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Memories of Matsuko

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.4/5

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15 critiques: 3.77/5



Aurélien 2.5
Elise 4 Une histoire bouleversante, tout en contrastes
Fablin 4.25
Ordell Robbie 2 Oscille entre bon formalisme et épate. Est surtout gâché par son côté indigeste.
Xavier Chanoine 4.25 Une écriture formidable alliée à une forme explosive. Une réussite totale
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Une histoire bouleversante, tout en contrastes

Montré dans un univers coloré et très fantaisiste, Memories of Matsuko n'en est pas moins une oeuvre très sombre sur la déchéance d'une femme pendant 30 ans. Après être virée de son job de prof et reniée par sa famille, elle part vivre seule et croise sur son chemin de nombreux personnages qui ne resteront que temporairement dans sa vie. Chacun de ces personnages est exploré en profondeur, dépeint de manière honnête par le réalisateur, mais embellis par une Matsuko qui finalement aura aimé tous ces gens qui auront façonné et détruit sa vie. Comme tout le monde l'a bien remarqué, les visuels sont extrêment kitsch. Certains disent que Nakashima s'est inspiré d'Amélie Poulain dans le style ; si le film de Jeunet a peut-être donné l'idée à Nakashima de se lancer dans un film très visuel, il n'en reste pas moins que le style n'a strictement rien à voir, et la comparaison est presque obscène, tant la narration et le contraste apporté par Memories sont à des lieux du film carte postale de Jeunet. Coté musical, il se positionne également sur des thèmes très féériques, avec ses décors de dessins animés et ses paroles positives, alors que toutes ces joyeuses fêtes sont démolies en quelques instants par une chute ramenant Matsuko à la triste réalité : elle est seule, et personne ne l'attend, et les personnes qui auront fini par essayer de la retrouver, elle leur aura tourné le dos. Au final, alors qu'on se demande quelles sont les raisons de sa mort, on se rend compte qu'il n'y en a pas, car de toute sa vie, personne ne l'aura jamais détestée au point de la tuer, ni personne ne sera souvenu assez longtemps d'elle pour la suivre jusque là. Elle meurt seule, alors qu'elle venait de toucher le fond, et allait peut-être rebondir. Au final, le visuel sert à mieux marquer le contraste entre la volonté de Matsuko a vivre une vie féérique comme dans ses rêves d'enfant, et la réalité de sa vie et de ses relations éphémères. Toutes les personnages sont bien écrits et bien interpétés, et la narration sous forme d'enquête est fluide et bien construite. Une oeuvre magnifique.

22 septembre 2009
par Elise




Une écriture formidable alliée à une forme explosive. Une réussite totale

La particularité de Memories of Matsuko est d’être comme un conte de fée où la belle n’arriverait jamais à trouver l’homme avec qui elle vivrait heureuse et aurait beaucoup d’enfants, pire, elle recevrait à la place des torgnoles à ne plus savoir qu’en faire après avoir subi le rejet définitif de sa famille. Matsuko rêvait de liberté, la société ne sera que sa cellule. Matsuko espérait faire sa vie, elle la défera malgré ses efforts. Des efforts étalés sur des années depuis sa plus tendre enfance lorsqu’elle vivait encore sous le toit de ses parents et de sa sœur malade minant le moral des occupants, en particulier son père, incapable de décrocher le moindre sourire même devant un spectacle de fête foraine réjouissant. Subterfuge futé, la petite s’essaiera aux grimaces irrésistibles qui réussiront à lui muscler le visage, une marque de fabrique qu’elle gardera jusqu’à ce qu’elle devienne professeur des écoles lorsqu’une situation tombe en sa défaveur. Mais ce signe distinctif naïf ne sera évidemment pas compris par ses interlocuteurs. Femme au grand cœur, elle se fera par exemple accusée à la place d'une de ses élèves suspecté de vol, qui lui n’en a pourtant rien à faire. Premiers signes d’un piétinement en règle qui durera toute sa vie.

