Et le western spaghetti s'en inspira.
Un chambara qui établit les codes des futurs western italiens. L'un des films les plus connus de Kurosawa, relu par Sergio Leone quelques années plus tard.
Le chambara spaghetti ?
Avec Yojimbo, le cinéma mondial tournait une grande page de son histoire. Kurosawa s’est servi d’un des genres les plus respectés, le western, pour le faire tendre vers le divertissement pur, ponctué d’éléments comiques imparables et de musiques légères donnant un ton différent à l’action. Avec Yojimbo, Kurosawa et Mifune ont en effet posé les bases du western spaghetti exploité plus tard avec brio par Leone, Eastwood et les italiens.
Le personnage incarné par Mifune est Sanjuro, un samouraï vagabond et affamé qui arrive dans une petite ville en proie à des tensions entre clans. Durant la première heure, Sanjuro va user de ses artifices martiaux, charismatiques et de son intelligence pour faire monter les enchères auprès des 2 chefs ennemis, dont l’ambition est de s’octroyer ses services afin de remporter la victoire. Une attitude bien indigne d’un samouraï au premier abord, et aux antipodes des vertus sacrificielles des 7 Samurais… Mais ne peut-on pas la comprendre lorsqu’on meurt de faim et qu’il y a possibilité de multiplier par 20 la somme d’argent promise ?
La suite des évènements va cependant démontrer que l’âme d’un samouraï refait toujours surface, tôt ou tard. Après avoir observé les 2 camps suffisamment longtemps pour tâter le terrain, il tente une énième roublardise en libérant une prisonnière alors qu’il avait la confiance de son chef. Le geste est noble, mais Sanjuro semble ne s’en rendre compte que lorsqu’il se fait sévèrement tabasser pour avoir commis cette trahison ; il se rend ainsi compte de son rôle de samouraï qui est de protéger les plus faibles sans exiger quoi que ce soit en retour, et change radicalement de comportement en n’obéissant non plus à son ventre, mais à sa conscience « professionnelle ».
Grâce à une mise en scène ample, Kurosawa nous entraîne dans ce huis clos géographique avec un certain plaisir, même si le rythme pâtit parfois de scènes assez répétitives. La performance globale de Mifune balaye heureusement toutes les réticences sur son passage. Un grand film qui manque peut-être de plus d’envergure, mais qu’il est nécessaire d’avoir vu.
Pour une poignée.... je crois qu'on a compris.
Le parfait Kurosawa à la western ou l'inverse puisque les deux s'influencent respectueusement. Toshiro Mifune excellentissime et une pléiade de seconds rôles croustillants viennent compléter l'ambiance et ajouter un certain comique bienvenu. C'est du tout bon, un chambara qui se rit des chambaras plus efficacement que Sanjuro. On connaît l'histoire mais elle fonctionne toujours à merveille et surtout, c'est l'originale. Le souffle de Kurosawa et la musique absolument incontournable emportent le tout. A ne pas manquer comme toute la filmo du maître finalement.
UN CHEF D'OEUVRE....SOUVANT INCOMPRIS
Yojimbo est un authentique chef d'oeuvre et un des films les plus brillants de son auteur.
Mais il est trop souvant incompris.
certaines des critiques postés sur ce site en témoignent:on prend le film pour ce qu'il n'est pas vraiment.Oui,ce film a engendré le western spaguetti.Mais a l'inverse de ce dernier,il n'est aucunement parodique.On a atort prit Yojimbo pour une parodie de chambara.
Kurosawa refuse la parodie.Non,il a laissé a Leone le soin de dynamiter le film de genre par la parodie.Leone est le cinéaste du détournement des gestes,des codes et de la violence.
dans Yojimbo,rien de tout cela;il est plus difficile a apprehender,d'ou peut etre des reactions de deception de la part de personnes qui s'attendent a un détournement des règles du chambara.
Non,Kurosawa les accepte et les transcende.Yojimbo est en quelque sorte,un film "punk"(j'ose le terme)c'est la vision cynique et sans concessions d'un humaniste qui,l'espace d'un film,ne croit plus en l'etre humain(ou ne veut plus y croire).
il prend les principes du chambara et leur crache dessus:les mechants sont vraiment bete et méchant,et le héros est vraiment..."cool".
