Passer sous le train
Pour tous ceux, qui voudraient se mettre au travail de Nayato Fio Nuala (aka Koya Pagayo, Ian Jacobs, Nayato, Ciska Doppert, Pingkan Utari, Chiska Doppert), ce "Virgin's shroud" constitue une excellente mise en jambes. Il y a toutes les qualités et tous les défauts de ce stakhanoviste de la pellicule, qui donne véritablement le ton à l'horreur indonésien en vue de la quantité des films incroyable qu'il met en scène par an.
"Kain Kerafan Perawan" est donc à l'image de tout ce qui se tourne là-bas: on a tout d'abord droit à une petite séquence en flash-back sur fond de générique de ce qui s'est passé. Point de meurtrier identifié dans cette énième histoire du fantôme revanchard d'une jeune femme violée et tuée – elle en veut à tout le monde.
Ensuite on enchaîne avec le tournage du clip vidéo typique de ce qui se produit actuellement dans la scène pop et l'introduction de la ribambelle des personnages; pour la plupart des jeunes premiers, seul importe leur physique avant la qualité de leur interprétation somme toute relative. On a donc quelques beaux éphèbes, mais surtout des filles aux cheveux longs lissés, pourvues d'une belle paire de poitrine, généreusement mise en avant tout au long du film et un maquillage toujours impeccable, peu importe ce qu'elles vont devoir endurer.
L'intrigue, ultra-simpliste, sera mise en place en quelques minutes et voilà notre groupe d'amis en quête du fantôme.
Alors, parfois l'intrigue s'arrête là et le film s'attache pendant près d'une heure à montrer les jeunes en train d'errer dans le noir à la recherche d'une puissance surnaturelle; ici tout est condensé à une séquence d'une dizaine de minutes avant que le fantôme revanchard ne se manifeste. Et là, on a quand même droit à la montée en puissance de la violence graphique des productions d'horreur des deux dernières années avec une jolie séquence d'action et d'exécutions bien comme il faut. L'image (tournage en Canon D5 / D7) est – comme d'habitude – ultra léchée, la mise en scène de Nayato – comme d'habitude – inutilement surdécoupée, à la limite du lisible. Michael Bay, c'est Rohmer à côté…Donc, soit vous accrochez, soit vous lâcherez l'affaire.
Ensuite on tombe dans la partie "résolution du mystère"…ou…non…plutôt dans l'accumulation du séquencier habituel "fais-moi-peur"; c'est une autre pratique du cinéma d'horreur indonésien, où toute intrigue s'arrête pour juste mettre en scène une accumulation de séquences d'apparition du fantôme. L'héroïne va se coucher – PAN – grand bruit et apparition du fantôme. L'héroïne crie un bon coup…ah non, il n'y a plus rien…allez pour me détendre, je vais prendre une douche pour montrer l'esquisse de mes seins – PAN – apparition du fantôme…L'héroïne crie…ah non, il n'y a plus personne, si je me servais un verre de lait dans la cuisine – PAN – apparition du fantôme…L'héroïne crie…ah non, il n'y a plus rien et si j'allais me coucher – PAN – apparition du fantôme…etc…etc…Le tout toujours réalisé exactement de la même manière.
ENSUITE vient donc la résolution de toute l'affaire et là, les filles vont faire appel à un shaman (ce qui n'était plus arrivé depuis une bonne dizaine de films, dis donc). Hop, le vieux monsieur devine le pourquoi du comment et leur dit comment faire…On s'achemine vers la résolution (je vous laisse la surprise, mais je n'ai pas compris, pourquoi l'une des filles ne lance pas simplement le briquet à l'autre pou abréger la séquence, ni de ce qu'il est advenu du policier), tout va bien avant PAN – l'ultime apparition du fantôme, qui n'est pas aussi mort que l'on voudrait bien le croire, à moins qu'il ne s'agisse d'une ultime hallucination et – PAN…générique final !!
Tout cela vous donne envie ? Eh ben, vous verrez un film, qui se place légèrement au-dessus de la moyenne par un rythme légèrement plus soutenu et quelques excentricités (la première apparition du fantôme avec un nouveau-né pendouillant par le cordon ombilical sortant de son bas-ventre; le garçon possédé par le fantôme avec son gros marteau…)…
Si vous n'aimez pas, vous n'aimerez pas les 99,9 % de la production d'horreur indonésienne et pourrez passer à autre chose. Moi, je continuerai de cultiver mon sadomasochisme à tout regarder.