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Les mémoires de Matsuko sont alors réveillées par son neveu, Sho, prié de ranger ce qui lui servait de maison après que le corps de Matsuko, obèse et âgée d'une cinquantaine d'années, ait été retrouvé sans vie le long d’une rivière. En tentant de ranger la maison sous les ordres de son père, le jeune homme va retracer la vie de cette femme qui ne connut visiblement jamais la paix. Sho fera la rencontre de personnages aussi saugrenus que décalés, comme ce voisin fan de musique hardcore ou encore l’un des ex de Matsuko devenu l’ombre de lui-même après avoir connu la vie de yakuza. Le récit plein de féérie et de cruauté font de Memories of Matsuko un immense capharnaüm narratif tenant pourtant debout grâce à son sens diabolique de l’écriture et à la formidable richesse de l’œuvre originale de Yamada Muneki. La magnifique chanson Magete Nobashite interprétée par Matsuko lorsqu’elle était enfant est l’exemple le plus frappant des espoirs d’une petite fille réduits à néant par la gente masculine qu’elle fréquentera plus tard : aussi bien sous son toit par un père lui préférant sa sœur malade que par ses futurs petits amis, amants ou même élèves. Ce parti-pris particulièrement audacieux du cinéaste de faire baigner son film entier dans une atmosphère de conte de Noël (dominante des couleurs chaleureuses, présence de neige, musique permanente), pour la contredire par une violence impitoyable est ce qui peut le différencier du rose-bonbon Kamikaze Girls. Encore plus tape-à-l’œil, la forme est pourtant en accordance parfaite avec son sujet ; car en plus d’exister pour son sens de la narration plutôt renversant, Memories of Matsuko est également un immense fourre-tout formel pourtant cohérent.

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Si les couleurs et les lumières sont aveuglantes, elles surlignent l’aveuglement de Matsuko face à la gente masculine et à son propre destin. Elle dit elle-même préférer se faire tabasser que d’être seule. Portrait d’une femme brisée dès l’adolescence, tentant de sortir la tête de l’eau à chaque naufrage, la belle –et ensuite très laide- se fera trahir, oublier, pour finir seule dans son taudis poubelle. Le tout en musique, melting-pot digeste d’influences musicales à ne plus savoir qu’en faire, en passant par la comédie musicale aux soupes mielleuses dignes de Walt Disney. Force est alors de constater l’alchimie réussie entre bande-son somptueuse et récit d’une belle noirceur, le cinéaste ne prenant jamais parti pour un personnage particulier, encore moins celui de Matsuko, héroïne marquante interprétée par une impressionnante Nakatani "The Ring" Miki formidable dans son rôle de personnage à plusieurs casquettes, passant de jeune fille modèle à professeur des écoles, de femme au foyer soumise à pute de luxe, pour finir clocharde. Véridique. L’œuvre est également généreuse d’un point de vue formel avec ses différentes époques passées à la sauce Nakashima Tetsuya, ici plus appliqué qu’à l’accoutumée. Il dresse le portrait de toute un vie sans passer par la case accélérateur et réussit à captiver de bout en bout pour son accumulation remarquable de rebondissements et d’idées travaillées : les nombreux personnages, taillés sur mesure, éclaboussent l’écran par leurs signes distinctifs et leur temps à l’écran étonnamment équitable. Aucun n’est délaissé ou passé à la trappe. Mieux encore, le cinéaste se débrouille pour en faire revenir à des époques bien différentes sans laisser penser un seul instant au procédé de petit malin fier de montrer à tous son talent de narrateur aiguisé, incapable d’être pris à défaut.

Au final, Memories of Matsuko est une œuvre formidable pour ce qu’elle est, petit bijou incroyablement bien écrit épris de culot et de cruauté festive, dépliant ses images mémorables au spectateur rallié à sa cause. En se laissant volontiers emporter par sa magie et la précision d’une histoire somme toute peu banale, nul doute que beaucoup y trouveront leur compte au cours de ce feu d’artifice déluré, triste mais pourtant souvent très drôle contenant une idée par minute. On en ressort avec une pêche d'enfer et un petit goût d'amertume au fond de la bouche, en repensant au destin de cette femme dont le bonheur au cours de toute sa vie, n'aura été qu'éphémère.



20 septembre 2009
par Xavier Chanoine


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