Charlton Majin !
Deuxième volet de la saga du géant de pierre, ce Return of Daimajin a la particularité d’avoir été réalisé par Misumi Kenji. Mais autant dissiper tout malentendu : si Misumi réalise effectivement ce second épisode, son travail ne se distingue pas fondamentalement –visuellement et thématiquement- du premier film. Les spécialistes pourront s’amuser a repérer la signature du bonhomme à leur guise, et sûrement qu’ils trouveront matière « à », il n’en reste pas moins que l’idée de formule est celle qui prédomine.
Ceci dit ce Return of Daimajin est tout de même un chouïa au-dessus de son prédécesseur sur le plan visuel, grâce surtout à son climax « biblique » édifiant du point de vue des sfx. Et justement, peut-être faut il voir là l’empreinte de Kuroda Yoshiyuki (responsable des sfx) plutôt que celle de Misumi car comme déjà précisé ce dernier est un des membres d’importances du staff, avec le producteur Nagata Masaichi, le responsable de la musique Ifukube Akira et le scénariste Tetsuro, crédité sur les 3 films. Etant donnée la constance de la bonne tenue visuelle de l’ensemble du « show »... Constance également dans le scénario puisque l’intrigue est une variation de celle de Daimajin. Ici c’est un cruel seigneur lorgnant sur le territoire de son gentil voisin qui finira puni pour ses exactions (dont le manque de respect syndical envers Majin) par qui vous savez. Entre temps les enfants (un prince et une princesse) des gentils seigneurs tentent de résister, avec l’aide de vaillants samouraïs, tout en trouvant le temps de s'aimer... Une intrigue cousue de fils blancs qui nous laisse ainsi toute latitude pour apprécier à sa juste valeur la qualité du travail de studio... en attendant l’arrivée du géant qui pour l’occasion a élu domicile dans une île au beau milieu d’un lac.
Le concept de Majin n’est pas sans évoquer le Golem juif dont il partage certaines caractéristiques. Il y a aussi tout un petit jeu de références bibliques déjà présentes dans le premier épisode (les croix) et encore plus manifestes ici avec un Maijin s’ouvrant les eaux à la manière de Moïse. Une séquence qui évoque immédiatement le souvenir de Charlton Heston dans Les Dix Commandements. Si ce Return of Daimajin ne possède pas le souffle mythique du film de B. DeMille, il n’aurait par contre rien à lui envier sur le plan technique et plastique... à son échelle de production bien entendu. A noter que certains sites de ventes et de critiques confondent Return of Daimajin et Wrath of Daimajin (dernier volet) en raison des multiples titres occidentaux attribués aux différents volets qui se recoupent parfois dans leurs énoncés (Return of the Giant Majin, Return of Maijin, Giant Majin’s Counterattack, Majin Strikes Again...).
Très bon retour
Des efforts ont été fait pour rendre plus attractif ce second opus.
Le rythme est encore une fois très correct grâce à une narration, me semble t-il un peu plus fluide.
Plus émaillé de scènes d'action entre humain, celles ci concerneront également "Maijin" sans qu'il n'intervienne directement ou qu'on le voit...jusqu'au final.
Et quelle dernière partie ! Davantage variée, sensiblement plus destructrice et intense, elle parvient également à être assez touchante lorsque le colosse de pierre doit s'en aller.
L'histoire, franchement banale, bien que partageant un peu trop de similitudes avec le premier chapitre, se laisse agréablement suivre.
La courte durée du film (01h18), le soin apporté à l'ensemble de la direction artistique ainsi qu'à la mise en scène et le casting font de ce "Majin, le retour" une suite (indépendante de son prédécesseur) un keiju eiga plus que recommandable ne se moquant jamais de son publique.
Et quel idée géniale (seulement dicté par des impératifs pratique ?) de laisser les yeux de l'acteur apparent conférant une inquiétante et froide détermination, réellement "palpable" sous ce faciès impassible et impitoyable.
"Majin, Le Retour" est disponible dans un beau coffret dvd/blu ray "Trilogie Majin" chez "Le Chat Qui Fume".
08 septembre 2020
par
A-b-a