Des portraits déchirants pour un Ki-Duk admirable.
Après avoir tourné un formidable poème sur le cycle de la vie, Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps, Kim Ki-Duk s'atèle une nouvelle fois à montrer le vrai visage de la société coréenne en évitant de tomber dans l'hypocrisie la plus totale et de se voiler la face devant les difficultés que rencontre le pays. Dans Samaria, chef d'oeuvre, le cinéaste évoque tout un tas de thèmes plus ou moins tabous, ici montrés sans aucune retenue ni pitié quelconque. La religion (ici le catholicisme), les problèmes familiaux, la prostitution, le suicide, tous ces éléments sont passés au crible sans pour autant prendre parti pour l'un d'entre eux et verser dans la complaisance et la critique facile. Kim Ki-Duk est un grand metteur en scène et sa magie suscite chez le spectateur une certaine curiosité, une certaine attirance pour ses protagonistes abattus et résignés à souffrir pour connaître un plaisir dont ils ne pourront pas jouir. Ici, deux adolescentes aussi belles qu'ignorantes cherchent les ennuis (l'une se prostitue, l'autre organiste les rencontres) pour se faire de l'argent facile et ainsi réaliser leur rêve : voyager. L'argent est donc un prétexte à la jouissance d'un bien, faute de tout autre moyen pour l'acquérir. Dans le fond, Ki-Duk dénonce une société qui ne fait pas d'effort pour avancer ou trouver une stabilité, à l'image de ces deux filles. La facilité.
Touchant et profond, Samaria est une oeuvre extraordinaire de justesse, mêlant à la fois le réel au fictif (sidérante scène de meurtre père/fille), tour à tour éprouvante par ses scènes difficiles (le suicide de Jae-Yeong) et d'autres carrément pathétiques (les gifles de Yeong-Ki sur les "clients") et qui pourtant ne prêtent pas forcément à rire. De plus, chaque scène de rape, chaque étape de la vengeance entraîne une scène d'une gravité inouïe, souvent filmée en hors champs, la suggestion étant l'une des principales qualités de Kim Ki-Duk. Et Samaria ne tombe jamais dans le graveleux ni l'obscène en filmant une mort atroce, tout juste aperçoit-on les dégâts. A l'image de son autre chef d'oeuvre Bad Guy, la jeune Yeo-Jin est face à son destin, face à sa propre souffrance et semble même y prendre goût, le goût de la douleur pour satisfaire et honorer comme il se doit le décès de son amie a qu'il elle vouait un amour presque sexuel. Samaria est l'archétype même du film pessimiste et criant de vérité malgré son climax surréaliste, beau, charmant, cachant au plus profond de lui une terrible douleur qu'il tente de cacher, en vain.
Esthétique : 3.5/5 - Filmé caméra sur épaule, la mise en scène mêle des plans sidérants de beauté (les douches) à d'autres aussi froids que la mort.
Musique : 4/5 - Superbe composition au piano. Une habitude chez le cinéaste.
Interprétation : 4.25/5 - Un trio touchant et sincère. Des émotions primitives mais vraies.
Scénario : 4.25/5 - Belle fable pessimiste et désenchantée d'un père qui tente de redresser la barre.
Du bon et du moins bon
Kim Ki-Duk est indispensable au cinéma coréen au moins pour une chose: il ose aborder des sujets tabous. La qualité principale de son cinéma est de faire passer cela avec un naturel, voire même un naturalisme qui pose simplement le spectateur en face d'une réalité. Avec ce film, Kim Ki-Duk vient à la fois conforter ces impressions et dans une certaine mesure montrer les limites de ce genre. Sur les trois parties constituant le film, les deux premières sont certainement les plus réussies, grace justement à ce regard à la fois posé et poétique qu'il porte sur les événements même les plus noirs. La complicité, même post-mortem des deux amies est l'élément vivifiant qui leur permet de transcender le jugement moral. Le père sera par opposition l'instrument de la morale sociale qui ne pouvant prendre en compte la subtilité des ressentis individuels, va écraser tout sur son passage. C'est justement cette troisième partie qui est la plus délicate dans le film. On voit bien que celui qui est censé protéger celle qu'il aime n'aboutit qu'à la destruction de l'idéal qu'elle s'était construite et par là même nie sa réaltité individuelle. Mais le chemin empruté par Kim Ki-Duk semble alors trop "indulgent" par rapport à la situation. Le détachement qui convenait précédemment pourrait être ici ressenti comme du cynisme et le sujet semble s'étioler à mesure que la fin approche, le final n'étant que la prolongation naturelle et depuis longtemps comprise des choix des personnages. Il n'en reste pas moins que ce film reste un bel exemple de la maîtrise narative de Kim Ki-Duk, mais qui laisse un goût de trop peu.
