L'appel de la montagne
Réalisateur misant avant tout sur les sensations, TODA brouille les pistes – surtout pour ceux familier à son univers - de ses autres œuvres. Il démarre son film par les retrouvailles de deux amies apparemment très dissemblables. La suite ne va plus se concentrer que sur la protagoniste principale et ne cesser de surprendre. Sa recherche d'un réputé maître artisan dans la fabrication de masques de bois va l'amener tout droit dans le repaire d'un vieux tueur et de sa femme sénile et handicapée. Et à TODA de réaliser une magnifique course-poursuite à la vie et à la mort dans un sombre immeuble désaffecté, que n'aurait pas renié le réalisateur transalpin Dario Argento. Incroyablement efficace, il s'agit là du noyau autour duquel se construit tout le restant du métrage. Le dénouement est surprenant – il pourrait paraître ridicule pour les uns, mais ne porte pas moins l'indéniable touche surréaliste de son auteur, jusque dans une révélation finale encore plus surprenante qui remet tout en question. N'ayant pas peur d'improviser à même le tournage, TODA a basculé l'entière intrigue après avoir découvert la métempsychose. Doctrine selon laquelle une âme peut animer successivement plusieurs corps humains, il fait voler en éclats la classique histoire de survie de la jeune femme prisonnière du sénile vieillard dérangé et raconte celle de deux fragiles personnes en déroute. Sur le sempiternel schéma d'une rencontre entre deux personnes, il va faire se croiser deux âmes sœurs au cours d'une seule et même intrigue – en laissant planer un large doute en fin du film quant à la réelle interprétation de cet état de fait. Tout simplement brillant, TODA emprunte une nouvelle fois à l'étrange univers d'un Lynch mêlé à la sensibilité d'un KIM ki-duk.
Pour bâtir son propre univers éthéré, il peaufine toujours davantage ses cadrages. La séquence de la tentative de suicide d'une jeune femme dans le lac est d'un incroyable onirisme de toute beauté. La lenteur envoûtante tranche d'autant plus avec la folle course-poursuite dans le musée désaffecté. Dans le rôle du déséquilibré mental, l'acteur fétiche de TODA, Syozi YAMADA étonne une nouvelle fois par sa fragilité trompeuse : quand il s'agit d'abattre ses victimes, il n'y a pas d'autres comme lui. Quittant les tréfonds des sombres forêts pour de vertigineux paysages montagnards, le film de TODA gagne autant en qualité. Un nouvel essai réussi qui ne laisse augurer que du tout bon concernant la suite.
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EIGAGOGO !!!