Onattend une violence catharsique;Kurosawa prend le spectateur a contrepied,comme un iconoclaste irrévérencieux.Ici la violence est dégagée;sitôt amorcée,elle disparait...Kurosawa hait la violence;la refuser dans un chambara,c'est alors comme donner un coup de pied dans les conventions.
on attend du mouvement,on a du dialogue.
Une personne sur ce site a parlé de "mépris";effectivement,mépris il y a.Kurosawa n'accuse pas,mais il jette ses personnages en pature au destin,il ne les aime pas....sauf son héros,qui l'incarnation de la face cachée de son auteur,qui est l'image de sa fascination certaine pour la figure mythique du solitaire individualiste mysterieux et dangereux.Vous me direz,qu'il y a paradoxe ici;effectivement,mais c'est là justement toute la subtilité du film.Ilest a la fine lisière entre le cynisme le plus désabusé,le second degré,mais aussi pointe ci et là des marques d'espoir(la scene où sanjuro sauve le couple)
Kurosawa n'a pas choisi la voie de la facilité.Il n'a pas choisi la voie de la parodie et le détournement des codes(comme a pu le faire Leone avec succès)
Non,lui a choisi de "provoquer" en quelque sorte le chambara.Yojimbo ressemble à du chambara mais le réalisateur n'est pas dupe,il semble nous dire:"pour une fois,laissez moi etre caustique et pessimiste"
J'oserai un parallele avec le cinéma de robert Altman,qui est selon moi,dans la directe descendance de Yoljimbo.
on retrouve le meme esprit et la meme démarche dans un film comme "McCabe&Mrs Miller" par exemple;c'est bien un western,pas une parodie,mais Altman en pervertit les mythes,ce qui donne tout sauf un western "classique".
C'est pareil dans Yojimbo,un chambara subversif,qui joue de ses propres règles et de sa forme meme,règles qui semblent respectéses mais qui sont en fait perverties et magnifiquement vidées de de leur sens.
C'est un film important de Kurosawa,car c'est celui où son humanisme-si touchant au demeurant-baisse sa garde,où le cineaste se fait un peu satiriste.
Il fait un chambara,mais déteste ca;il le pervertit donc par son cynisme
Yojimbo,où le chambara qui discrédite tous les autres chambaras
pile ou face? aucun!...la tranche!
Comment renouveler un genre, ici le chambara...bah une musique jazzy, des tranchages sanglants, de l'humour cynique en veux-tu en voilà et un rythme d'enfer.
Le point de non retour.
Yojimbo est un très bon film. Pourquoi avoir mis 3.5 alors?
Car Yojimbo a ouvert LA brèche dans laquelle s’est engouffré le western spaghetti et qui a conduit à la fin tragique du western.
En effet, en détournant les codes et les valeurs du western classique, les films de Sergio Leone (et de Peckinpah) sont les fossoyeurs de ce genre majeur, si typiquement américain, qui a donné au monde des chefs d’œuvre tels que "La captive aux yeux clairs", "La prisonnière du désert" ou encore "Les affameurs".
Peut-être me direz-vous que le western était déjà en train de mourir (la relève des Ford, Mann, Hawks et cie n’étant pas assurée) et que les coupables précités n’ont fait qu’accélérer sa mise au tombeau. Peut-être que le western était dans une impasse. Toujours est-il qu’à quelques exception près, on n’a plus vu de grands films depuis les années 60 et que bien qu’appréciant «La Horde Sauvage », « Pour une poignée de dollars » et « Yojimbo », je leur en veux un peu pour ça.
Un peu comme la nouvelle vague a sonné la fin du cinéma classique français, le cinéma de papa d’Autant-Lara et Delannoy mais aussi celui de Renoir, Becker, Carné, Clouzot.
Yojimbo c’est toute proportions gardées, la fin d’un âge d’or du cinéma, la perte d’une innocence, le point de non-retour. Certes le cinéma a besoin de se renouveller mais pourquoi cacher ma nostalgie?
Petite déception... Un classique surévalué ?
Après avoir vu "Les Sept Samouraïs" juste avant, j'avoue être tombé de haut avec ce film. Surtout que "Le Garde du Corps" avait été encensé ci et là par beaucoup de critiques, référence et incontournable oeuvre des Kurosawa. Et bien pour ma part, il m'est apparu très creux, pas assez réfléchis, comme j'avais été habitué avec la richesse des personnages et des histoires des autres Kurosawa. Même Mifune je trouve a été beaucoup moins probant et impliqué que dans ses précédantes interprétations...