26 septembre 2005
par
jeffy
un Kim Ki Duk correct mais baclé
Cinéaste détesté par les féministes mais malgré tout figure respectée en Corée pour sa notoriété dans les festivals étrangers, Kim Ki Duk connait depuis peu un petit succès public à domicile. Ce qui n'a pas diminué pourtant son rythme de tournage frénétique impliquant qu'il lui est arrivé de bacler sa copie encore plus qu'ici. Reste que la récente récompense berlinoise de ce Kim Ki Duk plutot baclé et les promesses non tenues par le cinéaste font dire qu'il est peu etre le Tsai Ming Liang coréen. Tsai, moins talentueux qu'HHH ou Yang Dechang, aura en effet introduit la solitude urbaine et un style contemplatif qui firent office ensuite de laisser passer festivalier pour les auteurs asiatiques des années 90. KKD est certes un cinéaste moins talentueux que ses collègues s'étant fait une place sur le soleil des festivals -Lee Chang Dong, Im Kwon Taek, Hong Sang Soo- mais il aura contribué sans calcul et en toute sincérité à mettre en place ce qui devint ensuite la carte de visite festivalière de son cinéma national. Soit un cinéma audacieux dans ses sujets reflet d'une démocratie jeune en pleine effervescence.
Le film n'exploite d'abord pas totalement la dramaturgie en trois actes -mort, vengeance, forme de rédemption entrelacés- qu'induit sa structure tripartite. En effet, s'il y a un fil conducteur de présent dans chacune des parties, ces dernières ont un peu trop tendance à se disperser narrativement, perdant ainsi toute leur tension. Dommage parce que quand le film tient son sujet comme par exemple dans son émouvant final on retrouve tout le talent d'un cinéaste qui n'est pas le roi de la provocation gratuite qu'y voient ses détracteurs. Les quelques passages mélodramatiques du film ne fonctionnent en outre pas toujours bien et on retrouve par moments le gout du cinéaste pour les motivations psychologiques opaques. Sauf que si ses acteurs sont toujours talentueux ils ne le sont pas assez pour faire passer la pillule comme dans les meilleurs films du cinéaste. La mise en scène est dans l'ensemble de bonne facture lorsqu'elle s'apaise ou lorsqu'elle intègre bien une influence kitanienne dans la représentation de la violence. Et si lorsqu'elle fait de la caméra à l'épaule légère ou heurtée elle est peu inspirée, le montage est quant à lui sans faille. On ne saurait dire que la musique est irréprochable par contre, pastiche hisaishien à son rare meilleur, digne d'un mauvais téléfilm trop souvent.
Et on ne peut malheureusement pas non plus s'empecher de penser que le thème de la prostitution adolescente fut abordé de façon plus inspirée par Harada dans Bounce Ko Gals. Surtout que le cinéaste a déjà fait mieux...
