| Arno Ching-wan | 3.5 | Sin City |
| Elise | 2.75 | Formatage réussi... |
Blood Rain suit le schéma classique du village au passé inavouable enterré et joyeusement déterré à cause d'un fantôme revanchard.
La BO est plus inspirée pour les scènes de suspens qu’elle ne l’est pour le mélo, ce dernier usant des violons et du p’tit solo de clarinette habituels, une formule répétée qui, à force de recyclage, décrédibilise l’ensemble de la production coréenne et réduit notre implication dans des évènements "standards" se répétant dangereusement. Une nouvelle fois nous avons droit à l'infinie tristesse du bad guy via flash back en noir et blanc qui va pas bien nous expliquant le "pourquoi du comment qu'on s'en fiche pas mal à force". Il est en effet difficile de ne pas penser à Oldboy pour son final et sa clarinette, à Deux Soeurs pour son final et ses violons, et même à The Legend of the Evil Lake pour, euh… son lake.
Pourtant, malgré une narration pas toujours maîtrisée et une terreur moyennement au rendez-vous, les aspects généreux du film parviennent à dominer ces tares. On s’éclate devant des excès gores bienvenus, des meurtres sadiques et ingénieux qui donnent envie d’applaudir le fantôme à chacun de ses exploits. Pour exemple, il est difficile de rester de marbre en voyant un type qui, après s'être pris une flèche dans le dos, regarde bêtement la pointe dépasser de son ventre avant de se faire tirer violemment en arrière par une corde quii l'emmène se fracasser la tête contre une pierre !! On appréciera également les quelques incursions du film dans le fantastique, sans être dupes pour autant devant ces solutions de facilité comblant sans vraiment le faire les trous du scénario. Mais bon... la photo est chiadée, les costumes classes et les femmes très belles.
Les villageois, eux, sont tous sans exception des ordures potentielles, des moins que rien, chacun essayant d'être plus efficace que l'autre dans le registre de la médiocrité. A ce titre, le final est très explicite, clos par une phrase en guise de morale glauque nous rappelant un peu celle du déjà très pessimiste Dogville de l’ami Lars, une ultime touche de noirceur à un très honnête divertissement populaire pas vraiment pour toute la famille.
Tentative de remettre un vieux genre au goût du jour ; l'enquête policière sur fond de dynastie Chosun n'a pas été souvent mise en scène ces derniers temps, ceci sans doute expliqué par une lassitude au niveau de ce genre qui finalement a du mal à transporter le spectateur, ayant été sur-utilisé dans les décennies précédentes. Comme l'avait rapporté Lee Doo-Yong au festival de Vesoul, le film en costume est difficile à mettre au goût du jour car a été trop tôt coincé dans des codes immuables, qu'il a déjà tenté de casser (avec succès) dans son film Chaumières de mort. Aujourd'hui Kim Dae-Seung se détache complètement de ses prédécesseurs en insérant tout ce qui se fait de plus nouveau en matière de mise en scène, jeu des acteurs et effets spéciaux.
Au niveau de l'histoire, il s'agit d'un officier gouvernemental venant enquêter sur l'incendie d'un navire, puis est entraîné dans une série de meurtre faisant remonter la raison à sept ans auparavant, lorsqu'un officier a été exécuté à tort avec toute sa famille. L'histoire est assez compliquée à suivre, mais rondement menée, et tout le cheminement de l'enquête est bien crédible. L'histoire fait intervenir les croyances shamanistes de l'époque, pour rester logique dans le contexte, mais reste terre-à-terre dans les faits. En outre il est dommage de voir que le réalisateur n'a pas pu se passer des "flash-back" pour expliquer son histoire, ce qui est décevant et gâche le rythme du film. De même l'usage de la technique est parfois peu adéquate ; pourquoi avoir montré la scène d'écartèlement ? Le sujet était assez clair et la petite révélation qu'il fait en même temps devait se révéler de toute façon un peu plus tard. De plus, il est nettement plus angoissant de savoir que toute la famille a été exécutée à la suite que de voir un homme se faire écarteler, ce qui est simplement gore.
On peut aussi noter le final plutôt décevant (SPOILER le film aurait pu s'arrêter sur le lynchage, la suite n'est franchement pas utile FIN SPOILER). L'histoire avait réussi à tenir en haleine jusque là pour rater sa chute, c'est dommage. Néanmoins, les acteurs jouent assez bien, un peu dans le style des acteurs des décennies précédente, avec un petit surjeu forcé, apportant là la seule touche originelle propre à ce genre (sans parler des costumes évidemment).
Finalement c'est agréable de revoir un film en costume après de rares occurrence ces derniers temps. Mais le formatage contemporain a raison du réalisateur qui donne un scénario bien réfléchi mais n'arrivant pas, par son style, à transporter autant que les vieux films sur le thème.
La dernière occurence célèbre de film en costume remonte à 2003 avec Untold Scandal, qui était l'adapation des Liaisons Dangereuses la cour de Chosun
