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Le Rideau de Fusuma
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3.5/5
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1 critiques: 3.5/5
Une réussite du roman porno
Ce Kumashiro qui fut en son temps défendu avec beaucoup de passion par Truffaut confirme le talent du cinéaste pour trousser des roman porno sachant détourner et dépasser le cahier des charges du genre. Il s'agit en effet d'une oeuvre aussi dense que courte comme une série B. Commençons d'abord par évoquer le dispositif du film: il donne d'abord l'impression d'entrecroiser commandements de la parfaite geisha -qui apparaissent à l'écran-, leur application ou pas par la geisha, moments où la geisha s'entraine et commentaires sur les rapports geisha/clients d'un personnage masculin filmé pendant longtemps de très près. Mais Kumashiro scande aussi son récit par des indications sur le contexte historique (guerre russo-japonaise, arrivée progressive de la révolution socialiste en Russie) comme s'il voulait en plus créer un contraste entre le caractère immuable des rapports geishas/clients, de leurs joies et leurs déceptions et le bouillonnement historique du monde extérieur (qu'on retrouve dans les scènes en extérieur où les clients sont en tenue de militaire). Sauf qu'outre de ridiculiser une certaine vanité masculine, les scènes militaires créent une correspondance entre la rigueur de l'entrainement d'une geisha pour son métier et la rigueur des codes militaires. Et que le cinéaste montre en plus la façon dont ce chaos extérieur finit malgré tout par pénétrer en douceur à l'intérieur du bordel et créer des petites déceptions sentimentales entre geishas et clients. Le film dépeint d'ailleurs les désirs masculins de sexualité et l'envie des geishas de rencontrer un homme qui les fera "sortir" de la maison close y compris dans leurs aspects les moins flatteurs et les plus terre à terre. Et au fur et à mesure du film, le dispositif évolue, les écriteaux finissant par servir à faire progresser narrativement le récit ou à représenter les opinions des clients sur les geishas et leurs désirs. Le tout est filmé par Kumashiro avec un regard distant et une vraie rigueur classique dans les mouvements de caméra et le travail sur la cadre ainsi entre autres qu'une belle utilisation de l'obscurité dans les scènes érotiques. Le film est peut etre trop court cahier des charges du genre oblige mais il demeure un témoignage de la façon dont certains auteurs japonais ont pu se réapproprier le roman porno.