Arrache larmes
Le cadre, les acteurs, les thèmes, le Tohocolor : on croirait un remake de When a woman ascends the stairs, tourné l'année précédente. Mais Naruse n'a, je crois, jamais été aussi loin dans l'ambition mélodramatique. Masayuki Mori a donc une double vie : d'un côté, une femme bien sous tous rapports et deux magnifiques enfants ; de l'autre, une maîtresse (Hideko takamine, évidemment), hôtesse de bar qui lui a sacrifié sa vie de femme - et même ses enfants puisque ceux du foyer officiel sont les siens. Comme celle When a woman ascends the stairs, l'hôtesse va progressivement prendre conscience de sa servitude qui est à la fois sentimentale (car elle aime son amant) et fianncière (car l'épouse en titre est la propriétaire du bar où elle officie) et envisager les mesures lui permettant de sortir de sa condition. Le règlement de comptes final au sein du ménage à trois est un morceau de bravoure qui arrachera les larmes aux plus insensibles.
Je ne suis pas loin de penser que c'est le meuilleur rôle de Takamine, bouleversante du début à la fin, victime qui peut sortir les griffes, esclave qui a choisi de se battre. J'ai rarement vu actrice aussi bien jouer la déprime, la colère, l'abattement que peuvent nourrir quelques bouteilles de saké de trop.