Ambitieux dans la mise en scène d'un sujet plutôt banal
Pas vraiment original de voir un film parler d'un homme ayant une relation extra-conjugale qui finit évidemment par troubler sa vie de famille. En outre le film raconte une histoire policière en parallèle qui vient recroiser le sujet principal du film sur certains points ; mais le film est loin de se transformer en polar et reste dans le cadre des relations hommes/femmes si complexes. Quelque part cela change des mélodrames d'ados habituels pour passer enfin dans un monde plus adulte ; ce qui entre nous ne change pas grand chose au sujet, a part que l'on voit aisément que les conséquences en sont bien plus lourdes. L'avantage de ce film est de développer l'univers du personnage principal dans des détails assez poussés, ce qui permet de se sentir moins arnaqué quand on voit comment la chute est nase, ce qui est le gros défaut du film ; et comme on sait, un fin fouareuse, ca a tendance a gâcher même de bons films (qui a dit "Collateral" ?).
Comme je n'ai pas envie de gâcher le plaisir de voire une mauvaise fin, je vais parler de ce qui est bien dans le film ; donc comme dit précédemment, le développement va loin et reste très clair ; d'un coté le personnage enquête sur un meurtre en interrogeant la femme sur ses activités extra-conjugale, et de l'autre il poursuit sa relation avec une chanteuse de piano-bar qui est en même temps la meilleure amie de sa femme ; le problème est que la maîtresse tombe enceinte et qu'elle en a assez d'être la deuxième. Au final le film prend une tournure psychologique assez bien menée et la scène dans la voiture est tout simplement géniale ; vraiment prenante et triste a la fois, elle a également l'avantage de proclamer encore une fois le talent dramatique exceptionnel de Lee Eun-Ju, déjà excellente dans Lover's Concerto ; dommage que ce soit cette scène qui serve a lâcher la révélation finale psychologiquement et scénaristiquement inutile a mon goût ; on dirait qu'elle n'a été ajoutée au scénario que pour essayer de mettre sur le cul le spectateur, alors que celui ci est déjà déposé par la profondeur psychologique de la scène en elle même.
En gros, excellent film dramatique qui développe une tension psychologique évoluant crescendo tout au long du film, admirablement menée par le réalisateur et sublimement interprétée par les acteur, mais qui malheureusement se termine sur une chute franchement inutile qui aurait gagné a être supprimée au montage.
16 février 2005
par
Elise
Il ne manquait pas grand'chose pour faire un grand film
Scarlet Letter est certainement un bon film, mais qui a un défaut majeur, il est trop démonstratif et par instant limite prétentieux. Peut-être la qualité technique et l'application mise aux cadrages, le soin porté aux angles de prise de vue s'imposent-ils trop sans pour autant être mis au service de l'histoire. D'autant plus curieux que le scénario lui-même n'est pas en cause, ménageant bien le mélange des genres entre les histoires sentimentales et l'intrigue policière. C'est d'ailleurs la bonne nouvelle de ce film que d'avoir réussi à associer étroitement les genres et de ne pas traiter les histoires d'amour selon les clichés habituels. Les non-dits et le rapport à la violence contenue dans la relation des couples sont les principaux moteurs de cette histoire, on pourra juste regretter l'aspect un peu trop "démonstratif" du final, non pas par ses images mais dans l'insistance de l'allégorie plus que suggérée. A chacun d'apprécier ce manque de finesse et de subtilité qui ôte au film beaucoup de sa portée même s'il reste intéressant sur bien des points.
27 septembre 2005
par
jeffy
Lettre terne
Plus réussi qu'Interview jusqu'à sa dernière demi-heure, ce second film de Daniel Byun Hyeok ne convainc pas pour autant. Pour tout dire, il s'agit d'un film d'un niveau cinématographique d'ensemble médiocre maintenu à flots par un casting trois étoiles. On avait en effet pu apprécier tout le talent d'Han Seok Kyu chez Lee Chang Dong et celui de Lee Eun Joo et Sung Hyeon Ah chez Hong Sang Soo. De ce point de vue, aucune déception à l'horizon et leur présence leur permet de surnager au milieu de cet océan de platitude. On ne saurait être aussi élogieux concernant le reste. Techniquement au point, le film n'en est pas pour autant vraiment mis en scène. Daniel Byun Hyeok ne fait ici rien de plus que de dérouler de jolis cadrages, des mouvements de caméra pas mauvais mais terriblement anonymes sur des images photographiées de façon léchée. Un peu comme cette version chantée de Only when i sleep des Corrs dans un club chic de Séoul réalisée comme un MTV Unplugged. A l'image d’un script ne s'aventurant presque jamais hors du Séoul chic et branché, la mise en scène de The Scarlet Letter est du années 80 avec 20 ans de retard. Cherchant à courir plusieurs lièvres à la fois, la narration n'aide pas non plus le film à sortir du ventre mou. En tant que thriller, le film se laisse regarder sans être particulièrement captivant. En tant que film de trio amoureux, le scénario ne réussit jamais à trouver d'idées qui rendraient fascinants les rapports entre Ki-hoon, Soo-hyun et Ga-hee. Et l'assemblage des deux récits ne débouche pas sur une structure narrative cohérente. Et il y a surtout cette scène des amants enfermés dans le coffre à la durée étirée de façon très poussive, à la réalisation incapable de créer de la tension. Et dans laquelle les acteurs finissent par faire dans la surdose de pathos. La mécanique trop bien huilée du film se dérègle certes alors mais c'est pour précipiter le film dans le ridicule. D'où au final un film ni aimable ni détestable en forme de coup d'épée dans l'eau.
