La chanson du cœur
Après son détour par le drame romantique "February" (film de chevet de Julien Séveon), le réalisateur thaïlandais Yuthlert SIPPAPAK revient à ses premiers amours, en signant cette comédie totalement débridée. Tel que dans ses premiers, "Pattataya Maniac" part dans des sens, que l'on attend pas forcément et colporte des histoires de petits gens et d'une galerie de personnages hauts en couleur. Là réside d'ailleurs la principale qualité des comédies (réussies) de Sippapak: placer des personnages totalement improbables dans une série d'événements, qui les dépassent totalement. On aura ainsi droit à des apparitions délicieuses de Sakdikul Somlek (M.A.I.D; Bodyguard 2 et à peu près toutes les grosses comédies populaires thaïlandaises à s'être tournées ces dernières années) en caïd handicapé et – surtout – Wongkamlao "Mum" Petchtai, affublé d'une perruque ridicule, comme il n'en portera plus d'aussi belles que dans "Dangerous Flowers"; mais le plus grand mérite de Sippapak aura été "d'inverser" la logique des choses en confiant au comique de télé (excellent caméo dans "Bodyguard 2" et seul intérêt en loup-garou dans "Werewolf in Bangkok") Iamsuk Choosak le rôle du passif copain rondouillard, tandis que le chanteur de country thaï Kemklad Somchai écope du rôle comique après avoir joué les esprits tranquilles dans "Killer Tattoo". Ces rôles de "composition" ne paraissent évidents qu'aux plus habitués du cinéma thaïs, mais confèrent en tout cas le sentiment d'un délicieux décalage à n'importe quel spectateur, tant l'énergie débordante de Choosak crève littéralement l'écran.
Dommage seulement, que toutes ces bonnes intentions et l'apparente bonne humeur n'auront assuré le succès au film. Après un départ en trombe avec l'une des meilleures séquences de karaoké de tout le cinéma thaï, la suite ne tient pas toutes ses promesses et est bien loin de la folie ambiante contenue dans "Killer Tattoo"; pourtant l'intrigue aurait sérieusement nécessité ce même type de grain de folie pour savourer la bonne idée de départ et trop de longues plages dialoguées nuisent au rythme du film, jusque dans son dénouement un brin convenu.
