Alain | 3.75 | |
Ghost Dog | 3.75 | Cruel, authentique et émouvant, voici un très beau film… |
« Lorsqu’on est la mère d’un enfant handicapé, on lui consacre toute sa vie ». Telle est, à peu près en ces mots, l’ouverture de Plus fort que le silence, qui traite d’un sujet à la fois grave et cruel, la vie familiale avec un enfant dit différent. Le personnage interprétée par GONG Li a mis au monde un enfant sourd mais qui, grâce à une prothèse et une intelligence développée, réussit à parler même s’il a des difficultés à articuler correctement. Seul problème : l’intégration parmi les autres enfants ne se fait pas. Tout d’abord à cause de l’éducation nationale chinoise qui le refuse sur les bancs de l’école faute à un examen d’entrée discutable, ensuite parce que les centres d’accueil spécialisés ne sont pas adaptés à son cas, enfin parce qu’il est sujet aux moqueries des autres enfants qui, on le sait, peuvent être d’une méchanceté redoutable entre eux. C’est d’ailleurs à la suite d’une bagarre que le gosse va casser sa prothèse, prothèse SIEMENS valant la bagatelle d’un an de salaire… Pas le choix, il faut bien la remplacer, et c’est ce que sa mère va s’efforcer de faire « au biceps » comme on dit…
A travers une histoire simple, un drame microscopique à l’échelle de la société chinoise mais ô combien essentiel dans la survie de cette famille monoparentale (j’ai oublié de dire que le père a abandonné sa femme et son gosse quand il s’est rendu compte des difficultés qu’impliquerait ce handicap…) et qui nous concerne tous plus ou moins directement, Sun Zhou décrit sans complaisance la vie plus que difficile de cette femme qui se doit de consacrer entièrement sa vie à son fils au point de démissionner de son emploi de contremaître, afin de lui faire découvrir tous les sons du monde et de lui apprendre à parler correctement. Devant tant de générosité et de simplicité, choses qui se perdent un peu de vue dans nos contrées, on ne peut qu’acquiescer…
Mais ce à quoi j’ai été le plus sensible, c’est cette force de narration, ces rebondissements réguliers et cette qualité d’interprétation (Gong Li est totalement convaincante) qui font entrer dans le film avec une facilité déconcertante, qui donnent envie d’apporter tout le soutien possible au combat de cette femme qui pourrait bien être un jour la nôtre, et qui font oublier l’espace d’un court instant que l’on se trouve dans une salle de cinéma. On est projeté dans un autre monde, et c’est bien là tout ce qu’on demande au cinéma.