, un comble pour une oeuvre dont c'est le sujet principal. Le tout est dès lors assez démonstratif, voir laborieux, alors qu'il devrait être intégralement basé sur les sens, comme c'est le cas d'un Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps pour ce qui est de l'évolution d'un apprentissage ou même The Lovers en ce qui concerne la transmission de sentiments par la musique (et inversement). Certes nous n'avons ici que 19 minutes, mais elles ne décollent jamais et en paraissent finalement 30, voire plus. Du même auteur et moins ambitieux - en apparence seulement - "Les têtards à la recherche de leur maman"* est beaucoup plus abordable.
En premier lieu destinées à des enfants, ces histoires comportent toutes des proverbes, préceptes ou morales d'origine chinoises qui trouvent leur équivalent en occident. Ces courts sont des curiosités sympathiques, intéressantes à défaut d'être renversantes, le segment portant le même titre que ce quadruptare, euh... pède? Non, euh... j'y suis, c'est "quadruptyque!!"... Non? Non... Pode? Alors c'est quadrilatère? Non plus... Bon bref, le peu impressionnant "Impressions..." étant toutefois plus adressé à des adultes qu'à des enfants, tous les suffrages ne seront p... Ayé!! Bon sang mais c'est bien sûr!!! Quatre histoires, un adulte, c'est donc un QUADRAGENERE!!... Ce qu'il fallait démontrer.
* Cf. critique complémentaire à ce texte dans Les Trois moines et autres histoires, tryptique constitué des segments "Les têtards à la recherche de leur maman", "L'aigrette et l'huître" et "Les trois moines".
Merci à "filmsduparadoxe.com" (cf. lien).