Wonderful Days était plein de promesses excitantes pour le futur de l’animation coréenne ainsi que pour les amateurs d’animation tout courts. Après avoir visionné en long et en large les différentes bandes annonces on osait espérer quelque chose de « gros », surtout pour ce qui était présenté –à juste titre- comme le film d’animation coréen le plus cher (plus de 11 millions de dollars) jamais produit. Et puis le succès critique du primé Mari Iyagi, vainqueur à Annecy il y a deux ans, ne pouvait que conforter une légitime curiosité envers une production coréenne grand public confinée –littéralement- dans les intervalles de l’animation mondiale (la Corée du Sud est le grand sous-traitant de l’animation dans le monde)...
A l’issue d’une production de cinq années menée avec une équipe qui montera jusqu’à plus de 300 personnes, ce blockbuster d’animation SF faisant appel à la 3D, aux miniatures, aux matte paintings et à l’animation 2D (120 000 cellulos) sort enfin sur les écrans coréens en Juillet de cette année... pour être retiré des salles au bout de 15 jours d’exploitation avec un tout petit 1,9 millions de dollars de gains ! On a tout de suite invoqué, pour expliquer cet échec flagrant, les faiblesses –évidentes- d’un scénario charriant trop de clichés pour susciter l’adhésion du grand public, tout en louant le travail technique déployé. On a eu tort, Wonderful Days est loin du dithyrambe de son dossier de presse, y compris sur cet aspect...
A côté des quelques décors en 3D et miniatures plutôt bien travaillés (la plateforme du début, la cité d’Eccoban sous influence Star Wars, le ciel... la moto ?) et pour la plupart déjà vu dans les bandes annonces, l’animation 2D des personnages fait preuve de trop de carences au regard des ambitions du film : c’est pas très fluide et même maladroitement animé parfois, si ce n’est quasiment pas animé comme dans la première scène de foule dans Eccoban. Dans l’ensemble, pour ce qui touche à la 2D, le résultat est donc au mieux moyen ou le plus souvent un peu court. Voilà un gros point noir que même Biactol ne peut pas traiter. Voilà aussi qui met encore plus l’accent sur un scénario sans originalité n’appelant pas vraiment de commentaires (et dont il serait vain d’énumérer les influences visibles) et d’une mise en scène pas très inspirée (trop de motos « à la Top Gun » qui ne font pas avancer le schmilblick entre autres). Pour le plaisir graphique il faut ainsi se concentrer sur les décors qui offrent certes des rendus inédits parfois, mais à l’uniformité un peu trop insistante, même si cette histoire sur fond de futur post apocalyptique peut le justifier (« Y’a plus rien, y fait moche, c’est l’apocalypse du futur »).
Après on pourra toujours être ébloui par le son et lumière digitale d’un climax final sous influence, ça ne fait quand même pas assez pour qualifier Wonderful Days de bon (ce qu'est Spriggan dans le genre blockbuster) ou grand (Akira) film d’animation, juste un film à regarder pour voir ce qu’il y a à y voir... (« Alors, c’est comment ? – « Bwooaaf, ça se regarde... »). En espérant que l’échec du film au box office coréen (dont les droits sont déjà vendus pour la France), compte tenue des espoirs qui l’accompagnaient, ne vienne pas hypothéquer les efforts futurs des coréens dans le domaine...
Petit clin d'oeil aux grands peintres que sont Gustav Klimt et Lichtenstein entres autres. ç'est toujours sympathique. ;)
Même sans avoir une grande expérience en matière de films d'animation, il est facile de recadrer ce Wonderful Days dans l'échiquier mondial. On y retrouve en effet les mêmes qualités et défauts que les grosses productions coréennes. Techniquement, c'est bien fait sans être non plus génialissime ou innovateur, avec une grosse piste son qui déchire tes tympans, scénaristiquement ça emprunte à droite à gauche sans trouver de vraie originalité non plus. Pour un non puriste, l'animation est fort séduisante, mais d'un côté la 3D est en deça d'un Final Fantasy, et de l'autre la 2D n'a rien de transcendante. L'intégration de la dernière dans la première n'est pas non plus révolutionnaire, j'ai toujours été un peu allergique à ce mélange, et ce n'est pas ce film qui me fera changer d'avis.
Quant au scénario, il se révèle être un mélange de pas mal de chosse, ce n'est hélas jamais vraiment passionnant, et sans un final nettement plus réussi, l'ensemble aurait frôler le très commun. Les personnages sonnent un peu trop clichés, et les il y a un peu de trop de coincidences heureuses (les trois amis d'enfance qui se retrouvent face à face à nouveau) pour rendre l'histoire passionnante. Heureusement, la dernière scène contient quelques très beaux passages, même si scénaristiquement cela reste convenu. On profite également de quelques passages en 3D avec un beau rendu, mais qui ont tendance à s'éterniser un peu dans le genre "t'as vu mes gros ordinateurs?". C'est dommage, il y avait sûrement moyen de tirer plus de la base scénaristique au lieu de vouloir faire seulement un beau spectacle visuel.
