La Corée toujours à l'avant-garde
Une succession de tableaux, de plans fixes sublimement cadrés et éclairés. D'un pessimisme mortifère certes, mais pourtant pas dénué d'une certaine force de vie, ce film exige du spectateur une véritable disponibilité d'esprit, une présence pleine et entière. En échange,
The Last Dining Table (2006) , offre une audace inespérée dans le cinéma actuel et un soin de l'image époustouflant. Le réalisateur, en dépit de ses difficultés à boucler cette aventure filmique ambitieuse, nous apporte une nouvelle fois la preuve que l'avenir du cinéma mondial se joue maintenant en Asie et, plus particulièrement en Corée. Merci
hum hum hum...
Tiens, j'ai oublié de donner mon avis sur
The last dining table, histoire de nuancer un peu l'enthousiasme général sur ce film intéressant (je ne vais pas le nier) et d'un genre peu courrant (je le nierais encore moins) mais particulièrement abscons.
C'est pourtant pas faute d'avoir vu le film deux fois (en 2006 puis lors de sa sortie au cinéma)(ça va beaucoup mieux la deuxième !) mais dur dur de ne pas s'aggacer devant la pose permanante du film et son hermétisme mutique systématique - personnellement j'aime la fragmentation du récit et autres gourmandises de ce genre, mais tout faire en son pouvoir pour ne pas être compris du spectateur ne garantit pas qu'on soit plus intelligent. Reste qu'en se prenant la tête (sans connotation péjorative, au contraire) on finit par distinguer des liens entre ces scènes pas toujours très claires, et que Roh Gyeong-Tae faisant preuve d'un minimum de soucis de mise en scène (son utilisation du son entre autres) son film demeure plus intéressant que que tous les Tsai Ming-Liang du monde (ce qui n'est pas difficile, mais dans le petit monde du film indépendant asiatique expérimentalo-contemplatif ce type est parait-il une référence).
Too young to die
Véritable OFNI (objet filmique non identifié) dans le cinéma coréen contemporain, ce premier film autoproduit d'un ancien ingénieur en technique n'est pas seulement une pure merveille et une singulière expérience unique en son genre, mais également le premier long-métrage expérimental à se frayer un chemin sur le grand écran.
Impossible de résumer les différents épisodes de ces curieux destins plus ou moins reliés entre eux; il faut nécessairement abandonner tout repère habituel et se laisser aller au flot des épisodes.
On y croisera des hommes d'affaires, installant leur petit bout de carton ou feuille de journal dans un long couloir de métro désert; des hommes "vers de soie" rampant sur le sol d'une fabrique de textile. Deux hommes commencent à creuser un trou au milieu de la cour d'une propriété privée au milieu de la nuit avant de se rendre compte qu'ils se trompent d'endroit. Une femme tente de divorcer de son mari, mort depuis belle lurette; une autre pousse de la voix pour être embauchée à une agence de téléphone rose.
Des scènes absurdes, plus ou moins reliées entre elles, qui trouvent pourtant toujours quelque résonance avec une certaine réalité. Des scènes comiques, mais également empreintes d'un profond désespoir, l'amertume d'une âme tourmentée à l'idée de se savoir mourir en fin de compte.
Un rare hymne jubilatoire – à la vie et à la mort!