En 3 temps et 10 thèmes
La Samaritaine est un petit budget, tourné caméra à l’épaule en l’espace de 2 semaines. Ce qu’on apprécie chez KKD, c’est qu’il n’a pas besoin d’énormément d’argent pour mettre au point une œuvre intéressante et atypique, au propos un tant soit peu recherché. D’emblée, la construction narrative surprend. En effet, 3 personnages principaux sont successivement au centre de l’histoire, mais aussi plusieurs thèmes riches viennent successivement s’entrechoquer : tout d’abord, une jeune adolescente au sourire aussi pervers qu’angélique couche avec des hommes mûrs plus pour le plaisir que pour l’argent – les thèmes de la pédophilie, de la prostitution et de la majorité sexuelle prennent ici un visage inattendu. Lorsqu’elle se suicide, c’est au tour de sa meilleure amie à peine plus âgée d’être l’héroïne, et les thèmes de la morale et de la rédemption (d’elle-même comme des clients de son amie) font leur apparition. Enfin, lorsque le père apprend l’activité principale de sa fille les jours d’école, il entreprend un processus de vengeance d’autant plus douloureux qu’il est un fervent catholique et qu’il n’arrive pas à pardonner aux hommes touchant à sa progéniture…
Malgré une fin qui s’étire un peu trop en longueur, La Samaritaine vaut donc largement le détour, ne serait-ce que pour cette construction du récit, ainsi que pour l’interprétation sans faille des acteurs. Le 10ème film de KKD a beau être un film mineur dans sa filmo, il n’empêche qu’il reste diablement prenant et surprenant : sans doute la marque des grands réalisateurs, que le festival de Berlin a bien jugé en lui attribuant l’Ours d’argent du meilleur metteur en scène.
interessant, mais long
C'est long, c'est vraiment trop long. Pardon ? Ca dure que 1h35 ? Ah bon. Ca m'a paru tellement plus long. Pourtant bonne condition : sièges larges, CID de Deauville, position confortable ; de quoi rester des heures ; mais pas là. Pas pour ce film. Donc comme je le dis, ce film use de longueur pas vraiment agréables, surtout que le film est relativement dramatique donc j'ai pas personnellement envie de passer mon temps à voir des scènes tragiques ; par ailleurs, et dans un soucis de parité, je vais quand même donner l'avis d'un ami sur la question qui à trouvé les longueurs utilisées à bon escient et donc efficaces.
Bref, au delà de ces touches plutôt désagréables pour moi se trouve un sujet touchant profondément les vices de la société coréenne, en l'occurrence la prostitution juvénile, phénomène également connu au Japon et plutôt peu flatteur pour les pays concernés. Donc à nouveau un film de Kim Ki-Duk porteur de sens et relevant le défi de montrer à ses compatriotes ce qu'ils veulent ignorer. Le sujet est donc très intéressant, de porter équivalente à son précédent film Bad Guy et nous entraîne dans les coulisses de la Corée du Sud. J'ai par ailleurs été touché par le jeu des deux actrices ; surtout celle qui reste plus longtemps à l'écran ; elle porte le film sur elle et n'a vraiment pas un rôle facile. Chapeau !
Finalement, et malgré le sujet très intéressant culturellement parlant, la mise en scène est longue et ça rend un peu désolant le tableau général, mais je confirme énergiquement la performance de KWAK Ji-Min qui est géniale.
Le sourire, même après la mort
Divisé en trois parties, Samaria de Kim Ki-duk dresse le portrait de deux meilleures amies, Yeo-jin et Jae-young, et du père de Yeo-jin. Même si le personnage de Yeo-jin est central il n’en reste pas moins dépendant de sa meilleure amie et de son père, qui sont les éléments nécessaires à son individuation. La première partie du film est focalisée sur la relation des deux amies (lycéennes) dont l’une se prostitue (Jae-young) afin de gagner assez d’argent pour un voyage en Europe. Mais la prostitution de cette dernière semble dépasser le simple cadre de la relation rémunérée ; des liens, aussi éphémères et superficiels soient-ils, se tissent avec chaque client. Ce dépassement du cadre provoque la réaction de son amie, dégoûtée par ces hommes, et dont les liens dépassent l’amitié. Cette première partie est le mélange de sentiments, entre humour, enfantillage, beauté des liens, amour et luxure. Elle est aussi le final qui nous cueille littéralement, Jae-young