Droit à l'euthanasie
Difficile de ne pas rapprocher cette grande réussite de Yoshida du Amour de Haneke puisque les deux films partent des mêmes prémices (la découverte par la police du corps d’une dame très âgée) et paraissent traiter du même sujet (un vieil homme fait face à la déchéance physique et intellectuelle de son épouse). Pour autant, l’angle n’est pas le même. Il est ici moins question de la peur qu’inspire au mari la maladie de sa femme que du souhait de celle-ci de mourir de façon digne et l’arrière-plan est plus riche que l’étouffant huis clos proposé par Haneke.
D’une part, la gestion du cas s’insère dans un environnement familial complexe. La vieille dame réside chez son fils, un salary man terne et adultère, et, comme cela se passe encore aujourd’hui au Japon, c’est sa belle-fille qui s’occupe d’elle. Un désagréable petit-fils s’occupe d’asséner à ses parents des leçons brutales sur leur hypocrisie – puisque le décès de la vieille dame arrangerait bien tout le monde, et même son vieux mari qui sent arriver sa propre déchéance. D’autre part, le policier en charge de l’enquête qui doit déterminer si la vieille dame a été assassinée occupe une place de choix dans le fil du récit, qui alterne avec subtilité les suites du décès (la cérémonie funèbre, l’enquête) et les flash-back.
L’ensemble est très tenu, d’une grande sobriété et laisse en mémoire un souvenir marquant, sans atteindre les vertiges suscités par le duo Trintignant/Riva.
