Mineur, vaut pour son duo d'acteurs attrayant.
Basé sur le script original de Shimizu Hiroshi, Va d'un pas léger marque au fer rouge l'influence du cinéma américain chez Ozu. Cela va des affiches de films US parsemant les murs et tapisseries, aux affiches de boxe de célèbres champions d'époque. L'influence se ressent aussi dans le traitement des personnages, grande classe, feutre sur la tête et déhanchement de certains protagonistes façon Chaplin. Tout respire l'occidental jusque dans les costumes, les voitures et l'ambiance générale. Dans cette belle diversité, Ozu était aussi qualifié comme le "moins japonais des cinéastes", critique en soit surtout quand on sait que le cinéma asiatique était justement réputé pour son univers personnel et personnifié, avec une recherche de l'esthétique absolue. Cela n'empêche en tout cas pas Ozu de signer ici une oeuvre sympathique à bien des égards, rappelant notamment un certain Buster Keaton pour son introduction déjantée et effrénée où une troupe de salarymen poursuit un homme accusé de vol de portefeuille.
Va d'un pas léger c'est aussi le repent d'un ancien voyou tombé amoureux d'une dactylo. L'occasion pour Ozu d'y filmer le burlesque et la romance et d'en former un tout. C'est pourquoi son oeuvre distille de savoureux moments romantiques maladroits et d'autres véritablement burlesques, typiques de l'époque notamment lorsque la jeune femme confie à l'ex voyou qu'elle déteste ces gens là et qu'elle apprécie donc beaucoup sa présence (pourtant ce dernier en est un). Le duo Kawasaki/Takada étonne par son naturel et sa facilité à faire rire ou sourire par le biais de mimiques ou du comique de situation. Mais dans l'ensemble, Va d'un pas léger n'est pas particulièrement convainquant, la faute à un scénario guère captivant ou alors tellement rabâché depuis, qu'il ne propose -et logiquement- plus de surprises. La mise en scène est pourtant bonne, avec ses travellings presque abusifs, un comble quand on sait qu'Ozu arrêtera cette technique de mise en scène après Crépuscule à Tokyo, soit pour son dernier film en noir et blanc.