Chasse à la sorcière
"Red Lantern" est intéressant à plus d'un titre dans la filmographie du futur réalisateur des succès "Getting married" et "Verses of Love": c'est l'un de ses premiers films d'horreur, genre qu'il va aborder à d'autres reprises par le futur comme avec sa version de "Sundel Bolong" et surtout il y inclut des éléments scénaristiques un brin plus poussés que dans la plupart des autres productions, éléments politiques qui lui tiennent à cœur et qui renvoient directement aux débuts de sa carrière, quand il réalisait encore des courts-métrages auteurisants et engagés comme "Tlutur" en 1998 et qu'il se destinait à une carrière de réalisateur engagé…Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a dû revoir ses ambitions à la baisse en devenant l'un des metteurs en scène les plus populaires dans les productions foncièrement commerciales…et surtout pensées à un public adolescent…
En fait, Hanung Bramantyo, comme beaucoup d'autres réalisateurs de sa génération (il est né en 1975) a été profondément marqué par la période du "New Order" sous laquelle il a grani, promouvant un nationalisme de manière exacerbé et – surtout – ayant fait la chasse aux communistes avec quelques répressions extrêmement sanglantes, notamment au cours des années 1960s.
Le titre de son film fait donc directement référence à l'un des livres de référence du révolutionnaire Soe Hok Gie (immortalisé par le film de Riri Riza, "Gie"), Di Bawah Lentera Merah, qui revient notamment sur l'avènement du Parti Communiste dans les années 1920s et développe des idées révolutionnaires communistes de l'époque. Et c'est également du côté de ces événements, que la solution de la mystérieuse entité est à chercher dans ce "Red Lantern", qui traite – une fois n'est pas coutume – d'un spectre qui ne trouve pas de repos après des graves injustices faites à son égard.
Malheureusement les meilleures intentions du monde ne donnent pas forcément les meilleurs résultats et de l'aveu même de Bramantyo, "Red Lantern" n'est qu'une semi-réussite, comme si le jeune réalisateur avait manqué de courage (et d'expérience) pour aller au bout de ce qu'il avait voulu raconter de réussir à trouver la parfaite alchimie entre film d'auteur et film commercial. C'est donc un énième film de fantômes comme tant d'autres, foncièrement destiné à un public adolescent auquel on assiste avec quelques chiches mises à mort, très, très chastes (en raison de la censure) par rapport à des films du genre d'autres pays asiatiques; mais l'arrière-fond pointe parfois son nez et la réalisation est de toute beauté pour ne pas distinguer le film parmi les nombreuses médiocres tentatives du genre à s'être tournées tout au long de la première décennie des années 2000s (et au-delà) en Indonésie.