Ambitieux, complexe... raté
Ce film est fait de drôles de croisements, d'ailleurs l'histoire est en elle-même la réunion de deux trames. Mais au lieu d'être un ensemble fécond et ouvrant sur de multiples pistes, The Scarlet Letter est un imbroglio raté qui cumule les défauts. On arrive toujours pas à cerner Daniel H. Byun, vu tous les genres qu'il essaie d'aborder ici, après un
Interview cliché et maladroit. Une chose est sûre, il a pris du galon : l'image est luxueuse, les acteurs beaux, les décors opulents. Justement, cette impossibilité de sortir le film des lofts, des mercedes (ou l'équivalent coréen), des club de jazz ou galeries d'art au top de la mode Seoulite, cet embourgeoisement, on le croyait réservé aux films français du 16ème arrondissement. Le film n'est pas plus modeste dans sa narration, ampoulée sans être virtuose, mais là on décèle quelques éléments positifs. Une séquence nous réveille à la fin du film : deux amants sont coincés dans le coffre d'une voiture isolée, avec un pistolet chargé, mais comme le coffre est blindé il ne peut leur servir à se dégager. La situation va durer jusqu'à la folie furieuse, jusqu'au bord du ridicule, mais au moins a ce moment le film déraille. Le reste du temps, il semble toujours manquer quelque chose : pas assez de passion, de folie ou d'angoisse, trop de détours, de retournements, d'envie de faire du scandale qui ne nous émeuvent pas. Reste, tout au long, une interprétation savoureuse, notemment de
Lee Eun-Joo et
Sung Hyun-ah, toutes deux révélées par Hong Sang-soo, qui s'amusent ici avec des rôles de composition sophistiqués.
Entre glamour et thriller
Après un magnifique INTERVIEW, Daniel BYUN Hyeok réalise ce long-métrage entre thriller et adultère pour un résultat lui aussi partagé.
Ce qui frappe d’entrée, c’est le soin apporté au décorum : décors nocturnes d’une Corée high-tech, costumes classieux, grosses voitures, soirées chic, les protagonistes évoluent dans un univers cossu et élégant.
Le scénario bénéficie également d’un traitement de choix : trio amoureux tortueux ou les apparences sont trompeuses,psychologie des rôles bien disséquée,enquête policière autour d’une mystérieuse femme tenant un studio de développement de photos, de quoi maintenir l’intérêt jusqu’au bout.
Ce film ambitieux fait d’ailleurs immédiatement songer aux grands thrillers américains des années 90 : un héros à la vie sentimentale complexe et aux fantasmes ouvertement décrits, des personnages féminins évoluant du statut de victime à celui de manipulatrice possible, le syndrome BASIC INSTINCT & consort a frappé aussi en Corée, plus de 10 ans après.
Mais si l’histoire retors est plaisante à suivre, si les acteurs au glamour incontestablement mis en valeur sont à la fois superbes et talentueux, entre un HANK Seok-Kyu impeccable d’aisance et un trio de filles impressionnant, si le tout est un film parfaitement produit, il lui manque quelque chose pour accéder à un niveau supérieur.
L’amalgame entre policier et relations amoureuses est en effet rarement réussie, hésitation entre deux styles qui dégage un sentiment d’inabouti. De plus, l’irruption de la grande scène du coffre ou sont logés les deux amoureux, révélatrice de la réalité de leurs relations, intervient trop abruptement, pour durer aussi un peu trop longtemps, s’étirant jusqu’à la limite du grotesque, même si une telle situation ne peut qu’entraîner ce genre de comportements. Du coup, la conclusion de la partie purement polar parait fade et expédiée, là ou le terme des amours illicites du beau flic est exposé à souhait, exemple de plus d’un déséquilibre quasi-permanent.
Pris tel quel, THE SCARLET LETTER reste certes une bonne tentative de mélange des genres et un film intéressant, mais il laisse malheureusement sur sa faim. Cette histoire au sombre dénouement aurait mérité un traitement plus homogène pour en renforcer l’efficacité. Dommage vu la somme des talents présents.
Je donne une note correcte à ce film qui pourtant m'ennuyait un peu durant les 3 premiers quart (surtout à cause de l'acteur qui m'irritait gravement), mais la longue scène de fin bien tendue rattrape bien le tout. Cette fin offre un peut de tension et un soupçon de scénario à la Park Chan-Wook ce qui n'est pas pour me déplaire.