On ne pourra pas reprocher à Wonderful Days de ne pas être un gros budget coréen typique. Simplement, les blockbusters coréens récents manquent cruellement d'innovation et d'idées. On tient donc ici un film d'animation tout de même assez ambitieux, mais qui ne se montre pas toujours à la hauteur de nos espoirs, sauf peut-être pour la bande son et les 10 dernières minutes.
A en croire le dossier de presse disponible sur le site officiel, Wonderful Days est censé révolutionner l’animation grâce à sa "nouvelle technique inédite" de multimation. Comme Blood en son temps, Wonderful Days est avant tout un nouvel étalage de technologies qui a oublié qu'un bon scénario ça pouvait être un plus. De plus, quand on est voisin du grand maître es animation qu'est le Japon, il est difficile d'éviter l’inévitable comparaison qui sera forcément faite. Alors à la question : La Corée du Sud s’en est-elle bien sortie avec Wonderful Days ? Réponse mitigée tendant plutôt vers le non et cela même après 2 visionnages pour chasser les a-priori négatifs et le parti-pris pour le Japon.
Commençons par le positif qui est bien sur le mélange 2D-3D. Bien que je ne sois pas fan du chara-design de certains personnages, l’intégration de ceux-ci dans les décors 3D donne un mélange de textures particulièrement agréable pour les yeux. La maîtrise de la 3D est d’ailleurs indéniable même si pas si extraordinaire que ça : jolies textures, très jolie salle des cubes, jolis vaisseaux qui volent... C'est dommage que certains passages transpirent tant la prétention. Comme la moto qui roule pendant le générique de début sur fond de paysages brumeux pas toujours intéressants à regarder. On la voit bien la moto ? Sous tous les angles ? On pourrait la recaser plus tard, non ? Sur le trajet inverse peut-être ? On va en mettre plusieurs tiens. Pour rater la moto, il faut vraiment le vouloir. Elle est bien sympa avec son design futuriste mais elle est montrée avec beaucoup trop d’insistance pour que ça soit innocent et surtout au cours de scène qui auraient pu facilement être écourtées. Certains doivent en être très fiers cependant...
Au contraire de la 3D, la 2D est quant à elle assez ratée. Plus on est prés des personnages, moins c'est perceptible, plus on s'en éloigne et plus on se rend compte de la catastrophe. L’animation des personnages est assez inégale tout du long, ça manque de naturel quand ils marchent ou courent, les visages perdent trop en précision avec la distance et certains mouvements sont d'une maladresse désespérante. En fait là où les plans deviennent vraiment beaux à regarder c’est quand ils sont fixes ou qu’une légère brise soulève les cheveux des perso. Il y a vraiment matière à faire de nombreux wallpapers de poseurs (celui devant le vitrail est l’un des meilleurs exemples, d’ailleurs il est disponible sur le site officiel.)
Coté scénario, après le générique et la voix off qui fait le point sur la situation, il ne reste malheureusement plus de quoi casser 3 pattes à un canard. La moto passe, l’héroïne est tiraillée entre 2 prétendants qui, bien sur, ne sont pas du même coté. Les peuples s'affrontent. On comprend rapidement que la fin va s’adresser aux glandes lacrymales mais c’est tellement téléphoné que ça ne marche pas une minute. En dehors d’une scène impliquant Woody (insupportable gamin) et qui prend par surprise, le tout est émotionnellement vide. Cruauté, rédemption, amour, espoir, blablabla... C’est complètement froid et en plus il pleut tout le temps. Au moins en dehors des aires visuelles, on ne se fatigue pas beaucoup le cerveau, c’est l’avantage. En blockbuster, on a vu mieux cependant (pire aussi mais ça s'oublie plus vite.)
Ce qui dessert le plus ce film à mes yeux, c’est tout le battage qu’il y a eu autour en l'annonçant comme la révolution coréenne. Le dossier de presse du site officiel est d'ailleurs bien trop prétentieux. Loin d’être du jamais vu (tout du moins au niveau du rendu mais c'est tout de même ce qui reste le plus "visible"), il suffit de regarder chez les voisins pour voir que ceux-ci font la même chose en mieux puisque l’animation des personnages ne pêche pas, pas plus que le scénario qui est autrement plus travaillé et qu’il ne s’agit pourtant que d’une série TV parmi tant d’autres : Last Exile du Studio Gonzo.
Au final, un scénario plus fouillé avec plus de rebondissements qui ne s'inspirerait pas d'un peu de tout (dans le désordre : Matrix, la Guerre des Etoiles, Terminator 2 et surtout Highlander 2 parmi d'autres qui ont du m'échapper) aurait sans doute été une bien meilleure surprise. Heureusement la bande originale est une vraie réussite et le mieux c'est qu'on peut l'écouter sans avoir à regarder le film. (Remarque : les 5 notes de Smack my Bitch up de Prodigy au milieu est un chose dont le compositeur aurait pu se passer.) Wonderful Days est donc à classer dans la catégorie des films à voir une fois parce que ça se laisse regarder mais pas dans celle de ceux qui resteront dans l'histoire de l'animation.