Bref, sans être mauvais, loin de là, "Le Garde du Corps" est un petit film légèrement dérisoire, qui conviendra pleinement au besoin des yeux, sans pour autant mériter l'apellation de chef d'oeuvre que peut porter sans ambiguïté "Les Sept Samouraïs" par exemple.
Pas mal du tout
Bon divertissement, Bon rythme, bonnes bastons. Toshiro Mifune est excellent, comme d'habitude. Cependant, c'est un peu répétitif et il manque l'étincelle qui pourrait faire de ce film un chef d'oeuvre. Moment sympa: la danse des geishas qui dure quelques secondes (trop court) mais qui donne une bonne respiration.
j'adore ce film!
j'adore ce film.il fait partie de mes films culte.
toshiro mifune est un acteur incroyable et kurosawa l'a bien compris en lui donnant ce role!
bravo mille fois!
Un régal quand on est fan du Leone
Un film qui se savoure presque aussi bien que le mythique
Pour une Poignée de Dollars. L'histoire est donc assez simple et l'intérêt principal du film se trouve quasiment juste dans l'athmosphère japonaise du village (évidemment), avec une réalisation superbe (plans, combats) et notamment une bande son marquante.
07 septembre 2008
par
Hotsu
DEUX MOTS: TRES BON!
Que dire de plus. tout y est. Etant déjà fan du remake mu grand Sergio leone "pour une poignée de dollars" je ne peux que contempler l'original. Une superbe oeuvre cinématographique. A VOIR absolument!
Un film de sabre bien divertissant qui boulverse le genre et plutot riche : combat, moment touchant, ironie...etc...le tout fait avec beaucoup de subtilité !
Je connaissais bien l'adaptation (ou plutot plagiat) de Sergio Leone (que j'adore !!!), mais l'original est plus subtil du début à la fin, et est déjà très bien filmé (j'ai une préférence pour le style de Leone par contre).
Kurosawa s'est d'ailleurs lui même influencé par les westerns, le film étant construit plus comme un western qu'un chambara traditionnel.
Toshiro Mifune est excellent, comme à son habitude, très loin par exemple de son interprétation du Chateau de l'Araignée, ce qui montre l'étendu de son talent (et travail)
Une date dans le cinéma mondial
A la croisée de chemins (entre le chambara classique, le western américain et vers le cinéma italien), Yôjimbo est un film important à plus d'un titre, mais il est sourtout un lieu de rencontre des cinémas, où l'influence réciproque des différentes productions mondiales se rencontrent et se synthétisent. Qu'outre la réussite du film lui-même, le film soit à la source de la nouveauté (le cinéma de Leone bien sur mais on peut aussi penser à l'influence de Kurosawa sur Coppola ou encore Georges Lucas et à l'infleunce du film sur le cinéma japonais lui-même) et l'on voit qu'on est à un noeud où pas mal de choses se rencontrent, se lient avant de repartir dans des sens nouveaux, anciens, anciens et nouveau à la fois.
Après "Les Sept Samourais", Kurosawa réinvente une seconde fois le chambara moderne !
Quelques années après "Les Sept Samourais" et après l’intermède plus commercial de "La Forteresse cachée", Kurosawa revient au film de sabre avec "Yôjimbô". Avec ce film, il crée une nouvelle vision du genre, plus distanciée, plus ironique. Il introduit ainsi, au seuil des années 60, et dans un genre jusqu’ici voué à l’exaltation nationaliste ou à l'épopée romanesque, une utilisation subversive du chambara à l’égard de la société japonaise traditionnelle, ouvrant ainsi la voie à des auteurs comme Okamoto ("Samourai Assassin", "Sword of Doom"), Kobayashi ("Rébellion", "Hara-kiri") ou Gosha ("Goyokin"). On reconnaît d’ailleurs, dans le rôle de Unosuke, le samouraï concurrent du héros, l’acteur Tatsuya Nakadai, futur (et étonnant) interprète de "Sword of Doom" et de "Goyokin". L’action de "Yôjimbô" est intelligemment accompagnée et soutenue par une subtile partition musicale due à Masaru Satô et qui présente déjà des accents très "morriconiens", repris dans le remake fondateur du western italien, "Pour une poignée de dollars" de Sergio Leone.
