Ghost catchers
Il y a eu le renouveau du film indonésien à la fin des années 1990, qui s'est rapidement dynamisé du renouveau du film d'horreur, spécialité indonésienne au cours des années 1970, puis 1980. Et puis il y a eu, "JElangkung", une toute petite production horrifique, tournée caméra à l'épaule et en numérique et qui a prouvé aux producteurs très opportuns de l'industrie cinématographique indonésienne, que l'on pouvait faire du film d'horreur à moindre frais…C'était une sort de coup fatal à la production horrifique et donnait en même temps le champ libre à une génération de nouveaux réalisateurs, qui pouvaient se faire leurs premières dents avec des productions très peu chères…Malheureusement, le talent n'a pas été bien souvent au rendez-vous…
"Keramat" semblait l'une de ces nombreuses productions à se noyer dans la masse. Cette historie d'une équipe de réalisateurs de making-of, censés suivre une équipe de tournage de films d'horreur ne semblait pas avoir grand attrait…Et la société de distribution Star Vision n'avait pas été très emballé…jusqu'a voir les premières images et acheter le concept sur le champ.
Bien leur en prit,car cette petite production leur aura rapporté gros en s'imposant comme l'un des meilleurs succès du box-office de l'année grâce à un formidable bouche-à-oreille.
Ce succès aura pu laisser pantois, jusqu'à ce que le récent succès de "Paranormal Activity" confirme, qu'il y a toujours un attrait pour des bouts de pelloches torchés, du moment qu'il y a un buzz l'entourant et un concept, qui sait tirer de son format.
Dans le cas de "Keramat", c'est avant tout l'expectative d'un tournage dans plusieurs lieux dits "hantés", qui ont aiguisé la curiosité des spectateurs…Puis les premiers retours sur le Net, dont notamment le témoignage de plusieurs acteurs et techniciens ayant participé au projet, qui ont été le témoin d'événements surnaturels. Des bandes numériques, qui ont mystérieusement disparus / ont été effacés sans raison valable. Des photos prises, qui laissent transparaître des visages (dans une cascade d'eau) ou d'étranges lumières bleutées (au cours de l'interprétation d'une chanson sacrée)…Un technicien, qui se fracture une jambe après avoir été poussé par "une main invisible"; des acteurs en dépression depuis la fin du tournage.
C'est que Monty Tiwa, réalisateur par ailleurs de grosses comédies populaires, a décidé de pousser le concept jusqu'au bout, en demandant aux acteurs de s'appeler de leur vrai prénom tout au long du tournage pour permettre une meilleur e identification entre eux et par rapport aux spectateurs; en leur demandant de se couper de tout accès Internet, portable, etc, le temps du tournage…et en ne leur indiquant ce qu'ils avaient à joué qu'un quart d'heure avant le début des prises de vue…Ce qui donne très certainement un cachet d'authentique fraîcheur, même si plusierus scènes semblent inutiles et / ou en grande partie improvisées.
L'autre argument de poids à l'encontre du film (en-dehors d'une caméra à l'épaule extrêmement mobile, qui filerait la gerbe aux plus endurcis des fans de "Dancer in the dark"), c'est la surmultiplication d'effets et de scènes pour faire peur; depuis l'apparition du premier homme à la descente de l'avion, depuis les voix mystérieuses la nuit de l'arrive, en passant par la possession de l'actrice, la scène de shamanisme jusque toute la partie dans "l'entre-deux-mondes"'…sans doute celle, qui s'éloignerait le plus de la réalité des choses, malgré une extraordinaire scène d'apparition d'un "Pocong", véritablement effrayante. Rien que pour ça, le film vaut le coup d'œil…sur grand écran et dans le noir absolu.
Sinon, le dénouement est fort sympathique, en dressant un lien direct avec une Indonésie menacée par d'incessants tremblements de terre (plus de 30 au seuls cours des mois de septembre et octobre 2009), malheureusement pas mieux exploité que cela au final.