sautant par la fenêtre d’une chambre d’hôtel pour échapper à la police. La scène ayant été anticipée par une habitude, ce n’est pas la première fois qu’elle va dans un hôtel et que son amie l’attend, et par une rencontre détournant notre regard, Yeo-jin refusant avec mépris les avances d’un homme, nous sommes d’autant plus surpris et transits. Le tout étant subjugué par le sourire si attendrissant de Jae-young, qu’elle ne perdra pas, même après sa mort. Avant de décéder à l’hôpital, Jae-young émet la dernière volonté de revoir un de ses clients, un musicien à qui elle s’était attachée. Ce dernier ne viendra qu’après avoir eu un rapport sexuel avec Yeo-jin, rapport qui est le premier, et qui est une abnégation totale envers son amie. Ce sacrifice nous montre le visage futile et méprisé du musicien mais il est également le point de départ de la seconde partie : Samaria. Cette partie se subdivise en deux, la première engendrant et entretenant la deuxième tout en étant la suite du film. Yeo-jin, pourtant écoeurée par l’activité de Jae-young, se prostitue à son tour. Son père, policier, jusque là peu présent, finit par découvrir la relation de sa fille sans que celle-ci ne s’en aperçoive. Ceci marque le début d’une montée en puissance de la haine du père envers les clients de sa fille, haine qui à son paroxysme conduit au meurtre, intense et étonnant, de l’un d’entre eux. Mais la haine du père est parallèle à l’aventure sexuelle de la fille qui révèle des scènes criantes de vérité, comment oublier cet homme face à un miroir qui après avoir « sauter » une fille qui pourrait être la sienne, appelle justement sa fille ?
Samaria est moins un film sur la prostitution taboue en Corée, qu’une aventure humaine et une réflexion abordant de nombreux thèmes ; aucun rapport sexuel n’est montré, mais le rapport à la sexualité. Il ne faut cependant pas le réduire à ce seul rapport, il est aussi un film dépassant le cadre de la psychologie simple, esquissant des portrait attachants, pourtant considérés comme immoraux, et complexes, sans perdre le spectateur mais en le guidant d’un pas maîtrisé vers la force de sa simplicité émotionnelle.
Le sens métaphorique des gestes anodins jouent aussi le rôle de vecteur simple mais efficace de messages concernant les personnages, Jae-young suçant une glace avant de rejoindre un client ou le père de Yeo-jin pliant et rangeant ses vêtements avec amour après que celle-ci se soit mi à nu sous sa couette. L’une des forces du film est sa capacité à véhiculer une image simple, parfois éculée, et compréhensible, telle le père et la fille assis sur une barque avec un jet d’eau, les deux étant dans le même plan plongé mais la fille étant face au jet et le père à l’arrière de la barque.
Le comportement paradoxal du père, entre calme tendresse parentale et meurtre acharné, dont le regard porté sur sa fille (au propre comme au figuré) a changé, est la clef de voûte de la tension donnée au film, mais aussi l’élément déclencheur d’un changement de dynamique et d’atmosphère. Cependant les séquences concernant le père sont parfois un peu trop prévisibles, tel le suicide d’un des clients à cause de la honte.
La dernière partie du film, Sonata, est un contre poids à l’intense violence de la deuxième. Elle est le recueil, la vision de la relation de deux êtres apparemment comme tout le monde, mais dont on connaît le parcours, ce qui donne à cette partie la profondeur qu’elle n’aurait pas eu sans les deux premières. Le début de cette troisième partie est quelque peu plombé par une musique un peu trop présente dont on pourrait se passer.
La scène du rêve de Yeo-jin est finalement la mise en image d’une question que l’on se pose : la haine du père va-t-elle se tourner vers sa propre fille ? La réponse sera le réveil : non. Séquence onirique dont l’idée du baladeur est le point de force.
La fin de la dernière partie est aussi l’ultime tentative du père voulant guider sa fille dans la droiture, par le biais de la leçon de conduite au milieu de ces lignes de pierres jaunes représentant le parcours désiré d’un père pour sa fille égarée.
Samaria se clôture par l’arrestation du père et la poursuite de sa fille, zigzagant sur le chemin boueux et détrempé que son père emprunte pour rejoindre son destin.
