Zéro, c'est moins que Plus?
Aaah, la saga Macross. Au même titre que pour les James Bond, il existe une formule Macross plaçant d’emblée ces OAV dans le domaine du divertissement pop-corn instantané, ultra prévisible mais toujours aussi efficace. Le vétéran sur la saga, Shoji KAWAMORI réalise. Mechanical designer de génie, il a participé à la création des robots de Patlabor, à ceux des premiers Macross et, accessoirement, au design des Transformers dès leur naissance. Manque à l'appel Shinichiro Watanabe. Au petit "plus" de disparaître.
Pour changer un peu du triangle amoureux 2 garçons/1 fille, Macross Zero innove (ouaaais) avec 1 garçon pour 2 filles (bouuuhh) et environ toujours autant de possibilités. Le jeune héros est encore un clone naïf du Tom Cruise de Top Gun, comme l’était Rick Hunter dans la première série, quant aux deux filles elles sont soeurs, braves autochtones de la splendide île paradisiaque de Mayan. Là où l‘avion de notre héros choisit de s’écraser (SCRATCH!!).
L’une des soeurs, Sara, reprend le rôle de Minmay. Elle chante à son tour pour la paix dans le monde. Sa chanson est charmante et, chose surprenante, en VO les paroles sont en français. C’est déroutant pour nous mais réussi, l’émotion naissant de phrases maladroitement écrites et chantées. La voix aiguë insiste sur les voyelles et part très haut sur le « toiiiiiles » de « étoiles » par exemple. Mignon. Ca doit provenir de l’influence européenne déjà entamée avec les chants à consonnance bulgares de Ghost in the shell. En un peu plus yaourt ici toutefois. La BO de Kuniaki HAISHIMA (Spriggan), bien qu'efficace, n'est pas mémorable sur cette fournée là.
Bien que se voulant une préquelle à la série, la trame reprend globalement les même évènements que d’habitude, dans l’ordre de d’habitude, mais, à l’instar de Macross plus, les auteurs ont eu la bonne idée d’orienter la chose vers un trip sensoriel davantage que vers une quelconque originalité dans le développement des personnages. Là où Macross + délirait sur fond de techno et d’images colorées dans un futur cyberpunk, s'opposant ainsi à la noirceur d’un Blade Runner, les OAV de "Macross zero" se veulent animistes et se droguent avec mère nature. Sans être originales pour autant, car l’histoire lorgne sans complexe sur Princesse Mononoké. Sara ressemble comme deux gouttes d’eau à notre chère princesse, combat également pour la survie de son île (la télévision est une méchante technologie, touche pas à mon sang avec ta seringue...) et, pire, la légende de l’homme oiseau et sa tête séparée du corps nous renvoient directement, sans passer par la case départ, au dieu cerf du même film de Miyasaki. Le déroulement de l’intrigue, et surtout le final ne laissent aucun doute à ce sujet. Ajoutez à cela un chouillat de Laputa pour les pouvoirs télé kinésiques, faites revenir doucement les méchas standards de Macross, mélangez le tout, laissez reposer la pâte une bonne demi heure puis servez tiède.
L’ensemble n’est pas indigeste pour autant. Les images qui défilent sont magnifiques et les combats aériens stupéfiants, devenant à chaque nouvel opus de plus en plus bluffants. On a notre dose de missiles partant dans tous les sens, de pirouettes aériennes impressionnantes... Le spectacle est jouissif. Bien que calqué sur celui de "Macross Plus", le final est également très beau, touchant de naïveté, même si le début du dernier épisode abrège un peu trop rapidement les trames et émotions en cours pour se concentrer sur un dénouement trop grandiose pour véritablement emballer.
Malgré des progrès constants dans l’aspect visuel (mélange 2D/3D, mais ça n’est plus utile de le signaler) et le charmant character design de Takuya SAITO (Reideen), on peut trouver "Macross Plus" davantage à son goût. Les enjeux étaient alors mieux rendus et les couleurs du trip plus prenantes. Ou le contraire, comme vous préférez. Après, les goûts et les couleurs…