Pour une poignée de Ryô
On a souvent reproché à
Yojimbo et sa pseudo-séquelle
Sanjuro une certaine artificialité, comme si Kurosawa sacrifiait son précieux humanisme sur l'autel du spectacle. Si cette picaresque histoire de guerre des clans et de ronin qui mène tout le monde en bateau n'a pas la portée des
Sept Samouraïs (sans doute le seul Kurosawa à renfermer autant de sensibilité que de souffle épique), de
Vivre ou de
Barberousse, ni le parfait dosage humour/aventures d'une
Forteresse Cachée, elle n'en reste pas moins remarquable et passionnante à plus d'un titre. La lente montée en puissance du récit (des scènes d'attente d'une longueur audacieuse qui aboutiront à de grosses fulgurances dans le dernier tiers du film), l'ironie omniprésente, le jeu incroyablement moderne de Mifune, la savante utilisation du scope et la musique de Masaru Sato riche en cuivres et percussions font de
Yojimbo une des innombrables réussites à mettre à l'actif du sensei, outre qu'il préfigure en plusieurs aspects l'esthétique du western comme l'entendait Leone. Un divertissement quatre étoiles.
Très sympathique
Après ce titre enthousiaste et sans aucun rapport avec le film critiqué, passons aux choses sérieuses. La première chose qui frappe dans yojimbo, c'est le soin apporté à la photographie, soignée et exemplaire, et surtout qui n'a pas pris une ride. Après une arrivée de notre Yojimbo très western, tout se passe très vite: exposition de la situation, début de stratégie, et passage à l'acte.
Le plan du héros, s'il n'est pas très ingénieux se révèle efficace (ce film est donc une critique des gens de la campagne qui sont des ploucs) avec ces petits chefs minables. Une chose est sure, Kurosawa aime tourner en ridicule les figures qui inspiraient la crainte et l'obeissance. Un peu à la manière de Rashomon lors de la seconde version de l'affrontement entre le bandit et le mari, les deux clans se font face, tremblant sur place, plus préparés à partir en courant qu'à attaquer, et apeurés par le moindre bruit. Après ce constat de départ, le héros n'a plus qu'à s'amuser, à passer d'un camp à l'autre pour finalement débarasser la ville de toute sa vermine (le problème étant qu'une fois la vermine eliminée, il ne reste plus grand monde).
La réalisation de Kurosawa est fluide, avec des travellings inspirés, un travail sur les regards (au travers d'une fenêtre, au coin d'un couloir...) et des combats réalistes et puissants, le sabre de Mifune s'avérant particulièrement bien manié. Ce dernier campe un yojimbo décontracté et rusé, parfois ambigu. Un très bon divertissement, qui passe trop vite et qui n'a pas pris une ride! A voir!
une déception
Les deux films formant le dyptique "Sanjuro" sont à mon avis les plus faibles de Kurosawa, les plus creux, et même s'il faut saluer en eux l'invention d'un genre (rien moins que le western italien et son incroyable postérité), d'accord, mais...
De ce Yojimbo précisément, je ne parlerai que de Mifune tellement il illustre la démarche de son réalisateur fétiche. Toujours très bon, jusqu'à la caricature, il fait ici le minimum syndical en roue libre et, surtout, perpetue la contestable série des "héros" chez Kurosawa, qui culminera dans Barberousse, où un jeune homme, un groupe d'hommes, une ville (... un pays?), s'incline devant la toute puissance d'un être d'exception. Si c'est ça l'humanisme...
Conséquence : pas de mise en scène, mais des
idées de mise en scène. Pas de personnages , mais des etc... tout cela menant à un schématisme certain, et finalement à un certain académisme.
Je vais trop loin, sans doute.
Mais je crois qu'en dehors de toute tentative de critique, le juge est le sentiment : et mon sentiment est que, en dehors des quelques "audaces" formelles qui malheureusement ne sont que ça, Kurosawa n'est pas là, qu'il s'est absenté pendant deux films pour mieux se préparer aux suivants, autrement plus risqués, que sont Entre le Ciel et L'Enfer et Dodeskaden.