Le film ne fait pas preuve d’un formalisme traditionnel, ce qui provient du parcours atypique de son réalisateur, il est ce que l’on peut appeler un film touchant et captivant sans pour autant être un chef-d’œuvre. On peut lui reprocher un manque de diversité dans la technique filmique mais cela ne déjoue pas le travail accompli, car Kim ki-duk réussit avec un certain talent à surmonter les problèmes du sujet psychologique et les poncifs de la chute d’un homme, tout en exposant les atouts d’un scénario sortant d’un certain folklore. Kim ki-duk traite le repoussant avec une certaine tendresse, ne penchant jamais dans l’esthétisation de la violence et du vice, mais sachant exprimer la complexité de l’homme.
Humain, trop humain.
De tous les films de Kim Ki Duk jusqu'alors, Samaria en est certainement le plus humain, le plus bavard aussi (sic) ou du moins, pour qui sait l'entendre! D'un point de vue scénaristique, c'est là une très grande réussite, plus riche, plus troublant et moins inutilement répétitif que les précédents. Comme d'habitude, il n'y aura pas de rédemption mais peut-être pour une fois, un effort de compréhension. Et comme toujours, et plus que jamais, chez le Sieur Kim, une approche très personnelle et touchante où le symbolique et le poétique s'insinuent dans la réalité sauvage des pulsions humaines.
Mon premier Kim Ki-Duk
Ce n'est pas un choc émotionnelle mais ça n'empêche que j'ai beaucoup aprécié ce film.
Petit budget certe, mais grand savoir faire de la part de son auteur. Une narration sans faille portant sur un problème social aussi grave que réelle en Corée et au Japon (la prostitution d'adolescente). Le montage et la réalisation sont nickels.
Le film est servis par de très bons acteurs (surtout les 2 jeunes filles).
Et chose apréciable la violence plus suggéré que montré ne tombe jamais dans le voyeurisme. Les scènes de sexe gratuite n'existe pas et les bastonades ensanglanté sont cadré de façon à sentir la violence au lieu de la voir.
La fin est certe un peu longue mais n'est pas moin prenante, car on sent l'atmosphère opressante et on se demande ce que le père de famille va faire.
Parcontre le gros point noire du film c'est le manque d'une B.O consistante.
un film percutant et efficace
J'avais vu ce film au ciné, mais dans de mauvaises conditions, pourtant, il m'avait laissé un bon souvenir.
Sa sortie en DVD zone m'a permis de le revoir et de revoir ma note à la hausse.
Le film touche par son theme principal (enfin, je devrais plutôt dire ses themes), et surtout par les différentes manieres de l'aborder. La force du film vient de sa simplicité alors que le sujet l'est moins, et aussi dans l'interprétation qui est vraiment très bonne.
On peut en effet dire que le film est divisé en trois parties, mais contrairement à Printemps...elles s'enchainent naturellement (les saisons s'enchainent naturellement aussi, mais ici, il n'y a pas de cesure, c'est fluide dans la narration).
Les scènes de violence sont traitées un peu à la Kitano : c'est très crue, et même réaliste, on ne s'attarde pas sur l'action, mais plutot sur la volonté de faire, le but, et le résultat. Ces quelques scènes, essentielles pour mieux comprendre les personnages, permettent au film d'avoir un rythme varié, qui ne traine jamais en longueur.
Automne,Automne...et Automne
Aprés les quatre saisons selon Kim Ki-Duk,voilà une histoire centrée sur la seule saison automnale.
SAMARIA, divisé en trois parties selon la priorité donnée à tel personnage du trio central,reste trés cohérent et linéaire dans sa construction.Un drame, un vrai,qui trouve ses sources dans des sujets actuels comme la prostitution des lycéennes,mais aussi au travers de thèmes plus intemporels comme la rédemption ou la culpabilité,ou tout l'art du réalisateur coréen pour rendre lisible des mélanges à priori peu compatibles.
On savait depuis L'ILE que Kim Ki-Duk savait filmer, confirmation éclatante nous était donnée avec PRINTEMPS,ETE...Mais force est de reconnaître que cette Samaritaine est elle aussi souvent d'une splendeur visuelle totale.Certes, tous ces arbres aux feuillages rougis sont par nature photogéniques,mais le réalisateur les utilise à la perfection,comme il sublime la beauté de ses deux personnages féminins.
