Eternel retour
Le succés international de RINg aura permis de voir toute une série de productions centrées sur les apparitions et autres fantômes japonais.Ainsi ce film de 1999 réalisé par Shunichi Nagasaki.
Une jeune femme retourne dans son pays natal,ce SHIKOKU qui donne son titre au projet.Désormais en dehors de la petite communauté campagnarde,elle y retrouve pourtant son ami d'enfance et se trouve confrontée aux souvenirs ...et à une revenante qui était justement sa meilleure copine d'enfance.Petit à petit,la belle Hinako va pénétrer au plus profond des coutumes obscures du cru pour mieux comprendre la destinée sinistre de la défunte Sayuri.Aidée par Fumiya,compagnon des deux fillettes d'alors revenu lui aussi au village, elle va devoir affronter tout autant les esprits que ses propres sentiments.
Sujet plutôt classique,et référence évidente au film de Hideo Nakata,SHIKOKU sait cependant s'en détacher et fait preuve d'une belle originalité.Ici,le folklore et les légendes locales sont au coeur du sujet là ou RING n'en utilisait que quelques éléments.Si le personnage de Sayuri emprunte les longs cheveux noirs et la robe virginale à la célèbre Sadako,c'est d'abord une constante esthétique du genre.Surtout,le scénario fait preuve d'une encore plus grande empathie pour l'héroine principale,présentant Sayuri plus comme une victime que comme un monstre terrifiant, poussant beaucoup plus loin le propos des RING.Du coup, ce que l'histoire perd en terreur,malgré tout bien présente,elle y gagne en émotion.
Car ce retour inopiné à la vie met en lumière les rancoeurs nées de l'enfance,les frustrations adolescentes et les désirs inassouvis.Et le film prend petit à petit une tonalité romantique désespérée qui touche au plus profond,alors que se déroule l'intrigue particulièrement prenante.Le couple principal rappelle bien sûr aussi celui de RING,mais les implications de chacun sont bien différentes.
La sobriété de la mise en scène contraste avec la beauté des plans,mettant en valeur une région montagneuse magnifique tout en suggérant l'angoisse et la montée en puissance de l'horreur,les mélancoliques souvenirs de l'enfance laissant la place aux dangers des forces maléfiques. Et l'efficacité du sujet tient beaucoup au choix des comédiens.Yui Natsukawa est parfaite dans la peau de Hinako,tandisque la désormais bien connue (depuis BATTLE ROYALE et KILL BILL) Chiaki Kuryama apporte son physique étrange et envoutantaux traits de Sayuri,mélange de fragilité et de menace faisant naître un malaise diffus mais réel.
Au-delà du genre horrifique,et méritant tellement mieux que l'appelation de simple succédané de la série RINGU,SHIKOKU s'avère être une évocation à la fois inquiétante et bouleversante de l'amour par-delà la mort.Et,surtout,un trés beau film à découvrir.
