Sex for three
Parfois, il arrive que vous entriez dans une salle pour voir un film dont vous ne connaissez ABSOLUMENT rien…et que vous vous preniez une grosse claque…Ca m'était arrivé durant ma tendre jeunesse en étant parachuté dans une projection de "Nikita", séance de laquelle je ne me suis jamais remise (même si le film a aujourd'hui pris un sacré coup de vieux) et cela m'est arrivé tout récemment en me glissant dans une projection (de Marché) de "Lala Pipo"…Et là: ILLUMINATION !
En creusant un peu plus, la qualité indéniable de ce petit film n'en est que plus justifiée. Il s'agit d'une nouvelle adaptation d'un livre d'Okuda Hideo, auteur que l'on pourrait qualifier d'équivalent nippon d'Irvine Welsh ("Trainspotting") et déjà à l'origine d'une autre transposition sur grand écran assez allumée, "In the pool" de Miki Satoshi; sauf qu'à la différence de ce dernier, ce passage sur grand écran est particulièrement réussi et je pense sérieusement que le travail sur l'adaptation de Nakashima Tetsuya ("Kamikaze Girls") y est pour beaucoup.
Le film s'attache donc à décrire une galerie de losers pas forcément sympathiques, mais irrémédiablement attachants, dont les histoires vont plus ou moins s'entrecroiser et tournent toutes autour du thème de sexe. On y raconte notamment les déboires d'un employé (extraterrestre) dans une maison close, la vie mouvementée d'un rabatteur de futures actrices d'AV et du triste quotidien d'une actrice porno nymphomane. C'est souvent totalement barrée (mention spéciale pour la séquence fantasmée de l'employé de la maison close, qui va se transformer en souper héros pour satisfaire de son "jet ultra puissant" des donzelles en détresse), très cucul sans être vulgaire, totalement cynique et désabusé et avec une sacrée couche de mélancolie derrière les apparentes façades d'insouciance…Il en va ainsi du rabatteur au sourire plus large que nature (quelque part entre le Joker et Ichi the Killer), qui va connaître un sacré cas de conscience quand il va véritablement envoyer sa fiancée à l'abattoir avec une révélation tout sauf joyeuse…Sans parler du dernier segment, d'une tristesse franchement touchante.
La force du film est donc d'avoir réussi à rendre les personnages attachants, d'avoir su habilement mélanger les genres et, même, de carrément intégrer quelques fines observations des travers de la société nipponne actuelle, notamment dans l'éternelle évocation de la dérive des jeunes, paumés. Un long-métrage à dégotter de toute urgence au fort potentiel culte.