La belle et la bête
Neuvième et dernier long-métrage de Norodom avant de se concentrer finalement sur les affaires d'Etat et de finir par s'exiler du Cambodge à l'instauration du règne de terreur khmer. D'ailleurs, le premier coup d'Etat des khmers l'empêcha de terminer la sonorisation parlant, finalisé plus tard en République de la Corée du Nord.
Ce neuvième long-métrage ne se différencie guère de ses précédents films: le scénario est toujours aussi simpliste, le jeu des acteurs (des proches du roi) approximatif et certains plans inutilement longs (le retour du prince au château; la longue procession du Roi). Passé le postulat de la séquestration de la belle Nari, il ne se passe plus grand-chose jusqu'au brusque dénouement à la limite du ridicule; en revanche – et pour ne pas encore en avoir fait mention dans mes précédentes critiques – Norodom épate une nouvelle fois par la beauté de ses compositions de musique khmère traditionnelle; autant l'homme était piètre réalisateur (et homme d'Etat), autant il avait une oreille musicale certaine. Les belles sonorités accompagnent donc cette simpliste tragédie, calquée sur des nombreuses légendes et pièces dramatiques; dommage, que le film ne comporte aucune de ces habituelles séquences de danse. Ce manque est compensé par la beauté d'un magnifique palais khmer et des costumes magnifiques. Une ambitieuse scène de combat en fin de film est malheureusement plombé par le manque total de chorégraphie et les figurants dégainent l'épée en prenant soin de ne surtout pas blesser l'adversaire en face. Quant à la résolution de cette tragique histoire d'amour, il est à se demander, si Norodom était déjà trop préoccupé par la situation catastrophique du Cambodge de l'époque pour n'avoir pu penser à meilleur dénouement…
NB.: Il y a tout de même un brin d'ironie en cette histoire d'amour "polygame", Norodom Sihanouk ayant été réputé pour ses nombreuses affaires et femmes au Palais et son dicton: "La monogamie, c'est de la monotonie"…