Ce film me fait penser (et je ne suis pas le seul)à du Kitano:par son amorce des scènes de violence,par son décalage entre celle-ci et les moments plus apaisés,par des plans d'un Automne rappellant ceux de DOLLS. La scène quasi-finale ou les flics viennent chercher le père fait étrangement penser à l'arrivée des lieutenants de l'inspecteur Nishi dans HANA-BI.S'il est vrai que la musique évoque aussi parfois celle de Joe Hisaishi,un MEMORIES OF MURDER le faisait encore plus ouvertement,références flatteuse on le voit.
Reste que ce film sans concession et sinistre (jusqu'à la limite de la complaisance pour ses détracteurs) est parfaitement maitrisé dans sa mise en scène, avec une direction d'acteurs parfaite.Il est aussi peut-être le plus dépressif des films de Kim Ki-Duk, comme DOLLS l'était pour la filmo Kitanienne.Peu d'espoir au bout du compte,même si la jeune fille "s'en sort".La manière d'agir trés rédemptrice du père ,jusqu'à l'extrêmisme, renforce cette vision dramatique des évènements.
Culpabilité,châtiment,rédemption,ces thèmes sont récurrents dans l'univers torturé du réalisateur.S'ils se parent ici des flamboyantes couleurs d'Automne,c'est pour mieux en stigmatiser la noirceur.
Et la magnifique tristesse.
Bon film
Bons acteurs, scénario touchant et poussant à la réflexion.
L'ambiance n'est pas dénuée de charme mais...n'envoute pas le spectateur
Touchant
Un film qui confime que l'univers de Kim Ki Duk me touche vraiment !
Il navigue entre fraicheur et une violence tranchante, toujours selon un dosage qui fonctionne parfaitement. Le rythme est juste. il y a de la profondeur dans les personnages et leurs relations, le récit reste suffisamment ouvert pour tenir le spectateur.
BON
Samaria, le nouveau film Kim Ki-Duk est un grand cru, de plus ce dernier s'améliore de film en film . Sur les 1h35 que dure le film, on passe de la romance au drame puis à une sorte de vendetta . La musique est toujours aussi bonne, mais c'est le casting qui retient l'attention : Lee Eol est impeccable, Kwak Ji-Min et Seo Min-Jeong, dont c'est le premier film à toutes deux, sont excellentes et se dessine pour toutes deux une carrière prometteuse . Seul point négatif, Samaria se termine en queue de poisson . Cependant, c'est un film à voir et à ne pas manquer .
100% Kim Ki Duk
Samaria: film marquant et génial.
On y retrouve tout l'univers et les idées de Kim Ki Duk.
Passage préféré: la fin, quand Yeo-Jin est avec son père dans les montagnes coréennes.
Quelle claque ! Très fort !!!
Encore un très bon film de Kim Ki-Duk :)
Le film est sectionné en trois parties : Vasumitra, Samaria et Sonata.
Je ne peux en dire plus pour ne rien vous gacher du scénario, mais ce n'est pas la première fois que Kim Ki-Duk emploi ce procédé de narration (Printemps, Eté, Automne, Hiver,... et Printemps), l'histoire se déroule donc selon trois angles de vue différents, tout d'abord une vision par la copine, la fille, puis par l'oeil du père. C'est très beau, très triste, et pourtant si brut à l'écran (pas de mise en scène superflue par exemple) !
C'est au détour de la prostitution, la violence, la morale subjective qui dérange, le mal-être moderne, le silence de la nature, que Kim Ki-Duk parvient à nous restituer un très grand film qui reprend les marques de ces aînés (Bad Guy, L'Île...).
Les acteurs principaux sont vraiment excellents.
LEE Eol avait déjà montré tout son savoir-faire dans Addicted et H.
KWAK Ji-Min quant à elle fait ses débuts dans le cinéma (très prometteurs).
SEO Min-Jeong est aussi très douée et très juene, elle fait aussi ses premières armes.
Pour ma part, je suis conquis, j'ai retrouvé encore une fois une oeuvre du très grand réalisateur qu'est pour moi Kim Ki-Duk, un artiste qui ne cesse de m'émouvoir et de me donner un plein plaisir devant ses films !!!
