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The Assassin

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Arno Ching-wan 3.5 Le Wu Xia, filtre communicatif
Ordell Robbie 4 Le sabre et la perte.
Anel 2.25
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Le Wu Xia, filtre communicatif

HHH ne l'a pas volé, son prix de la mise en scène à Cannes ! C'est somptueux... Moi aussi, j'veux faire une rando aux Monts Wudang.

Le réalisateur Taïwanais nous présente une histoire paisible dominée par une tueuse beaucoup plus peace & love que tous ceux et celles qu'elle croise. La violence, elle n'en est pas la source - elle ne fait qu'obéir - elle la désamorce continuellement. Sur le canevas usuel d'une mission crève-coeur pour un tueur pro (tuer un bébé, une femme, ici un cousin apprécié) HHH fuit tout pathos, décrit les faits - observe les faits - sans chercher l'immersion ni même l'empathie. C'est du vrai ciné de vieux qui s'assume. Ses détracteurs diront qu'il l'était déjà avant, certes ^^
Il observe de loin. Sur IMDb je lis qu'il voulait faire un film en costume une fois suffisamment âgé. Dont acte.

En terminant son film par un chouette bagad breton auquel a participé un percutionniste sénégalais (!), HHH affiche l'universalité de son propos. Il ne souhaite pas, comme un Zhang Yimou, exporter la Chine comme on vanterait un parfum. Fut-il un port célèbre. Il prend son temps, s'attarde sur la superbe nature, s'autorise quelques rares gros plans sur un visage, celui de sa muse Shu Qi, et tâcle les flashbacks pénibles aperçus ailleurs - Tigre & dragon 2 et Memories of the Sword, au hasard - en filmant un long plan moyen fixe lors duquel l'un des protagoniste parle de son enfance à une concubine. Pas de brusque voyage dans le temps cassant la narration, non, juste un type qui parle d'un vieux souvenir, voilà. Ca peut paraître chiant, ça ne l'est pas puisque cette lenteur, souhaitée, en devient surprenante, rafraîchissante. En ressort son besoin, à cet homme, de raconter ce souvenir, ce questionnement quant à la réception de son histoire par cette femme - elle s'en cogne ? n'est-ce qu'un monologue ?- mais nullement d'aparté. Ca coule tout seul, depuis le plan précédent jusqu'au suivant.    

La fin présente une belle option toute simple à laquelle les cinéphiles ne sont pas habitués, à savoir une sorte de happy end qui relèverait presque du twist dans le genre. L'on peut y voir un conseil avisé aux tueurs dans l'air du temps - les femmes de l'E.I -, jadis de gentilles demoiselles, polluées depuis par un donneur d'ordre malade à qui ses parents l'aurait confié un beau jour pour des raisons... économiques ? "Envoie-les tous bouler et taille ta route !" dit Hou Hsiao-Hsien à chacun d'eux. "Et écoute du bagad breton, c'est trop cool". Ce discours pacifiste fait écho, mine de rien, à celui du Mad Max Fury Road de Georges Miller. HHH approche les 70 ans.

14 septembre 2016
par Arno Ching-wan


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