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L' Elégie de Naniwa

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.25/5

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8 critiques: 3.69/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 4
hkyume 3.5
Illitch Dillinger 4
Miyuki 3.75
Mounir 4
Omerieux 3.5
Pikul 3.25
zybine 3.5


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La condition de la femme

Après une série de Meiji-mono (films d'époque sous l'ère Meiji) reniés par son réalisateur, Mizoguchi se voit finalement l'opportunité offerte de se sortir du genre imposé en collaborant pour la première fois avec le jeune scénariste Yoshikata Yoda. Ce dernier revenait après une longue période de convalescence suite à une terrible maladie et son envie passionnel de se remettre à travailler lui permit de supporter l'exigence légendaire de Mizoguchi. Le point de départ est similaire à celui du film américain réalisé par Joseph Sternberg en 1932, ''Une tragédie américaine" : une employée est obligée d'accepter les avances de son patron; leur liaison aura de terribles conséquences sur leur vie privée et familiale. Mizoguchi en profite pour dresser le fort portrait d'une femme, prête à se sacrifier pour subvenir aux besoins de sa famille (son père à de fortes dettes). La liaison révélée par la femme du chef, l'employée commence une lente déchéance, se voyant refusée par son ami et rejetée par sa famille. Le dernier plan du film est absolument magnifique : elle avance seule, face caméra, au milieu d'une rue déserte de nuit. Mizoguchi explore don pour la première fois (en tout cas, de ce dont on peut juger de la petite trentaine de films encore existants d'une oeuvre qui comprend AU MOINS 80 films) la triste condition de la femme, opprimée par la cruauté des hommes et incapable de s'en sortir dans un rigide système traditionaliste japonais. Forte, elle prendra ses malheurs sur elle, même face à une famille directement liée à ses malheurs (elle n'a accepté de devenir la maîtresse du patron que pour éponger les dettes de son père; puis de s'acquitter des frais de scolarité de son frère). La réalisation oscille encore entre les commandes populaires passées (comique de bouvard dans la première partie; structure classique de l'intrigue; gros inserts pour permettre une meilleure compréhension; amples mouvements de caméra...) et la nouvelle direction prise par le metteur en scène (plans-séquences poussées; géométrie dans la construction de ses cadrages, ...); l'ensemble semble fait dans une certaine fébrilité et pas toujours maîtrisé; son suivant "Sœurs de Gion" sera beaucoup plus posé et réfléchi et plus proche de l'impulsion qu'il donnera à ses futurs chef-d’œuvres. La critique colportée est bien en avance sur son temps et le réalisme social très osé. Le Japon transpirant un patriotisme exacerbé suite à un coup d'Etat fasciste, Mizoguchi sera d'ailleurs convoqué par le Comité de la Censure pour s'expliquer de sa représentation très crue de son sujet. Il finira par avoir le droit de diffuser le film en salles, mais restera profondément marqué par son pénible interrogatoire. La Daichi Eiga traversant déjà ses premiers problèmes financiers, le film sera insuffisamment diffusé et ne connaîtra aucun succès public.

24 juin 2005
par Bastian Meiresonne


Ingratitude des hommes

Comme on ne connaît presque rien de la filmographie qui a précédé, il est difficile de ne pas juger cette Elegie à l'aune de ce qui a suivi - et de conclure qu'il s'agit d'un premier brouillon des oeuvres plus fortes et plus maîtrisées qui vont suivre (l'incroyable Soeurs de Gion par exemple). Donc, Ayako, paisible standardiste, va nouer une liaison intéressée avec son pitoyable patron pour renflouer les finances de son père et payer les études de son frère, perdant par là et son fiancé potentiel et la considération de sa famille non reconnaissante. 
Comme souligné par les commentateurs précédents, c'est une oeuvre un peu bancale, qui souffre d'un scénario un peu trop explicatif et dépourvu de la parfaite concision des Mizoguchi ultérieurs. Au plan formel, pas de doute en revanche, le spectacle est au rendez vous. Quelques plans séquences miraculeux, des jeux assez étonnants sur les 1ers et arrière plans (qu'on ne reverra plus dans les films suivants), un plan final admirable avec un gros plan (incroyable !) de la solitaire Ayako fuiyant l'ingratitude des hommes au terme d'un splendide travelling arrière qui clôt en beauté ce beau film.

13 avril 2009
par zybine


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