Drame moderne et banale en trois actes
A "La Samaritaine" on trouve de tout. On y trouve même du Bronson façon "Death wish" (Un justicier dans la ville) recyclé dans les méandres des représentations pseudo primitives pulsionnels et psychanalytiques des personnages du demi-bon réalisateur Kim ki-Duk. Et puis quoi d'autre ? Une société pourrie bien entendu ; du désir contrarié, de la morale frustré, des sentiments déchirés, du sexe triste et parfois joyeux, mais jamais vraiment, car la chair on sait ce qu'elle vaut ici ; du sang, de la violence et des larmes parce qu'on est plus maître de soi ; des putes de dix sept ans et des pères incestueux qui rêve de baiser leurs filles parce qu'ils ne savent pas vraiment pourquoi ; une mère absente plus une fille paumée, notre samaritaine ; une lycéenne qui aime donner du plaisir aux hommes sans y voir le moindre mal, une sainte ? non, notre samaritaine encore ; une relation saphiste dans des bains publics avortée : une histoire de lesbienne ? non, notre samaritaine toujours ; un manque d'amour partout ; du désarroi et du désespoir tout le temps ; des références et autre paraboles mystiques inspirés des voyages en europe du réalisateur : clin d'oeil au festivalier en passant avec effet chic du type cultivé pendant qu'on y est ; un cinéaste qui se recycle sans doute ; du cinéma coréen qui fait penser à un autre cinéma coréen ; un drame en trois actes parce que ça fait plus classe et vaguement sérieux ; un regard qui se moque un peu de nous, qui observe ses personnages sans partage, avec la distance froide du légiste ; et finalement un film qui veut trop croire dans son petit système, son petit dispositif qui lui permettrait de justifier pleinement ce qu'il nous montre alors qu'au fond il ne dit pas grand chose, et surtout se révèle assez peu capable de montrer ce qu'il désir ; incapable de s'attaquer frontalement à ce grand trouble des corps adolescents, cette spirale de volupté interdite où s'enchaîne les frustrations aux désirs comme autant de serpents de mers de notre modernité. "La Samaritaine" est un film qui reste à faire, pour nous mettre mal à l'aise, nous faire bander bizarre, confronter nos paradoxes, bouleverser notre morale, faire chanceler nos convictions, nous faire revoir le monde derrière le prisme des conventions et des discours. Sans avoir à nous faire croire que le cinéma, c'est un truc ou un bidule d'artiste avant tout.
L'énorme clauqe provoquée par une samaritaine !
Kim ki-duk reste définitivement un réalisateur à suivre.
A peine son "Spring...Summer, etc" achevé, qu'il enchaîne par une petite production sans grands sous, tourné - selon lui - en moins de dix jours. S'il a tenu les délais, il a dû tourner 24 heures sur 24, tant le film est riche en différents lieux et en péripeties !!!
Quel bonheur également de voir, à quel point il prend de la maturité; aussi bien au niveau de la réalisation, parfaitement maîtrisé, qu'au niveau de l'exploitation de ses sujets. Sans trahir ses thèmes de prédilection (et désormais attentes des spectateurs), ses sujets évoqués sont toujours teintés d'une gravité et d'un pessimisme d'une rare puissance émotionelle, mais ne sont plus desservis par de la violence et de la provocation gratuite.
Pour preuve, la fin de ce film, semblant comme un clin d'oeil lancé à son propre cinéma, comme à celui des autres (rappellant énormement le surestimé "Sympathy for M. Vengeance", desservi justement par l'immaturité de son réalisateur, dont faisait également preuve Kim ki-duk jusqu'à peu), avant d'enchâiner par la véritable séquence finale - magnifique et bien plus juste par rapport à l'histoire précédant le faît. Une séquence à la limite de l'onirisme et rappellant un autre grand réalisateur, Takeshi Kitano.
LE film du festival de Deauville, qui aura touché le plus grand nombre de spectateurs en laissant la salle perplexe, hagarde à la sorite de la projection.